Bully War et Antihéros: les vacances avant l’heure dans les écoles Urban Kids, entre ressentiments et bons sentiments, escape game et échange de corps

Une nouvelle fois, c’est la fin d’une drôle d’année qui se dessine à l’horizon proche. En temps de Covid, les élèves de nos pays ont goûté à ce que c’était de ne pas aller à l’école, ou alors de manière réduite, et éprouvé les difficultés d’apprendre et de tisser des liens sociaux en-dehors de son infrastructure. Le télé-apprentissage, c’est bien plus impossible à mettre en place que le télétravail. Peut-être que la légende urbaine qui veut que l’école c’est chiant et ça ne sert à rien va s’estomper pour faire place à sa façade la plus cool et essentielle dans la constitution d’humains bien dans leur peau. Même s’il faudrait pour l’accepter totalement régler aussi des problématiques qui n’ont cessé d’être tentaculaires à l’heure des réseaux (sociaux et asociaux) et, en premier, le harcèlement. Il y a de ça parmi les dernières parutions de la collection Urban Kids qui nous emmène dans des écoles sans restriction ni pandémie et où le fun a sa place, même en jonglant avec les peurs de chacun. On peut compter sur, d’une part, Skottie Young et Aaron Conley et, d’autre part, Kate Karyus Quinn, Demitria Lunetta, Maca Gil et Sam Lofti pour ne pas être… scolaires et souples. Comme le format de ces deux aventures débridées.

© Karyus/Lunetta/Gil/Lofti/Stern chez DC COmics

Bully Wars, la guerre des boutons et des bouffons

© Young/Conley/Beaulieu chez Image Comics

Résumé de l’éditeur : Tout au long de leur scolarité à Rottenville, Spencer, Edith, Ernie et bien d’autres ont dû subir les brimades incessantes de la plus grosse brute de l’école, Rufus Ruffhouse. En rentrant au lycée, ils n’auraient jamais imaginé que les choses puissent changer, que leur ennemi de toujours allait trouver plus fort que lui et devenir à son tour victime de harcèlement scolaire. Comble : lui qui pensait être le tyran le plus craint et respecté de la ville n’a même pas été convié à la célèbre « guerre des Brutes », dont Hock est l’indétrônable vainqueur depuis maintenant trois ans. Son ego en prend un sacré coup. C’est alors qu’une alliance étonnante va se faire entre Rufus et ses anciens boucs émissaires pour tenter de survivre ensemble au concours façon Hunger Games qui s’annonce.

La grande école, c’est un plongeon dans l’inconnu. Pour les bambins mal assurés comme les terreurs en puissance et pourtant en herbe. On peut se recréer ou s’enfoncer, laisser le passé derrière et recommencer d’une page blanche ou assumer ses arrières en avant, être sûr de son fait. Que de bouleversements. Spencer pensait pouvoir s’affranchir mais voilà que sur le pas de la prestigieuse Rottenville High, il rencontre son ennemi intime, celui contre lequel il ne fait pas le poids : Rufus Ruffhouse.

© Young/Conley/Beaulieu chez Image Comics

Il n’y a pas de raison que les choses changent, que ce tyran tout en jeans lâche la proie qu’il a travaillée tant d’années auparavant. Et pourtant, lui comme la bande à Spencer vont devoir s’écraser. Rottenville High, comme son emblème en témoigne, est un repaire de rats, de barbares musculeux prêts à tout pour rafler le dîner des petits, leur faire des blagues dégueulasses. En dehors des cours conventionnels, il y a même un prof, le coach Hurt (Trumpissime), qui incite un peu plus à la bagarre en bonne et due forme au coeur d’une compétition visant à élire la plus grosse brute du collège pour l’année à venir. Coup dur : Rufus Ruffhouse n’est même pas dans la short-list des participants, harceleur arrosé et bientôt pris pour cible par les ténors de la teigne. Spencer n’y est pas non plus, bien entendu, mais brute d’intelligence qu’il est, il peut peut-être aider son pire… ami. Ils ont plus de points communs qu’il ne semblait et le pacte est vite signé même si Rufus fera des rechutes.

© Young/Conley/Beaulieu chez Image Comics

Comme toujours avec Skottie Young, c’est un récit con mais bon que l’éternel gamin devenu créateur de comics nous livre. Con mais intelligent, car sur un canevas déjà tant vu et revu, l’auteur à l’origine d’I hate Fairyland (qu’on a adoré) crée la surprise, la machine à what the fuck avec une galerie de personnages caricaturaux mais irrésistibles, y compris dans leurs mauvais penchants. Avec un Aaron Conley sur la même longueur d’onde, « Fais-moi mal » Skottie livre un escape game décapant et néanmoins idéal pour trouver la solution dans le rire et le mordant aux situations qui peuvent miner des ados, jusqu’à l’irrémédiable dans les circonstances les plus tragiques. Ici, pas de place pour les larmes (si ce n’est le fruit de nos zygomatiques), tout le monde en prend pour son grade tout en gagnant du galon.


