Hollywood, ses stars, son strass, son stress quand ça tourne mal !

Suite au succès de son précédent ouvrage, « Ça tourne mal » qui racontait l’histoire tumultueuse du cinéma français par le biais d’une multitude d’anecdotes amusantes. Philippe Lombard avait le choix, soit il rédigeait un tome 2 toujours axé sur le cinéma d’Outre-quiévrain (et il avait de la matière pour ça) ou soit il s’aventurait outre-atlantique, où tout est beaucoup plus démesuré. Que ce soit l’ego des stars, leurs caprices, leurs cachets mirobolants, ou le budget parfois dantesque alloué aux blockbusters. Il a finalement fait le choix de nous emmener aux States. Mais à l’inverse de l’excellente série « Hollywood » signée Ryan Murphy qui raconte le parcours fictif de plusieurs aspirants comédiens, tout ce qui est raconté dans le livre est vrai de vrai.

« Hollywood? C’est une usine où l’on fabrique dix-sept films sur une idée qui ne vaut même pas un court-métrage. »

Woody Allen

Bien avant le début de son tournage, la production d’un film peut déjà s’avérer chaotique. Prenez l’exemple du célèbre Parrain de Coppola. Ayant eu vent qu’un film sur la mafia italienne allait voir le jour, Joe Colombo, chef d’une des « Cinq Familles » de New York exige que ne soit jamais prononcé les termes  » Mafia » et « Cosa Nostra » dans le film. Pour être certain que son message soit bien entendu le producteur Al Ruddy reçoit ainsi des menaces de mort, pire, sa secrétaire se fait tirer dessus dans sa voiture. Visionnez vite le film de Coppola, jamais vous n’entendrez les mots « Mafia » et « Cosa-nostra ». Non on vous l’assure, on ne les susurre même pas. Pour la petite info, le fameux Joe Colombo fut assassiné pendant le tournage. Il faut dire que les hommes comme lui meurent rarement en tombant de leur vélo.

Lorsque la préproduction se déroule sans anicroche, la réalisation du film peut enfin commencer. Et vu les sommes astronomiques parfois mises en jeu il y a de quoi stresser le plus cool des réalisateurs. Prenez Cléopâtre par exemple. Pas celle de Chabat mais celle de Mankiewicz. 5 millions de dollars sont mis sur la table pour raconter l’histoire de la reine d’Egypte au célèbre nez. Encore fallait-il trouver l’actrice susceptible de pouvoir interpréter le rôle. Le choix se tourne vers Liz Taylor. Un choix que beaucoup regretteront. Car outre le fait que la star de « La chatte sur un toit brûlant » exige un cachet exorbitant, elle veut également que le film soit tourné avec le format de pellicule mis au point par l’un de ses (nombreux) maris, Mike Todd.

Si on ajoute à cela que Liz Taylor souhaite avoir à portée de main son coiffeur américain (le film est tourné en Angleterre) et qu’elle tombe soudainement malade, il y a de quoi pleurer à en faire déborder le Nil. En parlant d’eau, des pluies torrentielles interrompant le tournage, celui-ci se poursuit en Italie. Le film coûte tellement cher qu’il est demandé aux membres de l’équipe de partager les gobelets en carton (c’était avant le Covid)… Démarré en 1960, Cléopâtre verra enfin le jour 3 ans plus tard. Heureusement pour les producteurs, le film est un succès mondial. Quant à Liz Taylor, elle sort du tournage avec un nouveau copain, qu’elle épousera deux fois (Richard Burton) et 7 millions de dollars en plus sur son compte en banque.

Liz Taylor reine d’Egypte dans Cléopâtre

3 ans c’est évidemment énorme pour tourner un film, toutefois ce tournage aurait duré encore plus longtemps si Stanley Kubrick avait été aux commandes. Car le réalisateur de « 2001, l’Odyssée de l’espace » et de « Orange mécanique » avait la réputation d’être exigeant, même maladivement exigeant. Et ce n’est pas la pauvre Shelley Duval qui vous dira le contraire. En plus du fait que Kubrick voulait que l’équipe ignore totalement l’actrice durant le tournage pour qu’elle soit à fond dans son rôle de femme vivant isolée avec mari et enfant dans un hôtel complètement vide (quoique). Pour la traumatiser encore un peu plus Kubrick exige qu’elle répète 127 fois la fameuse scène dans laquelle on la voit menacer Jack Nicholson avec une batte de base-ball. On comprend mieux pourquoi Shelley Duval n’a plus beaucoup tourné par la suite et quand on revoit le film on se dit que le seul qui a dû vraiment prendre son pied durant le tournage c’est le gamin qui interprétait le rôle du petit Danny. Sûr qu’ il a certainement dû kiffer faire au moins cent fois le tour de l’Overlook Hôtel au volant de son go kart bleu.

Shelley Duvall lors de la 58ème prise de la fameuse scène de la batte de base-ball

Les réalisateurs sont parfois difficile à vivre mais ils doivent souvent composer avec des acteurs qui ne le sont pas moins. Compliqué en effet de tourner avec Robert Mitchum qui, entre les scènes, s’en va picoler chez les fermiers du coin, rentrant ivre mort au point de ne plus pouvoir tenir debout. Compliqué de tourner avec un Marlon Brando qui n’apprend pas son texte et qui demande que celui-ci soit collé sur le torse de son partenaire (voir photo) Oui osons le dire tout haut, les acteurs peuvent être très chiants quand ils s’y mettent.

Marlon Brando et son post-it sur le tournage du Parrain

Vous l’aurez compris l’ouvrage de Philippe Lombard est bourré d’anecdotes cocasses qu’on vous laisse le plaisir de découvrir. Quelques-unes sont connues (le requin en carton de Spielberg qui finira par en faire un de carton, l’amour immodéré d’Hitchock pour les blondes platines qui se transformait en haine lorsque celles-ci refusaient ses avances…)

Hitchcock et Janet Leigh sur le tournage de Psychose

On en redemande encore et encore et on lance une idée comme ça. Philippe Lombard, pourquoi ne pas écrire un bouquin sur les séries télé?

Sûr et certain que le tournage de Chips regorge d’anecdotes croustillantes. Que les acteurs de Friends n’étaient pas potes du tout dans la vraie vie. Que Tom Selleck alias Magnum était en vérité quelqu’un de très froid (si ça se trouve c’était peut-être la crème des hommes).

Oui y a de quoi faire c’est certain.

Titre : Ça tourne mal à Hollywood !

Auteur : Philippe Lombard

Genre : Humour

Éditeur : La Tengo éditions

Nbr de pages : 160

Date de sortie : le 12/11/2020

Prix : 22€

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