L’île des oubliés : Seiter et Vervisch, greek-greeter sur les traces de Victoria Hislop au temps de la lèpre en Crète

© Seiter/Vervisch chez Philéas

On prolonge les vacances ? On part sous le soleil crétois, avec Roger Seiter et Fred Vervisch, eux-mêmes passagers de BD dans l’histoire racontée par Victoria Hislop: L’île des oubliés. Voyage dans le temps et dans le monde, entre Londres et Plaka, ce récit intergénérationnel s’appuie, comme c’est souvent le cas dans les récits de famille, sur un secret, un non-dit. Cette belle réincarnation nous entraîne dans une communauté de parias, il n’y a pas si longtemps, quand la lèpre faisait des ravages sans distinction. Et que les progrès de la médecine et de la recherche ont permis de juguler.

© Seiter/Vervisch chez Philéas

Résumé de l’éditeur : Grâce à une photographie léguée par sa mère, Alexis Fielding, 25 ans, va découvrir le passé singulier de sa famille, une lignée de femmes et d’hommes dont le sort est lié à l’île de Spinalonga, colonie de lépreux à l’horizon de la côte de la Crète, tout proche du village de Plaka en Crète. Alexis profite d’un voyage en Crète pour se rendre là où sa mère, Sophia, est née et a grandi. Elle rencontre Fotini, une amie de sa grand-mère qui lui raconte l’histoire tragique de sa famille. Sophia a toujours caché à sa fille le décès de sa propre grand-mère sur l’île de Spinalonga, alors colonie de lépreux ainsi que la raison de son exil loin de la Crète.

© Seiter/Vervisch chez Philéas

Faire le tour de l’une ou l’autre île, c’est devenu une activité à ne pas louper en Crête. Pourtant, il y a moins d’un siècle, juste avant la seconde guerre mondiale, l’une d’elles, Spinalonga, était infréquentable. Y posaient le pied tout juste les « continentaux » pour le ravitaillement et les soins, à leurs risques et périls. Spinalonga fut, pendant quelques années, un voyage sans retour, où mois après mois les malades de la lèpre étaient envoyés pour y vivre leur vie et y passer leur mort, dans plus ou moins longtemps en fonction du stade et de la forme de l’infection, honteuse.

© Seiter/Vervisch chez Philéas

Oh, n’allez pas imaginer que Spinalonga était plantée dans la misère, qu’il y régnait une odeur de mort. Non, il était tout à fait possible d’y refaire sa vie, d’embellir son chez-soi, baigné de soleil, fleuri et rythmé par les vagues. Ce qui put même, à certains moments, nourrir la jalousie de ceux restés en bonne santé à « terre ». Prêts aussi, sur des on-dit à enrayer la recherche médicale qui permettrait bientôt de survivre à la maladie. Comme quoi les temps n’ont pas tant changé.

© Seiter/Vervisch chez Philéas

Porté par le trait léger, mais sachant se faire dur quand il le faut, une belle robe fine et en couleurs qui cache des zones d’ombre dans ses plis, de Fred Vervisch, l’histoire de Victoria Hislop est revisitée à l’aune de ses personnages féminins, de leurs rêves, de leurs amours et désamours, et des déconvenues. Seul frein à cette immersion des cartouches temporels et des allers-retours entre les lieux un peu trop nombreux. Pour le reste, même chez les privilégiés, la lèpre s’attaque; mort la peau et les émotions. Et l’aller sans retour de quelqu’un peut parfois offrir une voie royale à la vengeance de l’autre, tapi trop longtemps dans l’ombre. Car, quand on accède à une classe supérieure, les enjeux sont de taille.

Projet de couverture © Fred Vervisch

Cherchant la réconciliation, l’origine des silences et la possibilité de solder l’Histoire par le regard d’une nouvelle génération sur les actes de ses aïeux, Roger Seiter et Fred Vervisch réalisent un très joli album, empli de la force et des combats des femmes, de l’optimisme des malades. J’ai complètement embarqué.

Et pourquoi pas une suite ?

Titre : L’île des oubliés

D’après le roman de Victoria Hislop

Scénario : Roger Seiter

Dessin et couleurs : Fred Vervisch

Genre : Drame, Histoire

Éditeur : Philéas

Nbre de pages : 128

Prix : 18,90€

Date de sortie : le 26/08/2021

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