Vingt-quatre heures de la vie d’une femme … Quand la passion vous est contée par Stefan Zweig

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme est une petite nouvelle d’une centaine de page qui se lit comme le souvenir de la passion qui dévore Mme C. depuis plus de 40 ans. L’écriture de Stefan Zweig est très descriptive et apporte, par ces détails sans cesse renouvelés, une intensité dans le récit. Les personnages, leurs mains, s’animent sous les yeux du lecteur qui est alors plongé dans une fuite en avant. Il lui est, en effet, impossible de laisser là ce récit… même quelques heures. Il nous fait savoir ce que Mme C… a vécu, il nous faut absolument connaître le destin de cet homme aux mains et au visage passionnés. On veut tout connaître de ces vingt-quatre heures qui vont bouleverser leurs vies… Garantie sans fin « guimauve« , la plume de Stefan Zweig raccroche inévitablement au réel. Et au final, on termine cette nouvelle en se disant qu’il n’aurait pu en être autrement. Une lecture hors du temps pour un écrit qui a 100 ans.

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David Sala : « Pour adapter le Joueur d’échecs, je devais me passer des mots magnifiques et inimitables de Zweig pour raconter par l’image ».

Résumé de l’éditeur : Scandale dans une pension de famille « comme il faut » sur la Côte d’Azur du début du XXe siècle : Mme Henriette, la femme d’un des clients, s’est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n’avait passé là qu’une journée… Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l’aide inattendue d’une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui exprimera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle. Ce récit d’une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs, est une de ses plus incontestables réussites…

Né à Vienne en 1881, fils d’un industriel, Stefan Zweig a pu étudier en toute liberté l’histoire, les belles-lettres et la philosophie. Grand humaniste, ami de Romain Rolland, d’Emile Verhaeren et de Sigmund Freud, il a exercé son talent dans tous les genres (traductions, poèmes, romans, pièces de théâtre) mais a surtout excellé dans l’art de la nouvelle (La Confusion des sentiments, Le joueur d’échecs), l’essai et la biographie (Marie-Antoinette, Fouché, Magellan, ...). Désespéré par la montée du nazisme, il fuit l’Autriche en 1934, se réfugie en Angleterre puis aux Etats-Unis. En 1942, il se suicide avec sa femme à Petrópolis, au Brésil.

Cette nouvelle vous emporte loin, dans une époque où les femmes ne circulent pas seules le soir, où le veuvage se porte plusieurs mois enfermée dans des habits noirs, où être vue en compagnie d’un inconnu est scandaleux et où les voitures à cheval n’ont pas encore été remplacées par les automobiles. Madame C. a 42 ans et elle est sur le point de vivre 24 heures qui vont bouleverser sa vie. C’est le récit d’une passion dans ce qu’elle a de plus universelle. C’est le récit d’une femme que la liberté et les émotions vont réveiller à la vie. C’est une histoire intemporelle.

Mais la femme d’aujourd’hui que je suis reste un peu désappointée de la rapidité avec laquelle l’auteur passe sur quelques heures nocturnes que le lecteur aurait sans doute aimées plus détaillées. Car des descriptions, Stefan Zweig n’en est pas avare… Mais lorsque la porte de la chambre se referme… Madame C. ne se livre guère plus. 

L’essentiel du récit est ailleurs, cela est certain. Mais je ne peux m’empêcher de regretter ce choix de pudeur. Un œil coquin aurait apprécié se glisser par le trou de la serrure…

Pour le reste, c’est magnifique de passion, de sentiments, de bouleversements intérieurs. Mais c’est également magnifique de réalisme. L’auteur se raccroche, avec une furieuse solidité, à ce qu’est la vie… 

Splendide !

Auteur : Stefan Zweig

Traducteur : Alzir Hella

Titre : Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

Editions : Le Livre de Poche

Sorti en 1992

159 pages

Prix : 4€

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