Cordeboeuf et Tezwin ont épié des « Super Voisins », et ce n’est pas triste: « Nous adorons l’exagération »

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Ah les voisins, soit ça passe ou ça casse. Dans l’immeuble à appartements où le scénariste Michel Cordeboeuf et le dessinateur Tezwin ont planqué jusqu’à en ramener un album de BD, recueil de gags, il y a une sacrée faune, des hommes, des femmes, un chat concierge et, de temps en temps, le facteur ou la police qui passe. Visite de courtoisie du propriétaire avec les auteurs.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Bonjour à tous les deux. Si je ne m’abuse, vous êtes des nouveaux venus dans le monde de la bande dessinée. Qui êtes-vous ?

Michel Cordeboeuf : Bonjour, je suis auteur interprète et un passionné de bd.

Tezwin: Moi, je suis Vincent Estezet aka Tezwin. Un mélange de mon nom de famille et de mon prénom. Tez pour Estezet et Win pour Vincent. J’ai juste remplacé le «v» par un «w» car je trouvais que le «v» faisait moche pour mon pseudonyme. Je suis auteur de bd et illustrateur, pour ma part. Je ne suis pas vraiment nouveau dans le monde de la bd. Certes, c’est la première fois que je publie en  format papier mais en format numérique, non. (rire).

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Comment êtes-vous arrivés à la BD ? Quels sont vos héros, vos maîtres ?

Michel: J’ai toujours rêvé de faire une bd, c’est quelque chose que j’avais toujours en tête. Alors, j’ai répondu à la demande de mon dessinateur et l’idée m’a beaucoup plu. À la base, je fais des romans et contes pour la littérature jeunesse. J’ai toujours été passionné par la bd. J’aime beaucoup Goscinny et Uderzo, pour faire bref. Mais, je lis beaucoup de bd.

Tezwin : Pour moi, faire de la bd est une évidence. J’ai commencé à faire mes premières bd quand j’avais six ans. À l’époque, mes albums devaient faire quinze pages. Quand j’étais enfant, je recopiais souvent Tébo, Zep et Midam. D’où le fait que mon style se rapproche d’eux.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Quel a été votre parcours avant la sortie de Super Voisins? Michel, ce n’est pas la première fois qu’on vous lit, vous avez une longue bibliographie derrière vous, non ?

Michel: J’ai eu un parcours littéraire et artistique. Je suis aussi animateur d’atelier de théâtre d’improvisation. ce qui m’a beaucoup aidé pour écrire le scénario.

Tezwin: En ce qui me concerne, j’ai commencé en bas de l’échelle. je faisais quelques illustrations pour des copains, je publiais sur les réseaux sociaux et j’ai créé quelques personnages que j’ai mis au placard parce que je ne les trouvais pas bons. Peut-être, un jour, les ressortirais-je en les améliorant?

Michel, écrire pour la BD, c’est différent ?

Michel: Oui, bien-sûr. Pour moi, chaque livre est une nouvelle aventure. La bd, c’est un style différent que je rêvais d’approcher. Il se rapproche du théâtre mais ça reste de l’écriture, malgré tout. Il faut aller à la pêche aux idées.

Avant Super Voisins,Tez, il y avait eu Life in the world. Kézaco ?

Tezwin: C’est une petite série en deux parties que j’ai vite abandonnée. Elle était consacrée à la politique et à ce qu’il se passait dans le monde. Je n’ai pas trouvé utile de la continuer mais elle reste disponible en lecture gratuite sur le site d’Amilova.

Life in the world © Tezwin
Life in the world © Tezwin

Comment est née cette série de gags et de strips qu’est Super Voisins ?

Tezwin: Nous avons choisi ensemble. L’idée est venue lorsqu’un habitant de mon immeuble s’est mis à taper sur les murs. Avec Michel, nous nous sommes dit: et si nous créions une série sur les voisins? Au final, nous nous sommes éclatés à imaginer ça.

Michel: j’ai répondu à une demande de Tezwin. C’est un chemin de complicité, quitte à ce que certains gags soient critiqués.

En effet, si le dessin, les expressions et les situations portent le texte, c’est lui qui mène la danse et l’humour. Absurde, burlesque, décalé. Vous testez les blagues au préalable ?

Les deux : Comme nous le disions précédemment, c’est un travail en collaboration qui enrichit le travail de chacun. Il faut une complicité absolue pour que le résultat soit le meilleur possible.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que purement fortuite ? Ou ces saynètes et ces personnages sont directement inspirés de votre vécu ?

Michel : Un zeste de vécu et beaucoup d’imaginaire.

Vous, dans la vraie vie, vous vous entendez bien avec vos voisins ? Ou vos anciens ? Il y a parfois eu des personnalités bizarres autour de vous ?

Michel: Oui, quand je vivais dans un immeuble c’était plus varié. Aujourd’hui, j’ai des voisins formidable. L’objectif reste l’humour. Bien sûr, dans la vie, on espère avoir de bons voisins et être soi-même bon voisin.

