
Sous les galets la plage… Et sur la plage? Des jeunes gens, bien contents que leurs parents leur aient laissé la seconde résidence pour profiter de cette fin d’été, encore quelques jours, hors-saison. La joie d’être étudiants, de commencer l’année scolaire un peu plus tard qu’auparavant. Mai 68 n’est pas encore là, mais la libération sexuelle pourrait bien déjà avoir lieu les pieds dans l’Atlantique qui pourrait vous mouiller plus que de raison.
Résumé de l’éditeur : Loctudy, septembre 1963, la station balnéaire se vide de ses derniers résidents estivaux. Seuls Albert, Francis et Edouard, futurs étudiants prolongent leurs vacances en attendant de commencer chacun de brillantes études supérieures devant les mener vers de prestigieuses destinées toutes tracées. Détachés de l’autorité familiale, ces fils de bonne famille comptent bien profiter de cette liberté pour vider quelques bouteilles et vivre de nouvelles expériences. Mais dans ces familles bourgeoises et patriarcales, on ne fréquente pas n’importe qui, on ne déshonore pas sa famille et on rentre dans le rang quelles que soient les méthodes employées.

« La marée comme la liberté, ça n’attend pas, » crie Édouard, sur son vélo, poings levés au ciel comme un vainqueur d’étape du tour de France, ou du moins de Bretagne. Ça n’attend pas, ça n’attend pas, mais attention de griller les étapes. Aussi grands soient-ils, ces futurs étudiants brillants (l’un veut faire l’armée, à Saint-Cyr; l’autre la fac de droit et le troisième l’école de commerce, beau panorama) sont peut-être bien naïfs. Et si la rencontre avec Odette, naïade locale qui dit au diable la pudeur, risque de faire des étincelles dans les coeurs des trois adolescents, attention au dicton : en Bretagne, il ne pleut des emmerdes que sur les cons !

Célébrant la jeunesse, sa fougue et son inconscience, Pascal Rabaté fait mine, dès la couverture, de nous embarquer dans une histoire d’amour, la première d’une vie, une histoire de fesses, mais c’était sans compter sa férocité et sa voracité à tout faire péter, à nous surprendre et à jouer du comique de situation, qui peut parfois être bien gênant, pour en tirer bénéfice pour une des deux bandes.

C’est ainsi que les vacanciers sont pris au piège de petits trafiquants d’antiquités locaux et qu’ils doivent se plier à l’illégalité s’ils ne veulent pas que leur arrivent des craques et que leurs parents soient mis au courant de leurs attitudes pas jolies jolies. Le coup monté est parfait mais les adversaires ne sont pas au bout de leurs surprises tandis qu’Albert (et ses airs de Tintin) se la joue de plus en plus électron libre. Et il se pourrait bien qu’Odette le suive?

Dans une époque où l’on n’a rien à perdre, et où le passé continue de jouer certains tours à ses héritiers, Pascal Rabaté réussit un très bel album, gris mais avec quelques nuances de couleurs qui vont bien, et toujours cet amour du détail, de scènes théâtrales mais sonnant juste. Dans cette guerre des nerfs, psychologiques et cherchant qui aura la tête la plus dure, l’auteur questionne la jeunesse sur le pas de l’âge adulte et se demande aussi si les bêtises ne valent pas la peine d’être vécues. Malgré celles qui arrivent à ces héros, voilà un album très chaleureux, vivifiant.

En attendant, incessamment sous peu, que Pascal Rabaté fasse son grand retour au cinéma.

Titre : Sous les galets la plage
Récit complet
Scénario, dessin et couleurs : Pascal Rabaté
Genre : Chronique sociale, Comédie dramatique,
Éditeur : Rue de Sèvres
Nbre de pages : 144
Prix : 25€
Date de sortie : le 17/11/2021
Extraits :