S’il y a un seul suspense à lire en ce début d’automne, c’est bien celui-ci. Jacques Saussey nous propose un excellent thriller avec l’Aigle noir. Un roman totalement immersif au coeur d’une île que j’ai eu la chance de traverser et qui révèle un aspect très noir et anxiogène sous les mots de l’auteur. Mais c’est passionnant, c’est absolument addictif. Vous êtes prévenus, si vous ouvrez l’Aigle noir, vous serez totalement absent pour votre entourage pendant toute sa lecture. Car impossible de le reposer. Les chapitres s’enchaînent par-delà les ombres du soir qui s’étirent. Et la nuit bientôt vous enveloppe alors que votre voyage au coeur du cirque de Mafate se poursuit. Prêt pour le voyage ? Allez, c’est parti !
Résumé de l’éditeur : “La réunion, 2020. Un sorcier vaudou tisse sa toile autour de l’obscure église qu’il a fondée loin de son Togo natal. Un homme meurt dans une terrible attaque de requin. Une petite fille se replie sur sa détresse de jour en jour. L’île, malgré ses paysages entre lagons turquoise et montagnes luxuriantes, n’a rien du paradis auquel Paul Kessler s’attendait. Pourtant, cet ex-commandant de la police n’aspirait qu’à un peu de tranquillité jusqu’à sa rencontre, à Toulon, avec Hubert Bourdonnais.
Trois ans plus tôt, ce riche industriel a quitté l’archipel en confient la direction de la vanilleraie familiale à Pierre, son fils unique. mais celui-ci est décédé dans un crash d’hélicoptère. Et si la gendarmerie a conclu à un accident, Hubert Bourdonnais, lui ne croit pas à cette thèse. Face à ses doutes, Kessler a accepté de mener l’enquête, sans imaginer qu’il serait confronté à une réalité bien sombre…”
Si vous n’avez jamais visité cette magnifique île de l’océan indien, la lecture de l’Aigle noir risque de vous convaincre de casser votre tirelire. Et si vous êtes déjà parti à la rencontre des Réunionnais, l’Aigle noir vous rappellera de magnifiques souvenirs. Et pourtant c’est un thriller très noir… Et surtout, l’auteur lui-même confesse n’y avoir jamais mis les pieds. Et pourtant, j’y étais. Les ambiances, les paysages, les villages qui se succèdent, les changement de température lorsqu’on traverse l’île. C’est remarquablement documenté.
Et il y a cette histoire. Je devrais plutôt dire ces histoires. Car deux intrigues déroulent leurs fils et se croisent pour mieux fusionner à leur terme. C’est remarquablement construit. Et la dose de suspense, d’exotisme vaudou, de glauque est particulièrement bien ajustée.
L’ex-commandant Paul Kessler est un homme droit, tenace. Un homme qui inspire confiance, intelligent et perspicace. Cheminer avec lui au travers des chemins qui serpentent dans les cirques, au coeur de l’île sauvage, c’est absolument passionnant. C’est un homme qu’on aimerait croiser sur notre chemin en cas de problème.
Puis, il y a cette maison coloniale du siècle dernier dans laquelle Kessler est hébergé. La végétation qui envahit le jardin, la varangue sur laquelle prendre le frais en fin de journée, son isolement à quelques kilomètre de la ville, son histoire et ce que l’on comprend progressivement qui s’y est déroulé…. Tous les éléments sont présents pour vous faire voyager et vous rendre totalement accro à cette histoire.
Même si les personnages décrits par l’auteur sont très justes et attachants, n’oublions pas que c’est l’île elle-même qui a le premier rôle. C’est elle qui est l’héroïne de ce roman. Elle qui crée le suspense par la configuration de son relief, par l’alternance des climats et des ambiances, par les mystères qu’elle abrite encore.
Un excellent suspense que je vous recommande vivement… Mais libérez votre agenda pour vous y plonger. Les prochaines 24h vont être haletantes.
Titre : L’aigle noir
Editions : Fleuve
Sorti le 6 octobre 2022
528 pages
Prix : 22,90 €