Groupe culte, collectif génial, The Residents ont plus de 50 années d’expérience et plus de 80 albums à leur actif, sans compter des pièces de théâtre, des singles et un court métrage. Bref ces papes de l’experimentalo-underground ne chôment pas et restent toujours aussi énigmatiques sous leurs déguisements et masques de toutes formes et continuent à exceller dans l’innovation et la création.
C’est à L’Orangerie du Botanique que The Residents avaient donné rendez vous à leurs fans venus en nombre car la salle était quasi comble dans l’attente d’un concert dont le déroulement s’annonçait aussi obscur que ses auteurs.
Pas de première partie, on passe directement au choses sérieuse à 20h30 lorsque le band fait son entrée sur scène affublé de costumes confectionnés dans des tissus chamarrés représentant une multitude d’yeux. Impossible de savoir qui se cache derrière les déguisements, seul la dégaine physique, les démarches et les mains donnent des indications sur les âges probables des musiciens.
Le guitariste et le batteur actuels doivent être plus jeune que le chanteur frontman, et surtout que le claviériste qui a du mal à se déplacer lorsqu’il entre et sort de scène. Mais peu importe on a devant nous le collectif d’artistes américain, originaire de San Francisco et c’est ça l’important.
Musicalement c’est inclassable, car le band mélange tous les principaux courants musicaux. Leurs morceaux sont la plupart du temps assez sombres et expérimentaux, et ils retravaillent aussi certains titres à succès de l’histoire de la pop music en les déformant. Durant des décennies ils ont ainsi mélangé la musique électronique, défriché le punk, exploré la musique industrielle et bousculé le rock.
Ce soir c’est à un savant mélange de tout ça qu’on a droit, plus axé sur un rock déconstruit avec un guitariste qui multiplie les interventions inventives et inspirées assez impressionnantes. Le chanteur quant à lui, très théâtral, peut passer d’une voix rocailleuse à la Arno à des accents vocaux plus fluets, agressive, ou même apaisée sur certains titres.
Ce soir le groupe jouera entre autres : »Jambalaya (On the Bayou) » en ouverture du show, » Hello Skinny » , » Cut to the Quick », » Laughing Song », » Bach Is Dead « , » Boxes of Armageddon « , » Cold as a Corpse » , » Would We Be Alive? « , » Constantinople « , » The Monkey Man « , » Kill Him « , » Blue Rosebuds « , » Lizard Lady « , » Dead Weight « , » Hungry Hound « , » Die ! Die ! Die ! « , et » Diskomo » et » Nobody Loves When They Live » en rappel.
Environ nonante minutes de show, et il est amusant de se dire qu’on a assisté à un excellent concert sans savoir qui jouait devant nous.
La seule chose que l’on sait aujourd’hui sur le collectif obscur, c’est qu’en octobre 2017, Hardy Fox, gravement malade, a révélé être le compositeur et producteur principal de The Residents sous le pseudonyme de Charles Bobuck. Il s’est éteint le 30 octobre 2018 d’un cancer du cerveau, et The Residents ont alors confirmé qu’il était bien le co-fondateur et compositeur principal du groupe.
Depuis la légende continue avec toutes ses zones d’ombre, et c’est très bien comme ça.
Jean-Pierre Vanderlinden / Photos énigmatiques par Fabian Braeckman