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Le passager sans visage…et sans fin de Nicolas Beuglet

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Le passager sans visage est le deuxième tome des aventures de l’inspectrice Grace Campbell. Le livre s’ouvre sur une « nouvelle Grace » que l’enquête précédente a fortement fait évoluer. Comme à son habitude, l’auteur se base sur des faits réels (ici, la légende du joueur de flûte de Hamelin et le projet Kentler). Toutes les explications à ce sujet sont d’ailleurs à la fin de l’ouvrage. Il brode ensuite une histoire à suspense sur les éléments factuels réels. Et j’apprécie grandement cet aspect des choses. Mais le roman ne m’a pas pour autant convaincue. La première moitié est particulièrement exceptionnelle. En effet, tout ce qui traite de la légende du joueur de flûte et la révélation du projet Kentler sont passionnants et s’intègrent particulièrement à l’intrigue. C’est même très bon, osons les mots… Mais ensuite, vient une succession de théories plus rocambolesques les unes que les autres…. Et la réminiscence d’Olympe (Méga-entreprise présente dans le tome 1 : Le dernier message) ainsi que le retour (quasi miraculeux) à la vie d’un protagoniste mort dans le premier tome ont définitivement eu raison de mon intérêt. Une fois de plus, c’est dommage car  les théories défendues par l’auteur mériteraient que l’on puisse s’y attarder plus. En plus, ce roman n’a pas de fin… Puisque l’aboutissement de l’enquête n’a pas lieu, des inconnues sont plus que nombreuses et la dernière page s’arrête au milieu d’une action. Une fois de plus, j’en impute la faute à la maison d’édition qui ne communique pas (ou mal) sur un roman qui n’est en fait absolument pas « fini ». Et au vu du prix des livres, on peut espérer qu’au moins l’intrigue principale trouve sa résolution dans ce tome… Mais c’était sans doute trop en espérer. Bref, ça fait plouf en ce qui me concerne.

Premier tome des aventures de Grace Campbell :  Le Dernier message 

Trilogie de Sarah Geringën :

Tome 1 : Le Cri

Tome 2 : Complot

Tome 3 : L’île du Diable

« Tu n’es pas seule à chercher…

Ce mot anonyme laissé sur son paillasson est plus qu’un appel : un électrochoc. cette fois, l’inspectrice Grace Campbell le sait, elle n’a pas le choix. Elle doit ouvrir la porte blindée du cabinet au fond de son appartement. Et accepter de se confronter au secret qui la hante depuis tant d’années…

Des confins de la campagne écossaise aux profondeurs de la Forêt-Noire où prend vie le conte le plus glaçant de notre enfance, jamais Grace n’aurait pu imaginer monter dans ce train surgi de nulle part et affronter le Passager sans visage… »

Avant toute lecture, que ce soit du roman ou de cette chronique, il est primordial que vous preniez un peu moins de 4 minutes pour écouter cette comptine chantée par Hugues Aufray, cette comptine qui me subjuguait durant mon enfance et mon adolescence. Pour toute la part sombre qu’elle laisse deviner d’elle-même. Je me la répétais comme un mantra. Alors évidemment, quand j’ai compris que le roman s’inspirait de cette histoire et qu’en plus Nicolas Beuglet nous en retrace la réalité historique et nous offre même une visite guidée du musée du flûtiste à Hamelin, je ne pouvais qu’être comblée…

Bien entendu, c’est histoire est terrible. Elle est à la fois mystérieuse et l’on sent bien que les paroles ne disent pas toute l’ignominie de la chose, qu’il y a une part d’ombre que s’empresse d’exploiter Beuglet avec beaucoup de talent.

Et puis, si vous avez encore un petit quart d’heure à consacrer à cette histoire, je ne peux que vous conseiller de visionner ce reportage concernant le projet Kentler. Cela ne dévoilera rien de l’intrigue du livre mais posera les bases afin que vous compreniez immédiatement ce que cachent les mots, les noms employés par l’auteur. Il m’a été nécessaire d’arrêter la lecture, afin de vérifier les informations (toutes justes, évidemment) citées par Beuglet afin de mieux cerner l’horreur de ce qui s’est tramé en Allemagne. Et de réaliser que je n’en avais jamais entendu parlé !!! Alors, Beuglet en tire certains éléments qu’il généralise au profit de son intrigue mais ne détourne en rien la vérité. C’est passionnant et cela s’emboîte parfaitement avec la légende du flûtiste telle que Beuglet nous l’interprète…

Et puis, ça fait plouf…. L’auteur ressuscite un mort du Dernier Message et une alliance totalement improbable, même irréaliste prend naissance sous nos yeux. De longues minutes après avoir refermé la dernière page, je n’en comprends toujours pas l’intérêt. Si le but était de faire entrer Olympe dans la danse malsaine, le projet Kentler suffisait comme explication… Mais pourquoi ressusciter un mort (dont je tairai le nom pour conserver l’intrigue au lecteur de cette chronique et du roman)? Surtout, pourquoi revenir ajouter des théories déjà exploitées dans le premier opus? J’ai la sensation de voir sans cesse surgir le Joker devant Batman alors qu’il a déjà été tué plusieurs fois. Bref, ce que l’auteur avait patiemment et intelligemment construit durant plus de la moitié de l’histoire s’effondre par cette accumulation d’invraisemblances et de théories plus que fumeuses. Je dois bien concéder que je me suis particulièrement sentie gênée par certaines analogies que l’on ne peut s’empêcher de voir avec l’époque actuelle mais que l’auteur choisit de ne pas développer ouvertement.

Bref, un livre qui m’a promis le paradis du thriller et qui se poursuit par une pâle copie du Dernier message….

Enfin, je répète ce qui est dit en introduction, proposer un livre qui ne se termine pas… sans l’annoncer clairement: je crains de ne pas trouver le procédé très honnête. Déçue… Et pourtant, qu’est ce que c’était prometteur… Si seulement l’auteur s’était « contenté » de développer les éléments mis en place dans la première partie ! C’eut pu être exceptionnel ! Dommage.

Auteur : Nicolas Beuglet

Titre : Le passager sans visage

Edition : XO éditions

Sorti le 16 septembre 2021

Nbre de pages : 367 pages

Prix : 19,90 €

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