Le poids des traditions, du rôle qu’on vous donne sans vous demander votre avis, ou de celui que vous endossez par convention sociale intériorisée, cela en a fait des bouquins, et il y en aura encore beaucoup. Le sujet est inépuisable. De Nord en Sud, entre un livre jeunesse et un roman graphique, Mélanie Allag se penche, en compagnie de Richard Petitsigne et d’Aurélien Ducoudray, sur deux variations de cette identité à trouver dans une tribu. Avec un pouvoir graphique fascinant.

Aldrik le viking pacifique, il doit bien être le seul et ça ne se passera pas comme ça !

Résumé de l’éditeur : Pour honorer les Vikings et gagner sa place au Valhalla, il faut combattre. Seulement voilà, Aldrik n’aime pas la guerre. Il lui préfère la musique, les contes, la peinture… Sa famille tente de lui faire entendre raison : a-t-on jamais vu un Viking préférer les arts au combat ? Mais Aldrik mène un combat bien à lui : devenir le premier Viking pacifique ! Va-t-il réussir à suivre sa propre voie ?

Chez les vikings, la guerre, le sang, la violence et les tripes de l’ennemi (qui n’a parfois rien demandé), c’est un business, tout un art. Peut-être encore plus depuis qu’ils regardent la série à laquelle ils ont donné leur nom, ils ont une réputation à tenir. Faites l’amour par la guerre, on dit comment ça dans la langue de ce Nord ? A priori, ça n’existe pas. Ces hommes et femmes à casques visent haut, le Valhalla.

Ici, on ne vit donc pas d’amour et d’eau fraîche, mais de massacres et de conquêtes. Comme si les balafres étaient le pass pour ce paradis. Mais rien n’y fait, Aldrik ne se fera pas endoctriner, il voue sa vie au chant, au dessin, à l’expression de ses sentiments paisibles pour le monde qui l’entoure. Ses armes sont de bois et de couleurs, sans le moindre gramme de haine. C’est autre chose qu’il veut semer. Mais l’océan à agresser risque bien de noyer ses petites graines. Car contre vents et marées, les siens veulent en faire un guerrier.

Si le combat se gagne dans la persévérance, Aldrick en a à revendre pour réaliser son rêve tout en trêve. Sa famille, ses amis, malgré toutes les expériences et les horizons dans lesquels ils l’entraînent (on a même cru voir que, pour une fois, les pirates étaient vengés d’Obélix et des gau…gau… gaulois, dont le bateau a été secoué par les Vikings), ils n’arriveront pas à changer Aldrick de destinée.

Manifeste pour l’acceptation et la défense de ce qu’on est, pour l’authenticité face aux regards des autres et pour la force de la non-violence, Richard Petitsigne et Mélanie Allag signent un très chouette album, s’émancipant du froid et de la neige trop clichés pour nous dépayser. Surtout, Mélanie Allag réussit pleinement à mettre en valeur le contraste entre la nature d’Aldrick et la violence de sa tribu. Il fallait que celle-ci soit explicite mais pas hard, nous sommes dans un album pour enfants quand même ! Mélanie Allag y est arrivée, avec beaucoup d’humour et quelques bosses. Et comme l’opposition fait l’animosité, les deux auteurs ont malicieusement trouvé un terrain d’entente pour que chacun y trouve son compte.

Le repas des Hyènes, des hallucinations aux cauchemars bien réels


Résumé de l’éditeur : Kubé et Kana sont jumeaux mais Kubé, né le premier, a le privilège d’accompagner leur père au repas des hyènes dont le rire strident peut faire revenir les défunts d’entre les morts. Kana ne se fait pas à l’idée d’être berger et décide d’assister à la cérémonie d’intronisation de son frère. Malheureusement, le garçon perturbe son déroulement et réveille l’esprit maléfique d’un Yéban. Ce démon va passer un marché avec Kana…


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