
On ne l’a pas vue venir, la trentaine d’un des personnages de BD (et d’ailleurs) fétiches de plusieurs générations, maintenant: Titeuf. 30 ans en 2023. De quoi nous filer un coup de vieux, selon la chanson consacrée par Bigflo et Oli avec Julien Doré, qui citent d’ailleurs le petit bonhomme de Zep. L’événement valait bien un livre d’or, retraçant l’impressionnant parcours de cet inénarrable môme, au gré de ses aventures BD et hors-texte, avec une foule de documents.
C'était il y a 30 ans, le premier projet de couverture pour mon premier album 🤯 pic.twitter.com/4OMF0Z3cWI
— Titeuf (@Titeuf) June 28, 2022
Résumé de Glénat pour Titeuf, le Livre d’or : 30 ans, ça se fête ! En janvier 1993 sortait Dieu, le sexe et les bretelles, premier volume des aventures du légendaire personnage à la mèche blonde. Pour l’occasion, Zep et les éditions Glénat célèbrent ce remarquable anniversaire avec un magnifique Livre d’or. C’est le moment de retracer les grandes lignes de l’aventure Titeuf mais aussi de découvrir des dessins jamais publiés ! Aquarelles, croquis, affiches, dessins de couvertures et planches : une multitude d’illustrations choisies et compilées par Zep, qui depuis trois décennies a pris l’habitude d’emmener Titeuf partout avec lui. Car l’illustre personnage a prêté sa voix et imposé son style même là où on ne l’attendait pas ! C’est aussi l’occasion de présenter dans un grand écrin, toute la beauté et l’évolution du dessin si singulier de Zep. Enfant des années 90, Titeuf a conquis le cœur d’un large public qui a lui aussi grandi au rythme de ses gags dans la cour d’école. Invités surprises, anecdotes croustillantes et commentaires de l’auteur : pensé pour les fans, ce Livre d’or nous invite à redécouvrir l’univers du gamin blagueur et turbulent devenu culte. Un hommage en or massif qui ravira tous les amoureux de Titeuf !

Comme cela n’est pas rare, ce petit héros désormais reconnu par tout le monde a été refusé par bien des éditeurs avant de tracer sa voie dans un petit fanzine suisse, et de rentrer par la fenêtre plutôt que par la grande porte de Glénat. Le petit tirage du premier tome, en noir et blanc (vous imaginez, on ne savait pas quel couleur de cheveux, de banane, avait Titeuf!) – aujourd’hui côté entre 300 et 400€ -, a vite laissé la place à un phénomène, lu par des millions de lecteurs. Avec du fun et aussi des leçons de vie et de camaraderie, inattendue. Encore plus quand elle touchait de la mèche les tabous du sexe. Alors que tôt ou tard, les mômes, comme Nadia, Manu, Hugo ou autre Vomito, sont amenés à se saisir du sujet et à ne plus croire à la petite graine semée par papa dans maman.


Cabinet des merveilles et des curiosités, ce livre d’or (et on ne le dit pas pour rire, si ce n’est le dos mauve, toute la couverture a les couleurs du soleil et, en son centre, irradie la silhouette du ketje de Zep) permet de voir l’envers du décor, mais aussi ses à-côtés. Si nous n’étions pas aux premières loges (et c’est vrai qu’il y a eu peu de bonnes fées, mais celles qui étaient là dès le début ont fait des miracles) de la naissance de Titeuf, on assiste avec bonheur à ses premiers cris, ses premiers traits. Car comme Tintin, comme Astérix, Spirou et tant d’autres, s’il n’a pas grandi (encore que, il y eut Bienvenue en adolescence), Titeuf a pris de la bouteille et une forme définitive à force d’aventures et de planches de gag, pouvant aussi parodier ou rendre hommage à bien des univers. Reconnaissable entre tous et pourtant passe-partout, de génération en génération.

C’est toujours émouvant de voir un petit miquet prendre forme, maturité graphique tout en gardant son énergie première et essentielle. Titeuf, partout, tout le temps, inlassablement, sur les carnets de croquis de son papa dans de beaux mariages entre réalisme et cartoon, sur les nombreuses affiches concoctées à ce jour et les mascottes consacrant le cultissime magazine Tchô qui fit école, dans les escapades avec d’autres stars de la réalité ou du papier (Corto Maltese, Monkey D. Luffy, Captain Biceps et autres Hulk, en passant par Tim Burton et Johnny Hallyday). Et ce jusqu’aux incarnations sur petit écran et sur pellicule (forcément, c’est l’occasion de faire le making-of du film sorti en 2011) et en 3D grâce aux figurines Pixi.



Puis, quand on est un héros aussi populaire que Titeuf, on est sollicité pour plein de produits dérivés, dans le pur divertissement comme pour des rôles engagés et sensés. Titeuf vivant le parcours de tous les dangers d’un migrant, ça n’a plus rien de marrant mais c’est tellement saisissant et percutant. Il y a ici des centaines de dessins pour constituer un artbook généreux et partant dans tous les sens, toutes les couleurs, et surtout celle d’une enfance qui se pense tout permis, et tant mieux. D’ailleurs, au rang des amis, voilà que quelques invités le connaissant de près ou de loin, depuis longtemps, évoquent leurs souvenirs : Jean-Jacques Goldman (pour qui Zep illustra tout le livret de son dernier album studio), BigFlo et Oli qui ont grandi avec Titeuf mais aussi Donald Reignoux (l’homme qui, depuis que Titeuf a eu sa série animée, a donné une voix qui nous poursuit à chaque fois qu’on lit une page avec ce héros), Jacques Glénat, l’ami Tébo, Jean-Claude Camano (le gars sans qui cette belle page de la BD n’aurait pas vu le jour), et Jean-Baptiste Richardier (le co-fondateur d’Handicap International, qui s’invita à la cour de récré, en sensibilisation, avec un allié de choc).


Bref, entre images connues dont on ne se lasse pas et pas mal d’inédits, si trente ans est l’âge d’or, il promet de bien belles aventures encore avec ce petit d’homme qui ne pense pas qu’avec son sexe comme d’aucuns pourraient le penser dans une vision réductrice, mais aussi et surtout avec un coeur grand comme ça, qui a conquis plusieurs générations, désormais. Bon anniversaire, gamin!

À lire chez Glénat.
