Empire of Light : absolutely marvelous

C’est encore avec le bruit du vent du large de l’Angleterre des années 1980, du cri des mouettes hurlant leur liberté, des sons nouveaux qui remplissent les oreilles, l’odeur de la fumée de cigarette… et des larmes qui ont inondé mes yeux, que je vous rédige cette chronique. Empire of light est un film pour les amoureux de la vie, pour les amoureux du cinéma, pour les amoureux de cette décennie qui a vu s’installer Thatcher au pouvoir, les Skinheads envahir l’espace public et la résurgence du racisme. C’est une histoire d’amours, de vies, de passions, de futur à construire. C’est absolument magnifique.

Synopsis : Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe…

Empire of light est un bijou, une pépite. Un moment rare dans les sorties cinéma. Un film sur le cinéma, un film sur l’amour, un film sur les gens, un film sur une époque, un film sur les fragilités et les luttes de chacun. C’est absolument magnifique, bouleversant, touchant et juste.

Mais parlons d’abord de la forme. Parce que les sons et les lumières sont particulièrement esthétiques. La mer est filmée avec la puissance pour laquelle on l’adore. Parce que l’Empire, c’est un cinéma en bord de plage, dans le sud de l’Angleterre. Et on y voit et entend les mouettes crier, on y voit les saisons passer et la lumière danser au travers des vitraux du dernier étage abandonné. Tout est beau, tout est à sa juste place. 

Le film est présenté comme une romance mais ce serait lui faire injure que de le réduire à cela. Et pourtant, les histoires d’amour sont bien présentes et tellement joliment racontées. Celle des employés avec leur cinéma, avec les films, avec le lieu qu’ils habitent en journée. Puis, il y a cette rencontre entre Hillary et Stephen. Une rencontre impossible sur papier, une rencontre de deux êtres qu’on n’imagine pas se trouver. Et pourtant, dès les premières secondes, grâce aux acteurs justes et touchants et à la réalisation de Sam Mendes (American Beauty, Skyfall, Les noces rebelles,…) on y est. On avance avec eux dans ces sentiments un peu flous et tellement complexes que ceux d’une relation humaine en train de se créer. C’est bouleversant et les larmes viennent brouiller le regard à plusieurs reprises.

Il y a aussi l’histoire de Stephen (Michael Ward), un jeune black du début des années 80. Avec des rêves d’université contrariés et qui se trouve un petit boulot dans ce cinéma un peu oublié du bord de mer. C’est un jeune homme lumineux bien conscient de son époque en plein changement. Et qui vient remettre des couleurs dans la vie des employés de l’Empire.

Et la vie d’Hillary (époustouflante Olivia Colman) résonne comme un chant qui prendrait du volume au fur et à mesure qu’on s’en rapproche. Comme une petite musique un peu lancinante et intéressante dont on découvre la puissance surprenante. C’est évidemment l’histoire d’une passion mais aussi celle de la bipolarité… Moins connue et prise en charge qu’aujourd’hui. Et elle incarne tellement bien ce qu’est cette maladie. Les phases de tristesse, les phases d’excitation, les émotions qui fonctionnent sur des sinusoïdes d’amplitude exponentielles, le désarroi, l’agressivité, la colère…. Elle est magistrale. Bouleversante de vérités et d’émotions… Elle est passionnante et passionnée. Elle est une femme libre, une grande héroïne cachée par un quotidien trop petit pour elle… Et la scène du château de sable est presque jouissive… À vous de vous y rendre pour la découvrir…

Une pépite… Un film esthétique dans l’image, la lumière et le son. Une histoire touchante magistralement incarnée par des acteurs redoutablement précis et justes…

Un film absolument magnifique sur bien des aspects à découvrir absolument. On comprend difficilement qu’il sorte directement dans les petites salles des complexes de cinéma. Ce devrait être un film pour tous car on en sort meilleur et heureux. Et rien que pour ça, c’est magique.

Empire of Light de Sam Mendes

Casting : Olivia Colman, Michael Ward, Tom Brooke, Tanya Mendes, Hannah Onslow,

Crystal Clarck, Toby Jones et le superbe Colin Firth

2022

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.