Que ce soit La poupée sanglante ou Dahmer (pour ceux qui aiment jouer à se faire peur), MacGyver (pour les plus bricoleurs) ou bien encore Hélène et les garçons (pour les moins difficiles), chacun d’entre nous possède sa série télé fétiche dont le générique à lui seul fonctionne telle une véritable madeleine de Proust. Parce qu’il sait les téléspectateurs friands de ces programmes courts et souvent addictifs, Philippe Lombard s’est plongé dans les petites histoires de ces séries télévisées que, de nos jours, avec l’arrivée des plateformes, on ne regarde plus, mais on binge-watch. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Philippe Lombard avait de la matière pour écrire son nouveau livre. Imaginez, aux Etats-Unis, toutes chaînes confondues, plus de 500 séries furent diffusées rien qu’en 2021.
Parmi ces séries beaucoup ne seront pas reconduites (Archive81, Turner&Hooch…), d’autres sont là depuis tellement longtemps qu’elles ont probablement dû enterrer plus d’un de leurs fans (Les feux de l’amour, Amour, Gloire et Beauté..).
Par contre, certaines n’auront même pas la chance d’être diffusées et on ne peut que s’en réjouir. Ces séries que l’on surnomme des « busted pilots » sont donc vite écartées car souvent très mauvaises, et cette pratique est loin d’être récente. Retour en arrière. En 1983, appâtée par le succès interplanétaire du film ET, la chaîne ABC se lance dans la production d’une série (Wishman) mettant en vedette non pas un extra-terrestre mais une petite créature aux yeux énormes issue d’un laboratoire top-secret. Dans cette série ô combien surréaliste, on croise également une Linda Hamilton pas encore révélée par La Belle et la Bête et Terminator. Le résultat est plus qu’affligeant et la bande-annonce nous prouve à elle toute seule que n’est pas Spielberg qui veut.
Pour en revenir à Linda Hamilton, nombreuses sont les stars qui ont débutés leurs carrières dans des séries télévisées (George Clooney, Bruce Willis, Jennifer Aniston…) néanmoins il faut bien le reconnaître que le rêve ultime de ces acteurs et actrices est de passer du petit au grand écran, le cinéma étant plus prestigieux à leurs yeux.
Et certains sont capables de tout pour y arriver.
Steve McQueen par exemple. En 1958, il devient une mégastar grâce à la série western Au nom de la loi mais quand, au bout de la deuxième saison, John Sturges lui propose de tourner pour le cinéma dans Les sept mercenaires, McQueen y voit une opportunité qui ne se représentera peut-être plus jamais à lui. Malheureusement sous contrat il ne peut quitter la série, même pas durant les deux mois que durerait le tournage au Mexique. C’est alors que son agent a une idée pour le moins loufoque, il suggère en effet à McQueen d’avoir un accident de voiture. Rien de bien méchant. D’autant plus que l’acteur, fan de bagnoles et qui rêvait de participer aux 24h du Mans, sait comment faire pour éviter de se retrouver entre quatre planches. Il sort d’ailleurs de cet « accident » avec une simple minerve. Comprenant son petit jeu qui ressemble quand même un brin à du chantage, le producteur le laisse tourner son film. McQueen délaissera Josh Randall et sa célèbre winchester quelques mois plus tard pour poursuivre une carrière au cinéma, et quelle carrière!
Il traverse tout l’univers
Aussi vite que la lumière
Qui est-il? D’où vient-il?
Formidable robot
Des temps nouveaux
Qui est-il? Quelle question ! Goldorak bien sûr ! On n’imagine même pas à quel point cette série d’animation a cartonné en France et en Belgique fin des années 70, début des années 80 dans l’émission Récré A2 animée par Dorothée. En fait c’est à Jacques Canestrier que l’on doit son arrivée en Europe. Fort du succès des aventures d’Actarus et de ses amis et désireux aussi de damer le pion au géant Disney, le Français décide de produire un film destiné au cinéma, sauf qu’il y a comme qui dirait tromperie sur la marchandise puisqu’il s’agit en fait non pas d’épisodes inédits que l’on aurait assemblé mais bien de bouts d’épisodes ayant déjà été diffusés à la télévision.
De quoi taper du fulgoro poing sur la table.
Quand on apprend que sa série préférée va bientôt se terminer on navigue entre tristesse et crainte. Tristesse parce qu’il va falloir faire ses adieux à des personnages qui faisaient partie intégrante de la famille depuis parfois un bon bout de temps et crainte de voir la fin du show être complètement bâclée. En effet, toutes les séries ne se terminent pas d’une aussi jolie manière que Six Feet Under (ah cette chanson de Sia). Les Sopranos par exemple. Pendant 6 saisons, les téléspectateurs se sont attachés à ce mafioso interprété avec talent par le regretté James Gandolfini. Pendant 6 saisons, ils l’ont vu commettre les pires atrocités tout en restant à côté de cela un père sensible et protecteur. Une série novatrice, atypique, dont la fin ne pouvait être qu’originale. Originale elle le fût certainement au point d’en décevoir plus d’un. Sans spoiler nous sommes en effet loin d’un final pétaradant. Ce qui n’empêche pas les Sopranos d’être l’une des meilleures séries de ces vingt dernières années.
On l’aura compris, comme ses précédents ouvrages sur le cinéma français et le cinéma américain, le nouveau livre de Philippe Lombard regorge d’anecdotes qui raviront les fans de séries télé. Il est toutefois bon de souligner qu’il s’attarde en particulier sur des séries plutôt anciennes même s’il évoque aussi Game of Thrones ou bien encore Sense8.
Peu importe, sans doute en apprendra-t-on un peu un peu plus sur les tournages de Stranger Things ou de Squid Game dans un prochain opus. C’est tout ce que l’on souhaite.
Titre : ça tourne mal à la télé
Auteur : Philippe Lombard
Genre : Humour
Éditeur : La Tengo éditions
Nbr de pages : 144
Date de sortie : 09/11/2022
Prix : 22€