Initialement publié en 2002, Pardonnez nos offenses de Romain Sardou fait l’objet d’une réédition chez XO Editions avec une magnifique illustration d’une peinture de Jérôme Bosch : La vision de Tondal. Cet artiste colle à merveille à l’ambiance du roman. Poisseux, mystérieux et complotiste, dans un Moyen Âge entièrement régi par l’Eglise de Rome, l’avenir et la destinée de petits villages reculés n’est que peu de choses face aux grands projets des ecclésiastes. C’est toute l’atmosphère du Nom de la Rose que l’on retrouve dans ce roman, avec une vraie enquête, des chevaliers, des moines et une ambiance lourde au sein de ce village des marais entièrement en autarcie. Belle découverte permise par cette réédition.
« 1284. Les froidures du Diable isolent Draguan, petit diocèse du comté de Toulouse, du reste du monde. Quand Romée de Haquin, son évêque, est sauvagement assassiné, le village est saisi par la peur…
C’est alors qu’un mystérieux prêtre, Henno Gui, y fait son entrée. Accompagné d’un jeune garçon et d’un homme à l’aspect monstrueux, il avait été mandé par Haquin pour prendre en charge la treizième paroisse du diocèse, Heurteloup. Après trois jours de marche dans une forêt inextricable, ils parviennent à l’entrée d’un village en ruines. Nul ne sait ce que ses habitants sont devenus…
À Rome, la paroisse maudite intéresse pourtant jusqu’aux plus hautes sphères du Saint-Siège. La clé de ces mystères est-elle à chercher dans la vie trouble de Romée de Haquin, chez Henno Gui… ou au cœur même de la treizième paroisse ?
Un thriller médiéval ensorcelant.«
La vision de Tondal de Jérôme Bosch
Imaginez ce que la France est à la fin du XIIIe siècle. C’est ce que Romain Sardou fait pour nous. En ouvrant les pages de ce roman, vous plongez, la tête la première (et le nez aussi, car les odeurs sont nombreuses) dans ce Moyen Âge français des campagnes et des villes. Et il n’est pas aisé de déterminer lequel des deux est le plus enviable. À la campagne, les croyances et l’étroitesse d’esprit sont nombreuses, les phénomènes complexes deviennent l’oeuvre du Diable et le moindre étranger est mis au banc de la société.
Tandis qu’à Paris comme dans les grosses villes de provinces, la crasse est partout. Les gibets de potence sont nombreux sur les places centrales et il y pend régulièrement des corps que personne n’a le droit de toucher tant que la corde (ou le cou du condamné) n’a pas rendu lui aussi son âme au temps qui passe. On imagine donc les étals à poisson, à viande, les fruits trop murs, les rigoles centrales des eaux usées et l’odeur du corps en putréfaction qui se mélangent. Parce que c’était ça aussi le Moyen Âge…
Ce sont aussi parfois des chevaliers, des moines et des curés qui cheminent sur les routes pour trouver réponses aux interrogations qu’ils se posent. Parce que la mort d’un éminent évêque est source de mystères et que ses proches veulent honorer sa dépouille.
C’est donc une enquête, des complots, des recherches que vont mener les protagonistes de cette histoire. parfois un peu compliquée à suivre pour le lecteur tant les intervenants de l’ombre sont nombreux. Mais elle finit comme elle avait commencé et cela, c’est tout ce qu’on aime dans le roman noir !
Ce livre est le premier roman de Romain Sardou. Paru en 2002 pour la première fois, cette réédition, vingt ans plus tard, permet à des lecteurs de découvrir ou redécouvrir ce qui a fait de cet auteur le succès. C’est pour ma part avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert cette histoire et cet univers très fermé. Plongez-y à votre tour si ce n’est déjà fait.
De plus, l’histoire est suivie d’une nouvelle : « Le Sablier de la Fin des Temps » qui éclaire parfaitement un élément clef de cette histoire, de cette machination dont les conséquences furent celles de cette histoire.
Titre : Pardonnez nos offenses
Editions : XO Editions – Cléa, les livres qu’on n’oublie pas
Sorti le 4 novembre 2021
Nbre de pages : 543 pages
Prix : 14,90 €