Libre comme l’air, voilà Ric Hochet, dans ses nouvelles enquêtes, qui retournent pourtant au vintage, emprisonné dans un costume militaire. Finie la grande vie de journaliste et le frisson des grandes enquêtes, son passé l’a rattrapé et voilà le héros de Duchateau et Tibet, désormais dans les mains de Zidrou et Simon Van Liemt, obligé de faire son service militaire. Une simple formalité dans la caserne de tous les dangers.

Résumé de l’éditeur : Richard Hochet, le père du célèbre reporter, a été arrêté par la police. Or il était déclaré mort depuis des années. Et son statut d’orphelin avait permis à Ric d’échapper au service militaire. Rattrapé par l’administration, Ric Hochet n’a pas le choix, il doit entrer sous les drapeaux.

Après trois premiers albums qui se sont amusés à pousser toujours plus Ric Hochet dans ses retranchements et ses contradictions (de vieux garçons ayant cultivé les mêmes manies durant près de cinquante ans), Zidrou et Van Liemt osent le changement. Au niveau du décor, cernant Ric d’un arsenal, alors que lui a les armes en horreur… avant de s’y accommoder sans trop de difficultés. Au niveau du casting, aussi, délaissant Bourdon mais donnant à Nadine l’opportunité d’être les yeux, les jambes (et le moteur d’une Porsche qui fait 167 kilomètres en moins d’une heure) d’un Ric Hochet en terre inconnue et face à un casting entièrement renouvelé. Même si l’arrestation de son père, Richard, figurant de luxe, le propulse dans ce sac de nœud.

Ric s’entend très vite avec « Dix Tonnes », souffre-douleur de quelques sales gosses à qui l’uniforme donne des ailes. Mais le nouveau duo formé (et qui espère être réformé bien avant les seize mois réglementaires) va être confronté à un meurtre… dont le corps disparaît aussi vite qu’il est apparu. Ce que ce tyran de sergent Lacquéreur (prononcez « La Terreur ») ne croit pas une seconde, « Mes ptits génies ».

À l’instar de la gouaille de ce sergent fort en gueule, Zidrou truffe le texte de jeux de mots jusqu’à plus soif. Rien ne vaut la ferveur de la parcimonie sauf qu’ici le scénariste polyvalent qu’il est se laisse prendre dans son élan et livre un festival de calembours en quelques pages d’introduction. Si l’un ou l’autre fait mouche (notamment lors des présentations : – Garibaldi Tovaleti. Ce… c’est italien comme nom. – Ric, Ric Hochet, ce… c’est un peu idiot comme nom.), le reste est asséné avec un manque criant de sobriété et de finesse. C’est l’armée, quoi, au pas de charge. Mais derrière le texte omniprésent, on sent que le duo d’auteurs nous cache quelque chose. D’inavouable ?

Au fur et à mesure qu’on avance dans ce tome, alors que Ric Hochet fait de temps en temps une escapade hors des quatre murs du baraquement (quelle chance, il est à quelques encablures de sa dulcinée) pour s’envoyer en l’air avec Nadine, l’enquête se partage les rôles: Nadine d’un côté pour tenter d’identifier le soldat… inconnu; Hochet et Garibaldi « Dix Tonnes » Tovaleti pour percer le mystère de sa mort, par deux fois. C’est là que les choses se corsent, alors qu’on a compris depuis longtemps que la couverture de ce quatrième tome mentait sur sa marchandise et n’envoyait pas Ric en territoire de guerre. Par un sixième sens ou un effet de manche fantastique, tout se résout. En effet, alors que des dizaines de kilomètres les séparent, c’est comme si Ric était connecté à Nadine et avait connaissance en temps réel des découvertes de celle-ci qui le mène à éclaircir le mystère. Le rôle de Nadine est renforcé, elle tient la baraque et porte la culotte mais paie le prix des maladresses de l’intrigue.

Ainsi, les maigres éléments qu’elle ramène ne suffisent en rien à résoudre l’enquête… et pourtant. Avec une facilité abracadabrante et la haute opinion qu’il a de lui-même, Ric Hochet suce de son pouce tout le reste, en deux temps trois mouvements et quelques cases, inventant des indices imaginaires (sans même avoir laissé le temps au lecteur de mener sa propre investigation). La résultante d’un album mené dans l’artificialité la plus totale, préférant les bons mots à son histoire et surprenant dans le plus mauvais sens du terme. Tant rien ne tient debout, si ce n’est le dessin de Van Liemt qui, malgré quelques défauts, a bonifié au fil des épisodes et sort ici de sa zone de confort. Après trois tomes qui montaient en puissance (le troisième était fameux et laissait augurer le meilleur), c’est la douche froide, le ramping dans une gadoue qui perd l’essence du personnage en le dévergondant de trop. Pour certains lecteurs de la première heure, c’est la cour martiale direct ! Avec un mauvais goût de terre et de sang dans la bouche, on attendra le cinquième tome (Commissaire Griot) pour se faire une opinion… définitive!?
Série: Les nouvelles enquêtes de Ric Hochet
Tome: 4 – Mort pour la France
Scénario: Zidrou
Dessin: Simon Van Liemt
Couleur: François Cerminaro
Genre: Policier, Thriller
Éditeur: Le Lombard
Nbre de pages: 56
Prix: 12,45€
Date de sortie: le 10/01/2020
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