Nouvelle exposition du CBBD et bien plus que ça: l’envol de la bande dessinée coréenne, audacieuse, colorée, résiliente

Au travers de la scénographie de la nouvelle exposition temporaire du Centre Belge de la Bande Dessinée, on suit l’histoire du manhwa (la bd coréenne) mais on retrace également la résilience et les espoirs d’un peuple, d’une nation.

Manhwa et Webtoon, l’envol de la bande dessinée coréenne se déroule depuis le 9 juillet 2021 et durera jusqu’au 9 janvier 2022. Elle a pour but de nous faire découvrir un pan de la culture coréenne par le biais de sa bande dessinée. On suit son évolution depuis sa création en 1909 jusqu’a nos jour et l’avènement du webtoon.

Un peu d’Histoire…

Retournons dans le passé. Comme je l’ai dit plus haut, on attribue le premier manhwa à Lee Do-young. Cette première caricature publiée dans un quotidien ne comportait alors qu’une seule case.

La bande dessinée coréenne est fortement influencé par l’art et les traditions épiques asiatiques. Elle permettait aussi de continuer de faire perdurer les valeurs mais aussi les traditions coréennes. Le pays étant sous domination japonaise, la censure était présente et la répression souvent sans pitié : beaucoup de manhwaga (dessinateur) ne pouvaient se permettre des idées « trop subversives » sous peine de ne pas être publiés ou pire d’être emprisonnés. C’est en 1920, que de nouveaux titres émergent, toujours dans la caricature.

En 1960, on voit le naissance de « manhwabags », sortes de librairies accessible à tous pour une modique somme. On pouvait dès lors y lire ce qu’on voulait et y rester la journée entière. Comme ces librairies ne dépendaient pas de l’état, il était plus facile de trouver des lecture non officielles. Elles permettaient au peuple de tourner en dérision le pouvoir japonais. Mais beaucoup de ces manhwas se sont perdus. En effet, ils étaient écris avec les moyens du bord et les matériaux de récupérations n’ont pas résisté dans le temps. Mais l’important pour l’époque n’était pas de conserver ces oeuvres mais simplement de véhiculer les valeurs coréennes et son histoire sous l’envahisseur nippon.

Cette censure sera présente jusqu’en 1987, mais les hautes sphères continuent de voir d’un mauvais oeil ce genre de littérature: « Cette lecture n’est bonne que pour le petit peuple », comprend-on.

Dans une période où les mangas (bd japonaise) commencent à envahir le marché coréen, les scénaristes et les dessinateurs s’en donnent à coeur-joie et produisent des albums de grande qualité. Les styles et les genres se multiplient. Avec l’expansion d’internet et la vitesse de ses réseaux, la Corée est un des pays les plus à la pointe au niveau technologique. On voit éclore dans les années 2000, des manhwas sous un format numérique, les Webtoons. Il est vrai que les gens sont de plus en plus sur leur smartphone ou leur tablette. Et, là aussi la qualité est au rendez-vous ainsi que la couleur.

Et beaucoup d’histoires…

On peut classifier les manhwas plus ou moins de la même manière que les mangas. Certains s’adressent aux adultes avec les Tchungnyun (seinen), aux ados les Sonyung (shonen)… bref il y en a pour tous les goûts et tous les âges.

Voici quelques auteurs importants:

Kim Yong-hwan est considéré comme le père du manhwa

Lee Doo-Ho: est un spécialiste des fresques historiques. Une série Im Kkeokjeong a été traduite en français sous le nom du « Bandit Généreux ».

KIm Soo-yong développe le monde du HIP-HOP, il vend plus 1,5 million d’exemplaires

Kang Doha est considéré comme le précurseur et le maître du webtoon.

Pour finir cette magnifique incursion, je dirai que l’exposition, par sa scénographie, nous emmène dans une bulle à travers les âges et la culture coréenne. Elle nous permet de voir et de comprendre cette nation par le biais de son art le plus populaire et le plus coloré. On constate malgré quelques similitudes de grosses différences de style avec la bande dessinée nipponne. Il y a plus de soin, plus de recherche au niveau des Character Design (moins de stéréotypes) et beaucoup de formats différents sont employés. En effet, le choix du format dépend des auteurs et n’est pas uniquement un effet de standardisation de la production. Mais on sent avant tout une volonté d’être passeur d’histoires. On sent toute la résilience de ce pays maintenu longtemps sous le joug de l’occupation. On sent qu’à travers leurs bandes dessinées, les auteurs sont parvenus, malgré la censure, à diffuser leurs histoires et leurs valeurs. Les auteurs se montrent opiniâtres et créatifs, et on le voit sur leur production. Merci pour tout ce travail et pour ce transfert d’émotions.

On sent que cette collection a été choisie avec soin et mise en lumière par des passionnés. Merci beaucoup à Mélanie Andrieu pour le contact, les échanges et surtout pour la transmission de son amour de cet art. Vous m’avez appris énormément c’était un réel plaisir.

Une exposition réalisée en collaboration avec le Musée du Manhwa de Corée et le Centre Culturel Coréen de Bruxelles dont les commissaires sont Mélanie Andrieu et Sah Hwangyu, accessible aux heures d’ouverture du CBBD (Rue des Sables 20, 1000 Bruxelles): ouvert 7 jours sur 7, de 10h à 18h pendant les vacances scolaires belges et du mercredi au dimanche, de 10h à 18h (derniers tickets vendus à 17h) en période scolaire.

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