
Un Petit Prince et un sosie d’Hagrid venu d’Haïti, patrie du Baron Samedi, ainsi qu’une mère à la tignasse aussi rebelle que son esprit insondable compensant largement sa jambe de bois, voilà le trio que Maby et Valentin Maréchal plantent au milieu des vignobles du Beaujolais, en mai 68. Ça détonne.

Résumé de l’éditeur : Quand la petite histoire s’imprègne de la grande. Mai 68. La Mère, Jean et ses soeurs quittent Paris précipitamment pour le Beaujolais. Gaulliste acharnée, la Mère a des craintes de guerre civile. Jean, lui, est persuadé qu’elle leur cache quelque chose. Faut dire qu’elle est étrange, la Mère, avec sa jambe de bois et ses imprévisibles coups de gueule. Alors qu’Herman, un idéaliste recherché par la police, surgit dans leur vie, s’instaure un jeu de cache-cache qui pourrait bien faire éclater la vérité…
Ça commence à chauffer sur les pavés parisiens (ou ce qu’il en reste), alors la Mère a vite pris la poudre d’escampette, calant sa prothèse sur l’accélérateur (Valentin Maréchal a tout pour affoler les compteurs des Fast & Furious). En route pour le refuge beaujolais, entraînant dans son sillage Jean-Jean (mais, faites-lui plaisir, dites Jean!) et ses soeurs, le vent dans les dents. Qu’il est long ton chemin papa, qu’il est vite ton chemin maman… ouragan! Les bornes sont avalées et voilà la petite famille monoparentale au vert… mais aussi au mystère.

Marie et Béné vaquent vite à leurs occupations mais Jean comprend vite que sa maman, dans les volutes de fumées de ses clopes, guettant des nouvelles de « son » Général, joue un trouble-rôle. Et si elle était espionne. Il se méfie de la Mère, Jean. D’ailleurs quand il tombe nez à nez avec un géant dans la cuisine (le pire des bandits en cavale, vendent les journaux et les langues de vipères du village), il a vite fait de le cacher dans la cave. Un décor semblable à une prison, mais beaucoup mieux quand même, qui scelle la complicité et la compréhension entre les deux, semblant évadés de romans cultes pour la jeunesse. Mais jusqu’à quand cette situation est-elle tenable. D’autant plus que Jean ne lâche rien et entend bien faire la lumière sur sa Mère. L’étau se resserre, mais sur qui? Lui ou elle?

Vrai récit de vacances, celles qui permettent de flâner et d’attirer le regard sur des détails auxquels on ne prêterait pas attention quand on a le pif dans le guidon et les cours, mais aussi récit sur la fuite en avant alors qu’on est scotché au passé, Ce Garçon est une petite perle. Pleine d’action, de faux-semblants et de sentiments, de curiosité salvatrice. Et simple. Pour leur première contribution au Neuvième Art, Maby et Valentin Maréchal laissent là une tonitruante carte de visite, qui ébouriffe, insolemment, avant de nous prendre aux tripes, de manière inattendue. Brut de décoffrage et pourtant il y a un coeur qui bat, de ses peines et ses joies, à l’intérieur. Burlesque, vaudevillesque, très attachant.

Titre : Ce Garçon
Récit complet
Scénario : Maby
Dessin et couleurs : Valentin Maréchal
Genre : Drame, Enquête, Mystère
Éditeur : Jungle
Collection : RamDam
Nbre de pages : 108
Prix : 19€
Date de sortie : le 12/05/2022