J’ai un vrai coup de coeur pour les thrillers historiques. Et celui-ci est particulièrement réussi. Car il nous plonge dans le milieu des artistes de la Renaissance, au sein des ateliers, avec des sacs de pigments à nos pieds. C’est toute la couleur de leur vie quotidienne que nous conte l’autrice. Et c’est plus que réussi. Et puis il y a l’intrigue, les morts, l’enquête et le suspense. Les jeux de pouvoir et d’influence, le mystérieux Côme de Médicis… J’ai déjà lu beaucoup sur cette période et ce fut un bonheur d’y retourner avec Chiara Montani pour guide !
Résumé de l’éditeur : » Piero della Francesca s’était juré de ne jamais remettre les pieds à Florence. Mais lorsqu’un message alarmant de son vieil ami Domenico Veneziano lui parvient, le célèbre peintre n’a d’autre choix que de rejoindre immédiatement la capitale des arts, où il apprend que Domenico est suspecté du meurtre d’un riche banquier. Une accusation qui semble avoir été montée de toutes pièces pour les piéger, Domenico et lui, et le faire venir à Florence.
Tandis qu’il tente désespérément de déjouer le complot qui menace d’envoyer son ancien mentor au pilori, Piero trouve une alliée inattendue en Lavinia, la jeune nièce de Domenico. D’ordinaire reléguée aux tâches subalternes, l’apprentie peintre se rebelle, prête à tous les sacrifices pour disculper son oncle. Une mission qui se complique de jour en jour. Car les assassinats se multiplient à Florence… »
Architecte de formation, Chiara Montani a travaillé dans les domaines du design et du graphisme. Spécialiste de l’art-thérapie, elle anime des ateliers sur le potentiel thérapeutique du processus créatif. Le Mystère de la fresque maudite est son premier roman.
Ce n’est évidemment pas du grand Léonard que traite ce roman car, à l’heure où l’histoire débute, le génie n’avait que 6 ans. Mais c’est bien dans cette époque, dans cette ambiance, celle des ateliers des peintres qui fonctionnent à la commande et qui espèrent trouver protecteur afin de vivre de leur art. Il y a des sacs de pigments par terre, une atmosphère d’apprentissage entre les novices et le grand maître de l’atelier, le privilège de pouvoir approcher la toile en cours…. C’est aussi le broyage des pierres semi-précieuses ou des pains de couleur, puis le mélange avec les résines, le blanc d’oeuf pour préparer les matières… C’est doux comme le talc, c’est collant comme le miel, c’est coloré comme l’été… C’est charnel en fait. Et c’est magnifique !
Et puis il y a l’enquête. Les meurtres précédés de torture, mis en scène. Des symboles occultes, une congrégation secrète, des mystères, des non-dits… Les petites rues de Florence, les tavernes glauques et mal fréquentées, le pouvoir des religieux, Côme de Médicis omniscient, …
Au milieu de ce siècle d’hommes, il y a Lavinia qui se dresse et qui refuse de se contenter de sa condition de femme. Elle rêve de devenir peintre, de maîtriser l’art et s’entraîne en secret.
Elle est douée mais la place d’une femme n’est malheureusement pas derrière un pinceau. Et elle l’est encore moins à courir les rues et ruelles pour trouver celui qui a monté toute cette machination. Mais elle tient bon, elle est ferme. Elle use de toutes ses forces, y compris de sa féminité pour convaincre. C’est une femme de roman comme on les aime.
Tout est esthétique dans ce roman particulièrement visuel. Même la mort est dépeinte avec tellement de justesse et d’émotion qu’on la sent, on la voit, on la touche. L’enquête est permanente, c’est presque qu’une course constante après le temps. Bref, ce thriller historique est une réussite du début à la fin. Bravo !
Titre : Le Mystère de la fresque maudite
Editions : Fleuve Noir
Sorti le 10 mars 2022
Nbre de pages : 366 pages
Prix : 20,90 €