Il n’y a pas d’âge pour repartir à l’aventure. La preuve, papi Harrison Ford campera pour la cinquième fois Indiana Jones, bientôt sur nos écrans. Il faut dire que les chasses aux trésors ici ou ailleurs, ça entretient, les muscles et l’esprit. Ça nourrit des souvenirs qui vous rattrapent parfois. Comme c’est le cas de Marcel Piton, un vrai nom d’aventurier pour quelqu’un qui s’est assagi avec l’âge mais n’est pas forcément heureux de son oeuvre plus jeune. Serait-il possible de boucler la boucle et de se faire pardonner au royaume du grand singe?

Résumé de l’éditeur : Un papi bagarreur se lance sur les traces d’un vieil ami disparu à l’autre bout du monde. Une aventure haute en couleurs et en rebondissements. Ayant reçu un appel à l’aide de son ami Dev, le plus tout jeune mais encore vert Marcel Piton quitte sans hésiter son Sud-Ouest natal pour Pondipor. Une fois sur place, il va non seulement devoir déjouer les embûches qui entravent ses recherches, mais aussi et surtout affronter de vieux démons profondément enfouis qui vont l’obliger à regarder son passé en face.


Belle découverte du diptyque Perseus, Antoine Ettori continue de nous éblouir dans cet album dont il prend les commandes en solo et dont la couverture, bien troussée, a déjà le don de suspendre le temps et de nous emporter sous d’autres latitudes.

Au carrefour des civilisations et des mondes, des mythologies, entre le présent et le passé, entre le connu et l’inconnu, l’homme et le fauve, la réalité et l’imaginaire, ce surdoué venu de l’animation (Disney, Illumination) nourrit de bons sentiments et de valeurs incorruptibles (allant jusqu’au sacrifice) le sens du spectacle. Ce n’est pas si facile d’amener dans ce genre de récit un équilibre qui confère puissance tant à l’action qu’à l’émotion, en passant de la frivolité au drame, des actes sans conséquences à des situations irréparables, de la fureur d’obéir quand on est jeune à celle de vivre quand on se fait vieux.

Pas évident non plus de nous amener dans la barque, sur le cheval, dans l’avion (tous les moyens sont bons pour poursuivre la quête) de personnages qui se connaissent déjà, ont déjà vécu des choses fortes ensemble avant de se perdre. Et de se retrouver par l’intermédiaire d’une lettre qui a traversé des océans, pris entre un pouvoir écrasant et un contre-pouvoir audacieux. Plus qu’un SMS ou un mail, c’est fort une lettre, le papier, qui donne matière à tout imaginer. Et Antoine Ettori ne se fait pas prier, avec élégance, des couleurs chaudes, beaucoup d’humanité, d’attachement à ces héros de part et d’autre d’un monde en furie, et des shots d’adrénaline. L’osmose est totale, le voyage dépaysant et enrichissant, l’amitié et la filiation garanties au long cours.

À lire chez Delcourt.