Aujourd’hui, la machine à rêver nous fait parfois cauchemarder tant tout semble possible pour le pire et le meilleur et tant notre attention est sans cesse attirée, dès qu’un écran est allumé, par des mondes très différents. Mais, en 1991, les moyens de se projeter dans l’imaginaire étaient bien plus ténus: cinéma, télévision, livres, musique… C’est dans ce temps béni où tout était possible et pas encore gangrené par le numérique que Laurent Queyssi et le spectaculaire espagnol Oriol Roig nous attirent pour vivre de folles aventures!

Résumé du tome 1 de Mundus : Le 19 juin 1991, Anaïs, Ben, Matt fêtent la fin de l’année scolaire mais une panne de courant dans la ville permet l’ouverture d’un portail dimensionnelle dans lequel l’équipe s’engouffre. Après avoir découvert une planète de sables à la ressemblance troublante avec celle d’un livre de science-fiction qu’Anaïs a lu quelques mois plus tôt, leur aventure va les amener à rencontrer un petit groupe de cyber terroristes perdu dans notre monde… Que se passe-t-il dans cette ville ? La Mundus corp et leurs installations à la périphérie de la ville y sont-elles pour quelque chose ? Ou bien est-ce quelque chose de plus personnel impliquant Anaïs et son père ? Enfin, comment nous, simple lecteur pourrions avoir une part de responsabilité dans cette étrange aventure ?
Auteur, scénariste, traducteur, Laurent Queyssi est aussi passé spécialiste de deux monstres sacrés d’imagination: Philip K. Dick et d’Alan Moore. Excusez du peu. De quoi en connaître un bout sur les univers variés dont peut accoucher l’esprit humain, crédibilisant tellement ses histoires que beaucoup de personnages de papier, de fiction, ignorent sans doute leur condition d’être irréel. Mais un monde plus loin, et si nos pairs terriens l’étaient aussi ?


C’est le pari, peu à peu échafaudé au fur et à mesure des chapitres, tenu jusqu’ici par les deux auteurs. La science-fiction se mêle à l’aventure, un dysfonctionnement dans une mystérieuse centrale surplombant une petite ville française provoque l’ouverture de portail. En pleine fête de fin d’exams, un trio de jeunes gens n’était pas préparé, et encore moins en tenue, à faire le saut spatio-temporel. Et encore moins à rencontrer les deux agents spéciaux qui le pourchassent.


Laurent Queyssi met tout son amour des récits de genre dépaysants dans ce début de saga qui s’amuse à faire des bonds dans des réalités parallèles, à différentes époques et en des lieux variés. Nous en explorons deux dans cette première compilation. La première, dans une galaxie pas loin de Dune, fait office d’échauffement pour nos héros bien malgré eux. La seconde, balancée dans le Londres victorien de John L’éventreur et tous les autres, c’est le grand bain, le baptême du feu pour les cinq aventuriers et leurs alliés de circonstance (non, non, pas de Sherlock). Le scénariste prend un malin plaisir à réinventer les mythes littéraires quitte à laisser les protagonistes un peu livrés à eux-mêmes, forcés de courir tout en étant dominé par les éléments. Nul doute qu’avec un premier climax en fin de cinquième épisode que les comportements et caractères vont devoir s’affranchir, s’affirmer pour lutter contre le génie du mal en présence.



J’ai découvert ici le talent d’Oriol Roig, qui a la fièvre dans le sang et dans l’encre et anime ces péripéties à vitesse grand V (les visages sont d’ailleurs anguleux pour fendre les décors et les secondes), exacerbant les moments de latence comme de violence. Ça claque mais on est vite au bout. On en redemande.


À lire chez 404 Comics