Quarante quatre ans après son mythique concert de 1979, Machiavel a fait voler majestueusement son Phoenix dans les murs du Cirque Royal

Pour la cinquième fois de son histoire Machiavel a posé ses valises au Cirque Royal samedi dernier. Un concert très attendu par les fans bruxellois et par le groupe lui même qui s’y produisait pour la première fois avec son nouveau frontman Kevin Cools dans le cadre de son Phoenix Tour. Une soirée qui a tenu toutes ses promesses.

Le Cirque est bien rempli pour accueillir Machiavel, mais avant les retrouvailles avec le band mythique, c’est une jeune femme qui fait son apparition sur scène. Elle s’appelle Lisalou et défend un nouveau genre qu’elle appelle psyche-punk-pop.

Lisalou a imaginé son premier EP seule dans sa chambre où elle a également composé, enregistré et mixé ses premiers morceaux avant de trouver l’appui d’un studio professionnel. Elle nous annonce par ailleurs que son premier album sortira bientôt. Ceci dit, il est assez surprenant de retrouver Lisalou en support act de Machiavel devant un public branché rock-prog qui dans sa grande majorité n’est pas son public cible, et qui semblait parfois interloqué par la musique que propose cette jeune artiste bondissante, visiblement impressionnée, mais très heureuse de se retrouver là.

C’est un peu comme si vous faisiez jouer Clara Luciani avant Metallica !  Un choix éclectique étonnant de la part de l’organisation, que de nous proposer cette jeune artiste – qui ne m’a pas déplu –  mais qui au vu des différentes réactions post concert a manifestement divisé les spectateurs. Elle a néanmoins été reçue par le public avec beaucoup de bienveillance et a délivré une prestation louable pleine de fraîcheur et d’enthousiasme. Une artiste à suivre…

Mais venons-en à Machiavel.

Après l’émouvante tournée « The Early Years Tour » de 2019,  en hommage à Mario Guccio qui nous a quittés en janvier 2018, Marc Ysaye, Roland De Greef, Hervé Borbé et Christophe Pons ont décidé de composer de nouveaux titres. Mais il fallait trouver un nouveau frontman, et assurer la succession d’un vocaliste comme Mario n’est pas chose facile. Rapidement le groupe a pensé à Kevin Cools, chanteur du groupe Feel, dont la voix et la personnalité avaient déjà séduits Mario qui le considérait un peu comme son « fils spirituel ». Très vite, Kevin a été adopté par tous, tant il se fondait avec bonheur dans l’esprit véhiculé par Machiavel depuis des décennies

« Phoenix », le dernier album en date est le témoignage de l’arrivée de Kevin, et de la bonne santé d’un groupe qui nous propose un disque varié et soigné composé de onze titres originaux, acoustiques et électriques, aux mélodies fortes et aux arrangements subtils. Un opus plus rock, qui ne demandait qu’à être interprété sur scène, là où devant un public, la vérité éclate !

En 1979 Machiavel donnait au Cirque Royal un concert mémorable en y faisant rentrer 2.500 spectateurs alors que la salle ne peut normalement en contenir que 1.800.
Surfant sur le succès de son album Mechanical Moonbeams, le band était alors au faîte de sa popularité et détient (à ma connaissance) depuis ce 24 février 1979 le record du nombre maximum de rappels obtenus dans une salle belge. En effet ce soir là le public rappela le groupe sept fois !
Lorsque je repense à ce concert mythique auquel j’ai eu la chance d’assister, je me dis que le band a depuis traversé le temps avec une belle inspiration, tout en gardant une popularité constante auprès d’un public fidèle.

Quarante quatre ans plus tard Machiavel est toujours là et nous propose sans doute aujourd’hui son line up le plus rock. Il est clair que l’arrivée de Kevin (31 ans) a redynamisé le groupe, et lui a redonné une nouvelle jeunesse. Ceux là sont heureux de jouer ensemble et les sourires qui fleurissent sur les visages tout au long du show en disent long. Et puis Kevin est non seulement un vocaliste aux infinies possibilités vocales ( il peut chanter du prog comme du metal, ou tout autre style) mais il est aussi guitariste et harmoniciste ce qui est un réel plus pour l’évolution future du groupe.

Question setlist , la plupart des titres de l’album Phoenix ont été interprétés et passent avec brio l’épreuve du live. Mention particulière à Magical Mess, déjà un classique, et à Off Lust & Crime .

Très vite dans le set arrive Over The Hill, repris en choeur par la foule. Parmi les titres joués ce soir là on peut citer  She’s a Snake, Wisdom, Down On My Knees, Rollin’ Machine tiré de l’album solo de Marc dont la version live à plusieurs guitares et à deux voix avec Kevin s’en trouve sublimée, un Rope Dancer magnifique dédié à Mario dont l’esprit devait planer sur Le Cirque, un très beau The Fifth Season, une version d’After The Crop qui m’émeut à chaque fois, et un Fly fédérateur qui a soulevé Le Cirque avec la participation surprise de Thierry Plas, toujours aussi brillant et incisif, qui réapparaîtra sur scène au rappel.

On peut juste regretter un manque de participation du public, plus à l’écoute que participatif, tout au long du set.

Il a fallu attendre cette version superbe d’After The Crop pour voir Le Cirque se lever comme un seul homme pour ne plus se rasseoir jusqu’au terme des rappels. Deux rappels emballants avec The Rumour où la voix de Kevin fait encore des malheurs comme dans Six Feet Under qui sonne presque comme un titre metal.

Et puis il y a cette version de Lay Down, dantesque, où les guitares s’entrecroisent avec fureur avant un final explosif acclamé par la foule.

Une chose est certaine, le rendez vous bruxellois entre le groupe et ses admirateurs a eu lieu de bien belle manière, et les absents n’ont plus qu’à se mordre les doigts. Il leur reste encore quelques dates disponibles à Liège (7/04) , Bomal (28/04), Gembloux (22/04) et Tournai (28/07) en guise de séances de rattrapage.

Merci Kevin, Marc, Roland, Hervé, Christophe et Thierry, une fois de plus vous avez porté bien haut l’étendard du rock belge de qualité.

Depuis plus de quatre décennies le public porte votre musique dans son coeur, et cette belle histoire d’amour n’est pas prête de s’arrêter…

Jean-Pierre Vanderlinden / Photos Hugues Timmermans

Un commentaire

  1. Bonjour,
    D’accord avec vous à 100%. Pour Lisalou, pareil, une voix magnifique, mais ce n’était pas un public pour elle. Malgré tout, elle a assuré et ne s’est pas laissée démonter par un micro récalcitrant. Preuve d’une grande maturité.
    Si elle lit ce commentaire, bravo à toi, faire la première partie d’une bande de dinosaures avec 1800 autre dinosaures devant toi, ce n’est forcément pas gagné.
    Merci Machiavel pour cette soirée magnifique.

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