Antihéros, dans la peau de l’autre pour mieux comprendre sa force

© Karyus/Lunetta/Gil/Lofti/Stern chez DC COmics

Résumé de l’éditeur : Piper Pájaro et Sloane MacBrute sont deux jeunes filles de treize ans. À première vue, tout les oppose. Piper est populaire, enjouée et optimiste. Elle est toujours prête à rendre service à ses ami(e)s. Sloane, elle, est un loup solitaire. Elle est souvent grincheuse, voire acerbe et sait très bien se débrouiller par elle-même. Lorsqu’elles ne sont pas en cours, toutes deux enfilent leur plus beau costume pour rendre justice à leur façon : Piper utilise ses pouvoirs pour faire le bien, même si elle laisse souvent derrière elle un sacré bazar ; Sloane préfère mettre son intelligence au service d’actions plus contestables. Que se passerait-il si les deux jeunes filles se retrouvaient subitement projetées dans le corps de l’autre ?! Se trouveraient-elles finalement plus de points communs qu’elles ne l’auraient imaginé ? Il n’y a qu’un seul moyen de le découvrir !

© Karyus/Lunetta/Gil/Lofti/Stern chez DC COmics

Antihéros aurait tout aussi bien pu s’intituler antihéroïnes, tant les femmes font la loi dans cette partie de l’univers étendu de Gotham, résolument jeune mais pas insouciant comme on pourrait le penser. À l’aube de l’adolescence, Piper est pourtant la joie incarnée malgré l’absence de ses parents, partis à l’autre bout du monde et semblant l’oublier. Elle se rattrape en étant un peu trop couvée par son adorable abuela. Même âge, Sloane est le parfait négatif de Piper, elle rumine des idées trop noires pour son âge, entre sa maman gravement malade et une mafia, dont le chef est le redoutable Ours, qui profite de ses pouvoirs pour lui faire accomplir quelques menus vols de pièces inestimables et peut-être garantes d’une surpuissance magique.

© Karyus/Lunetta/Gil/Lofti/Stern chez Urban Comics

Il n’est plus à prouver que Gotham peut receler des trésors de cités perdues telles qu’en visite Indiana Jones. Et c’est lors d’un de ces vols que les maladroites Sloane et Piper vont se rencontrer sans le savoir (identité secrète oblige), la première tentant d’emporter son larcin, l’autre de l’en empêcher. Le mieux étant l’ennemi du bien comme du mal, ça va courir à la catastrophe et les deux filles qui ne peuvent pas se pifer et donc n’ont pas pris le temps de se connaître vont devenir intimes l’une à l’autre. L’appareil difficilement identifiable (autrement que sous sa forme rappelant un volant de véhicule) a le pouvoir d’inverser les corps. Sloane va se retrouver prisonnière du corps et du pouvoir de Piper et vice-versa. Le temps que les choses s’arrangent, les deux héroïnes maudites vont devoir faire illusion dans le cocon familial comme à l’école, tenter de gagner malgré tout le Programme X-Trême de celle-ci (financé par Bruce Wayne et permettant au lauréat de partir pour un beau voyage d’aventure et de science)  tout en empêchant L’Ours de mettre la main sur l’objet qui pourrait lui donner une suprématie ravageuse.

© Karyus/Lunetta/Gil/Lofti/Stern chez DC COmics

Bref, les enjeux sont multiples et bien trop grands pour une petite fille mal dans sa peau. Mais pour deux ? D’autant qu’un gamin de leur entourage, envoyé au rebut un peu plus tôt, pourrait bien se révéler en allié de choc. Après tout, dans l’adversité et en faisant corps avec l’ennemie-amie, la voie est peut-être toute trouvée pour réaliser son potentiel super-héroïque.

© Karyus/Lunetta/Gil/Lofti/Stern

Un peu plus adressé aux jeunes lecteurs que le tout public Bully Wars, Antihéros est un bon mix de thématiques à l’oeuvre dans ce que peut être la vie d’enfants abordant la puberté sans vraiment savoir ce qu’ils vont faire quand ils seront adultes. La magie donne ici un coup de pouce et de sort à Piper et Sloane, mais ce sont bien les ressources qu’elles avaient en elles qu’elles doivent utiliser pour avancer dans leur vie. Témoignage de surpassement, Antihéros est rythmé et bien emballé, pop et coloré, et devrait empocher l’adhésion.

Titre : Bully Wars

Récit complet

Scénario : Skottie Young

Dessin : Aaron Conley

Couleurs : Jean-François Beaulieu

Traduction : Julien Di Giacomo

Genre : Aventure, Humour, Jeunesse, Parodie

Éditeur VF : Urban Comics

Éditeur VO : Image Comics

Collection : Urban Kids

Nbre de pages : 144

Prix : 15€

Date de sortie : le 16/04/2021

Extraits :

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Titre : Antihéros

Récit complet

Spin-off de Batman

Scénario : Kate Karyus Quinn et Demitria Lunetta

Dessin : Maca Gil et Sam Lofti

Couleurs : Sarah Stern

Traduction : Sarah Dali

Genre : Humour, Jeunesse, Super-héros

Éditeur VF : Urban Comics

Éditeur VO : DC Comics

Collection : Urban Kids

Nbre de pages : 160

Prix : 10€

Date de sortie : le 16/04/2021

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