Tezwin: Moi, je m’entends très bien avec mes voisins. J’ai la chance d’habiter encore dans un immeuble pour soumettre mes idées à Michel. J’ai effectivement quelques personnalités singulières autour de moi et c’est qui fait la force de notre bd.

Mais entrons sans plus tarder dans cet immeuble à appartements. Qui y trouve-t-on ?

Les deux: Le premier personnage qui gravite autour de la série; c’est le concierge Nestor. D’habitude, c’est lui qui dirige tout. On y trouve des locataires plus ou moins déjanté et beaucoup de péripéties.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
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© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions
© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Le concierge, Nestor, est un chat, c’est le seul anthropomorphe de la bande. Pourquoi ?

Michel: Et pourquoi pas? Ce soir-là, je ne savais pas ce que j’avais, j’ai donc imaginé Nestor.

Tezwin: Michel voulait absolument un chat dans la série, je lui ai offert Nestor.

Naturellement, il y a une vie à l’extérieur, et pour ce lien on trouve un facteur et deux policiers. Mais dites-moi, vos personnages n’auraient-ils pas tous un grain ?

Les deux : Il ne faut pas oublier que Super voisins, c’est de la fiction. Presque tous les personnages de la série doivent avoir un grain pour donner du sens aux gags et aux strips. Sinon la bd serait ennuyeuse et trop sérieuse. L’humour passe avant tout.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Graphiquement, comment avez-vous taillé un costard à ces héros bien malgré eux ?

Tezwin: Il leur fallait des vêtements, je leur en ai donnés. Disons qu’au départ je n’avais pas d’idées de vêtements, alors j’ai fait quelques essais puis au dessin final j’ai trouvé que ça leur allait bien.

Si on parle du graphisme, on peut aussi parler du ton de la série. Vous avez tâtonné pour trouver le ton juste ?

Les deux: Nous avons choisi un ton basé sur l’humour décalé. Nous n’avons pas beaucoup tâtonné mais nous sommes proposé beaucoup de gags que nous n’avons pas tous gardés. Les meilleurs sont restés.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Avec des mouvements très spéciaux des bras, désaccordés, souvent en arrière. D’où cela-vous vient-il ? Vous faites aussi l’économie du décor, il vous fallait rester au plus près du sujet, ne pas surcharger le gag ?

Tezwin: Pour le mouvement des bras, désaccordé et en arrière, je me suis inspiré des mes trois auteurs préférés (Tébo, Zep et Midam). Quant aux décors, je suis très mauvais, c’est pour ça qu’ils sont très limités.

Dans le casting, des personnages ont-ils été abandonnés ?

Les deux: non, nous les avons tous gardés. Au contraire, nous en avons rajouté. Brutos (ndlr. dont le nom reflète bien la personnalité) est le dernier venu. Il nous manquait un personnage un peu brutal dans la série pour compléter le voisinage.

Si au niveau international, le monde a du mal à vivre d’amour et d’eau fraîche, de paix, cette histoire de jalousie et de haine ne commence-t-elle pas à petite échelle, entre voisins qui trouvent toujours quelque chose pour se détester ou s’envier ?

Les deux: Il suffit de se dire quand on ferme la bd après lecture, qu’on peut ne pas avoir les comportements illustrés dans le livre. La dérision peut montrer le chemin.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Un immeuble à appartements, c’est aussi l’occasion d’épier l’Homme et la Femme à différents âges et donc avec différentes préoccupations, non ? On trouve des grands-pères mais aussi des ados attardés. Et chacun a ses défauts. C’est ce qui fait détonner votre bocal, cette vie en communauté ?

Les deux : Dans un immeuble, ou ailleurs. Nous pouvons trouver ces personnalités partout dans la vie, y compris dans notre bd. C’est un choix de personnages, nous adorons l’exagération.

Dans la suite, la cohabitation risque de virer au champ de bataille. Le concierge d’en face entend bien vider l’immeuble de Nestor pour remplir le sien. Qu’est-ce qui nous attend ?

Les deux: Ce qui nous attend ? le pire vers le meilleur peut-être? On peut simplement donner un indice: l’immeuble ne s’écroulera pas.

© Cordeboeuf/Tezwin chez Tez Editions

Avez-vous d’autres projets ?

Michel: Bien sûr, la suite pour le pire et pour le meilleur (rire).

Tezwin: En attendant le scénario du tome 2 des Super voisins, je travaille sur mon prochain bouquin en solo qui se nomme Dead bunny. Il présente un lapin tout mignon qui aime tuer tout se qui bouge. C’est un bouquin d’humour et gore en même temps. Il devrait voir le jour vers juin 2023, en attendant le tome 2 des Super voisins, prévu aux alentours de 2025, si ce n’est pas en 2024.

Dead Bunny © Tezwin
Dead Bunny © Tezwin
Dead Bunny © Tezwin
Dead Bunny © Tezwin

Merci à tous les deux.


Titre : Super Voisins

Tome : 1 – Résidence apocalyptique

Scénario : Michel Cordeboeuf

Dessin et couleurs : Tezwin

Genre : Chronique sociale, Gag, Humour

Éditeur : Tez Éditions

Nbre de pages : 48

Date de sortie : le 19/01/2022

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