Branchés BIFFF volume#3: les chroniques d’Émilie

On se retrouve ce matin pour une nouvelle salve de chroniques. Au menu : une enquête fascinante, un mockumentary plaisant, un cercle de parole dément, et deux enfermements décevants !

Autant évacuer directement la déception pour terminer par le meilleur, on va donc parler d’Aporia, de Rec Revan. Des villageois sont utilisés comme cobayes d’une expérience dont on ne sait rien, relâchés dans la brousse pour être tirés comme des lapins de garenne. Un couple parvient in extremis à sauter dans une fosse et à s’y cacher, mais ne sont pas au bout de leurs peines. Peut-être que j’en attendais trop, peut-être que je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour l’apprécier, mais je n’ai pas trouvé grand chose à sauver dans ce film. J’ai aimé les premières minutes, parce qu’il y a du mystère et parce qu’un petit écartèlement c’est toujours sympatoche. J’ai également apprécié la dernière scène, avec une petite surprise finale franchement très appréciée. Voilà. Maintenant on va parler de tout ce qui se passe entre les premières et dernières 5 à 10 minutes, et ça ne va pas être la même histoire…

On va commencer par l’affiche, qui montre en gros plan Aysel Yusubova, actrice principale. Si elle est mise en avant sur l’affiche, n’espérez pourtant pas qu’elle serve à quoi que ce soit dans ce film. Elle est passive, apeurée, fatiguée, faible, hésitante, dépendante, bref… un boulet. Un bon point pour sa seule initiative du film, qui dure une minute et qui nous réveille un peu, mais c’est bien la seule. J’en croise certains qui me disent que c’est peut-être une différence culturelle par rapport à la place de la femme en Azerbaïdjan, en effet, et peut-être que ce film présente à lui seul une belle avancée par rapport à ce qui se fait d’habitude, je suis bien incapable de le juger, ne connaissant pas du tout ce cinéma. Si c’est le cas, je salue l’effort, mais il reste du chemin.

On va ensuite parler des dialogues. En l’état, ce film aurait pu être muet, ça n’aurait pas changé grand chose, tant les dialogues et les monologues sont soit trop explicatifs, soit inutiles. Elle ou le mari auraient pu avoir une formation de géologue, et ainsi distiller quelques informations utiles et inédites à l’autre. Au lieu de ça, on se retrouve avec grosso modo une succession de  « j’ai faim » et de « on va mourir » qui n’apportent rien, ni à eux, ni à nous.

On enchaîne avec les invraisemblances. Parce qu’il y en a et pas qu’un peu, hélas. Déjà, la profondeur de cette fameuse fosse où ils sont tombés. Elle semble selon les prises de vue et les plans, soit faire 2m de profondeur, soit 5… Parfois, on dirait qu’il suffirait que madame grimpe sur les épaules de monsieur pour sortir. La pluie, tantôt sauveuse tantôt vilaine. La première fois qu’il pleut, ils vont se noyer, la deuxième fois, finalement ça va leur permettre de nager jusqu’en haut (peut être ont-ils appris à nager entre temps). Le fait qu’après des pluies torrentielles au fin fond d’une fosse où RIEN n’est sec, le mari parvienne tranquillement à allumer un feu pour éloigner les animaux (spoiler alert mon gars : les prédateurs ne sont pas cons, quand ils voient un trou, même s’il n’y a pas de feu dedans, ils ne vont pas s’y jeter). Bref, plein de petits détails qui font que vraiment, je n’ai pas réussi à rentrer dans ce film qui, je pense, se voulait vraiment dramatique et sérieux, et non pas comique. Une grosse déception, parce que vraiment, j’en attendais beaucoup.

