Boum quand votre coeur fait boum, monté sur ressort, donnant le sourire jusqu’aux lèvres, et avec de l’amour à revendre. Normal c’est la Saint-Valentin à toute heure sur la couverture de ce nouvel album consacré à l’art de Franquin dans ses à-côtés. Le petit personnage est bien de lui, dans son élégance et sa dynamique. Pris de vitesse par les fêtes, c’est par le dessin, encore une fois, que Franquin gâtait ses proches. Des « bons pour… », en espérant pour les proches fêtés qu’ils aient été concrétisés quelques jours après la conception, qui font aujourd’hui le bonheur du grand public.

Résumé des Éditions CFC pour Bon pour… : Quand on est un dessinateur de renom pris par la création et le rythme des publications qui se suivent, le temps manque pour courir les magasins à la recherche d’hypothétiques cadeaux et présents pour ses proches. Franquin avait trouvé la solution. À la fois aisée, pratique et ô combien personnelle, la trace sur le papier de «vœux» et autres « bons pour » est devenue pratique courante dans la famille Franquin. Bouquets croqués, présents dessinés étaient offerts dans l’attente que les cadeaux se matérialisent plus tard… Les dessins que l’on retrouve n’ont jamais eu pour vocation d’être publiés un jour. Conçus et imaginés pour les anniversaires ou les fêtes comme la Saint Valentin, ils ont cette saveur des dessins rares que l’on découvre avec curiosité.
Si quelques-uns avaient déjà été repris dans l’ouvrage mythique de Numa Sadoul, Et Franquin créa la gaffe (livre d’entretiens sommes réédité ces jours-ci aux Éditions Glénat), la grande majorité de ces 68 dessins exfiltrés du cadre familial (avec la collaboration d’Isabelle Franquin mais aussi du fidèle Fred Jannin pour harmoniser tout ça dans ce recueil sympathique) est inédite. Ils parcourent une large période de la vie d’André Franquin, du tout début des années 50 (il se marie en 1950 et crée Champignac, le comte et la ville de Spirou, la même année) à 1992 (cinq ans avant son décès). Tous sont classés chronologiquement, si ce n’est un court chapitre, à la fin, consacré aux menus concoctés par Franquin pour y inscrire, on l’imagine, les bons petits plats mijotés pour les belles réunions de famille.

De nombreux recueils para- ont déjà été consacrés au père de Gaston, Modeste & Ponpon ou encore le Marsupilami, entre de nombreux autres personnages délicieux : les monstres, les signatures, le bestiaire, les doodles, les tronches… Cette fois, au-delà du thème générique des « bons pour… », il y a surtout une somme de bout de papiers, autant de terrains de vagues à côté des planches divinement étudiées, sur lesquels Franquin peut laisser libre cours à son imagination et partir dans toutes les directions en fonction des occasions, des cadeaux matériels (des fleurs de toutes les couleurs, des chaussures de toutes les hauteurs, et parfois érotiques, un bôchôfô, un abonnement d’un à… pour Gaston, le beau-père, ou encore un radio-émetteur) ou immatériels (des excursions à cheval, en pays imaginaires sur des animaux qui le sont tout autant, ou en montgolfières, autour de la Lune). De sa part ou s’associant à l’un ou l’autre membre de son entourage ou au chat, au hamster. Sincérité et convivialité débordantes. Art loin d’être mineur.


Le tout est signé Franquin ou Ramonet, le surnom de Franquin gagné au sein de la bande des quatre de Waterloo – avec Jijé, Morris & Will – qui trouva sa place parmi les surnoms affectueux que se donnaient André et Liliane (alias Ramonette), et son identité poétique et généreuse, explosive, transpire de tous ces crobards, dans les traits mais aussi la manière de fignoler l’écriture, en arc-en-ciel. S’il était pris en défaut en matière de vrais cadeaux (mais ces illustrations n’en sont-elles finalement pas?), on sent toute la passion et tout l’amour mis par Franquin pour échapper aux conventions et aux clichés et vraiment faire parler son art et sa folle et chaleureuse créativité. Bon pour… l’éternité.

À découvrir aux Éditions CFC.
La maison CFC a fait tirer des cartes postales de quelques-uns de ces fabuleux dessins. Dans ses locaux (Place des Martyrs, 14 à Bruxelles), elle accueillera aussi une exposition de tous ces originaux du 12 novembre au 31 décembre, du mardi au samedi de 10h à 18h. Quelques surprises sont aussi annoncées. Vernissage le jeudi 10 novembre de 18 h à 20 h.