Les papis, presqu’arrière-papis, continuent de faire de la résistance, et c’est loin de nous déplaire. Outre Roger Leloup, dans un autre genre, Lambil et Hermann se la jouent Clint Eastwood pour explorer le western jusqu’à son horizon tant fantasmé. Alors qu’il y a quelques mois, l’auteur natif de Malmédy donnait suite à ses cultissimes Tours de Bois-Maury, le voilà, en compagnie de son fils Yves H., qui poursuit la cavalcade usée de Duke dans un sixième tome, Au-delà de la piste. La fin est proche. Pour cent mille dollars de plus.
Résumé de l’éditeur : Les cadavres continuent de s’accumuler dans le sillage de Duke, et des cent mille dollars qu’il doit maintenant apporter à King s’il veut sauver Peg. Pour cela, il doit traverser un désert presque aussi impitoyable que ses divers poursuivants : les renégats de l’armée qui veulent s’emparer du magot ; Oakley, qui a juré de venger son fils ; Manolito, son « ange gardien » en service commandé des enfers. Duke survivra-t-il pour tenir ses promesses ? Il en va du salut de son âme damnée…
Hé oui, ça sent la fin parce que le septième tome fera office de sacrement et Hermann planche déjà dessus depuis un bon moment (voir en fin d’article). En attendant, le périple-cauchemar de Morgan « Duke » Finch mais aussi de Peg est loin de son bout. Pour le premier, il y a un désert à traverser, éreintant et martyrisant les organismes et l’esprit. La seconde, elle, doit s’efforcer de ne pas finir en dessert du maître de la maison dans laquelle elle est retenue, pour faire chanter le premier. Toute tentative d’évasion semble condamnée dans ce huis clos terrible.
En plein air, façon de parler parce que quand t’es dans le désert suffocant…, Duke et son seul et donc meilleur allié, Mister Swift, vont à nouveau tomber sur des brutes et des truands. Même en habits nordistes, quand la guerre s’enlise, on se fie forcément à d’autres valeurs que l’amour de la patrie. Comme l’argent que nos deux « bons » (moins pires, en tout cas) convoient.
Une nouvelle petite histoire, toujours plus âpre, s’installe sur le fil rouge déployé par Yves H. et donne l’occasion à Hermann de mettre en dessin, en couleurs et en lumières, en passant par tous les climats (formidables ambiances), toutes les saisons de l’enfer, un tome de temporisation. Dans lequel, pourtant, se passent beaucoup de choses, ramenant des fantômes du passé et rendant le futur bien limité. Si les visages ne sont pas toujours les plus affinés, Hermann donne énormément de tempérament aux décors explorés, du jour à la nuit sans oublier des ciels complètement fous, comme on n’en voit qu’aux portes de la mort. Ou peut-être est-ce la rédemption?
En effet, si ce « Au bout de la piste » n’est pas une fin en soi, le prochain album, Ce monde n’est pas le mien, le sera bien. Hermann en a déjà prépublié les cinq premières planches. Visez ça. Pendant ce temps-là, l’artiste travaille sur le quarantième Jeremiah!
Série : Duke
Tome : 6 – Au bout de la piste
Scénario : Yves H
Dessin et couleurs : Hermann (Facebook)
Genre : Western
Éditeur : Le Lombard
Néré de pages : 56
Prix : 14,75€
Date de sortie : le 16/01/2022
Extraits :