 

On va parler d’Extro, de Naoki Murahashi. Un mockumentary sur le monde du doublage, qui se laisse regarder avec plaisir. On suit Kozo Haginoya, un retraité de 63 ans qui écume les plateaux de tournage en tant que figurant, mais vous verrez aussi des policiers infiltrés, un monstre mythique et d’autres petits extras croustillants qu’il serait dommage de manquer. Ce film oscille toujours à la limite et est vraiment bien construit. c’est parfois drôle, parfois triste, parfois étonnant, mais le tout donne un bon mélange qui permet de passer un bon moment entre deux films où les intestins volent dans tous les coins !

 

Intestins ? En route pour Vicious fun, de Cody Calahan. Un film très très sympa, avec donc, vous l’aurez compris, des intestins, mais pas que ! Un concept de base qui est vraiment excellent, même si j’ai un peu moins adhéré à la suite, j’aurai aimé que  » Phil  » continue de prétendre à son histoire un peu plus longtemps. N’empêche, j’ai passé un bon moment, et mention spéciale à Ari Millen, que j’ai pris plaisir à retrouver après l’avoir découvert dans Orphan Black. À voir, donc !

Plus que deux titres à vous présenter dans cette chronique, alors avant de présenter mon coup de cœur de ces derniers jours, on va parler d’une déception, avec Ropes, de José Luis Montesinos. Une jeune fille tétraplégique depuis peu est amenée par son père dans une grand maison isolée, avec leur chien-aide Athos. Mais rien ne se passe comme prévu ! Cette fois encore, je pense que j’en attendais beaucoup trop. La mention à « The Pool« , que j’avais adoré en 2019, me faisait espérer un coup de cœur, hélas… trois fois hélas ! Le début est bon (c’est souvent le cas), le point de départ est intéressant et on se dit que ok, si ça part dans un délire bienvenu, on va passer une bonne soirée. Mais malheureusement, on reste tout de même assez sérieux, du coup les péripéties et rebondissements ne prennent pas, les ficelles sont trop grosses et on n’y croit pas une seule seconde (ce qui n’aurait pas été un problème dans un film délirant, mais ici ça ne passe pas). Des invraisemblances (que je ne vais pas lister ici, d’abord pour ne pas spoiler, et ensuite parce que j’en aurai pour la journée), des facilités, des rebondissements qu’on voit arriver bien à l’avance… Mention spéciale néanmoins pour le passage de la lettre, que j’ai trouvé très émouvant et beau, mais qui n’a pas suffit pour rattraper tout le film à mes yeux. Bref, déçue.

 

Et on arrive enfin au 5ème et dernier film de cette chronique et cette fois, accrochez-vous parce que c’est un coup de cœur intégral pour ce film qui pourtant ne partait pas avec les meilleures chances avec moi : The Barcelona Vampiress, de Lluís Danés. Quelque part dans les années 1912, une tueuse en série est clouée au pilori pour enlèvement et assassinat de nombreux enfants, utilisant leurs os pour confectionner des remèdes. Une histoire vraie, devenue mythique. Ca, c’est pour le fond de l’histoire. Intéressant, intriguant, bien construit et bien mené. On suit un journaliste qui mène l’enquête à l’époque des disparitions. L’histoire permet non seulement de nous faire passer un très bon moment, mais elle porte aussi des thèmes forts, comme la lutte des classes, le pouvoir politique des élites de la société, l’hypocrisie des bien-pensants. Ca, c’est pour les thèmes ! Mais ce film dénote aussi par sa forme. Autant le dire tout de suite, je déteste le noir et blanc, pourtant ici, la gestion parcimonieuse des couleurs est si justement dosée qu’on se laisse emporter, les plans et transitions glissent sans une seule fausse note, la musique (du compositeur Alfred Tapscott) sert le film à merveille. Et que dire de la fin, qui est tout simplement parfaite (mais dont je n’en dirai pas un mot de plus, pour ne pas gâcher!) Bref, fascinant, à voir !

Portée par mon élan, il y aura finalement une 4ème salve de chroniques, voire une 5ème, qui sait !

 

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