Ceci n’est pas une suite de Michel Houellebecq et son Extension du domaine de la lutte mais bien une incarnation dans l’univers autofictionnel et néanmoins déjanté de Pascal Valty, comme il les aime. Sans savoir séparer la vérité de l’inventé, on suit ainsi le quotidien de ce professeur d’art, dernière roue du carrosse, dont la vie est sur le point de changer, sans qu’il n’ait rien fait pour.
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Résumé de l’éditeur : Antoine, enseignant dilettante en école d’art, a toujours fui les responsabilités.. Il a beau éviter soigneusement toute forme de reconnaissance, la réussite va lui coller à la peau comme un chewing-gum sous ses Gazelles. Pour vivre heureux, vivons loosers, mais comment faire quand, malgré soi, on rencontre le succès…

Dans l’école d’art où officie Antoine – ou plutôt il la subit -, on est ouvertement corrompu à tous les partenariats juteux qui peuvent s’ouvrir à vous et mettre au travail les élèves, quitte à brider un peu la créativité (encore que). D’habitude, ces projets foireux et peu grisants, c’est à Antoine, le professeur non-engagé, intermittent d’un pauvre spectacle, qu’on les astreint.

Aux partenaires, on le présente comme le meilleur élément, mais on sait très bien que dans cette usine à gaz, Antoine est le bouffon du directeur qui pourrait bien se faire avoir à son propre piège. En effet, quand une société chinoise met « 500 000 eulos » sur la table, impossible de faire marche arrière, c’est Antoine qui va superviser ces cours pratiques et appeler ses étudiants à faire preuve d’originalité.

Alors forcément, son scooter perd toujours huile et essence, ses parents sont toujours aussi riches et décadents mais, professionnellement, Antoine passe du statut de non-essentiel à celui de rising star. De quoi ébranler la vie plan-plan, sans fulgurance qu’il menait jusque-là. Il va même jusque dans les hautes sphères, conquérir l’Élysée et devenir le chouchou de Britney et Étienne Macaron. « Quelque chose à la gloire de la République », tu parles, il est vite dépassé notre Antoine Doisneau.


La vie en rose, en jaune, en bleu (les couleurs uniques utilisées pour chaque chapitre en plus du noir et du blanc) d’Antoine Doisneau nous est ainsi contée avec fantaisie par Pascal Valty qui se plaît à dire que tout est vrai. Et on se laisse entraîner facilement dans les situations loufoques qu’amène cette vie d’un looser en voie d’ascension sociale. Mais rien n’est gagné et le pétage de câble peut survenir à tous moments. Qui sont bons mais pas tout à fait gratuits, car la critique cynique et surréaliste de la société est bel et bien présente. Entre loose et lutte, que jamais le lâcher-prise ne fait oublier.

Titre : Extension du domaine de la loose
Récit complet
Scénario et dessin : Pascal Valty
Noir et blanc
Genre : Autofiction, BD du réel, Humour
Éditeur : La Valtynière
Nbre de pages : 104
Prix : 15,90€
Date de sortie : le 20/10/2021