
Quand est-ce qu’on descend dans la rue? Le discours se fait de plus omniprésent, pressant sur les réseaux. Pas sûr que le Monsieur Léon d’Arnaud Le Gouëfflec et Julien Solé soit sur Facebook, Instagram, TikTok et consorts. Pas sûr même qu’il ait eu le minitel (ah si!). Mais Monsieur Léon a un tourne-disque et dès qu’il le met en marche, c’est communicatif. D’ici et d’ailleurs, Monsieur Léon n’a pas peur de descendre dans la rue, avec sa singularité, son anachronisme, sa lumière.


Résumé de l’éditeur : Ça ne se voit pas forcément tout de suite, mais Monsieur Léon est un héros. Un héros du quotidien. Finement dissimulé derrière l’apparence d’un monsieur Tout-le-monde, il traverse ce monde hostile avec poésie et légèreté, bravant tous les couvre-feux, sur un air de mambo ou de cha-cha-cha. Car Léon a un pouvoir : il est doté d’une imagination sans limites. Et il a un secret : il est amoureux.


C’est un irrésistible petit bonhomme que nous font découvrir Le Gouëfflec et Solé Jr. dans la grisaille quotidienne, encore plus ce soir-là, les premières heures du premier confinement. Comme à un enterrement, tout le monde cherche les mots, maladroitement, pour se souhaiter courage. Sixième case de la première planche, on éteint la noirceur, on allume la lumière, les couleurs, le dancing dans ce petit appartement hétéroclite. C’est Fantasia!
À situation impossible, monde de tous les possibles. C’est résolument avec philosophie et l’euphorie de braver les interdits que les deux auteurs font entrer en scène leur anti-héros, qui pourrait être un cousin éloigné de Gaston Lagaffe, en plus sage mais sachant quand même se mettre dans des situations folles. Il plane tellement qu’il traverse l’air de rien des manifestations, des gilets jaunes et même, imaginez, les heures « no pasaran » du confinement citadin. Mais comme l’amour donne des ailes, Léon devient vite un super-héros.


Dans cette somme d’histoires courtes qui fait une jolie part de destin bien humain mais s’affranchissant des règles et des conventions, Le Gouëfflec et Solé maîtrisent parfaitement leur média pour jouer avec les couleurs, la réalité et la fiction, la morosité et la parfaite euphorie avec un beau personnage, qui sonne vrai dans toutes ses facettes retenues et excentriques. Il y a beaucoup de gris, mais par leur volonté de le mettre K.O., le duo nous file une banane d’enfer. Avec un Léon inspirant, en électron libre qui cache bien son grand jeu.


À lire chez Fluide Glacial.