Recommencer la vie ailleurs – sans qu’il soit écrit que nous aurons appris de nos erreurs-, voilà l’un des défis fous que se lance l’humanité depuis quelques décennies plutôt que de prendre soin de sa bonne vieille Terre qui, j’en suis convaincu, n’est pas encore tout à fait foutue. Mais si l’on veut vraiment rebâtir une civilisation sur une autre planète, mieux vaut trier sur le volet les pionniers conquérants. Car il suffit qu’un tyran charismatique (ou pas) prenne le lead pour que s’établisse un nouveau monde en pire.
Résumé de l’éditeur : En mission d’observation pour le compte de la Terre, Michael Blackburn a été envoyé au coeur d’une colonie établie sur une exoplanète, où il a été fait prisonnier. En complète autonomie depuis près d’un siècle, le gouvernement en place n’a d’autre choix que d’éliminer cet individu, sous peine de voir les armées terriennes rappliquer et réclamer ce monde de force. Encore eût-il fallu que le prisonnier ne se soit pas échappé…
Il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas découvrir et cette tête brûlée de Michael Blackburn est justement là pour ça. C’est à se demander s’il ne cherche pas la manière la plus trash de passer l’arme à gauche. Mais, encore faut-il, qu’il trouve en face de lui un tueur digne de sa vie. Et il semble que son heure ne soit pas venue dans cette cellule. En racontant ce qu’est devenu le Vieux pays d’où il vient (Portland pour être précis), Michael embobine le garde et fonce droit vers la sortie, dans un bain de sang puis de cendres.
D’autant qu’en chemin de ce Fast & (plus que) Furious, il rencontre Grace Moody, rendue coupable d’homicide léger. Les deux font la paire et pour lancer l’alerte vers son ONU intergalactique, Michael va devoir retrouver son vaisseau, en espérant sauver Grace pour conforter le rapport qu’il va fournir sur cette exoplanète qui incarnait l’espoir et est devenu une dictature, pressée sous le pas lourd du président Barrow (Wilson Fisk hirsute de l’espace).
Il n’y a que la première scène d’interrogatoire à la cool qui est posée. Une fois que le verrou saute, c’est la grande échappée belle (laide dans quelques images, tant le dessin de Jason Howard est inconstant, alors qu’on voit toute sa maestria de caméléon dans les couvertures alternatives « dans le style de… » placées en bonus) et furieuse. Grace et Michael, seuls, contre un monde entier déchaîné, steampunk et post-apo. Dans ces 140 pages, il y a peu de places pour les dialogues. Par contre pour les gouttes de sueur et les vagues de sang… Warren Ellis a préféré laisser parler la violence du trait de son acolyte, de leur découpage et mise en perspective. Ça change, une fois, de se laisser aller, à gorge déployée, sans filet textuel pour nous rattraper, dans une envolée aussi barge que trash.
Ici, tout est mis à l’horizontal, il faut filer d’un point A à un point B (là où a atterri Michael, mais on ne peut qu’imaginer cette première partie du récit qui a une vie indépendante de ce que les auteurs racontent) et, comme dans un jeu vidéo bas de front, il faut jouer le jeu du dernier homme de bout. Avec toutes les machines infernales et les boss qui seront mis en travers de la route. C’est un peu simpliste mais pour le spectacle, ça fonctionne quand même pas mal, avec plus de morts et de cadavres que dans une production Besson. Cet album fou se lit en déposant son cerveau à l’entrée. Avec un peu plus de fond, il aurait pu en être autrement de ce pur actionner-blockbuster dont la seule surprise, de taille, est sa fin suicidaire.
Titre : Cemetery Beach
Récit complet
Scénario: Warren Ellis
Dessin et couleurs : Jason Howard
Traduction : Alex Nikolavitch
Genre : Action, Science-fiction
Éditeur VF : Urban Comics
Collection : Urban Indies
Éditeur VO : Image Comics
Nbre de pages : 160
Prix : 16€
Date de sortie : le 20/08/2021
Extraits :