L’exposition « Welcome to Camp America » est actuellement à découvrir au Musée de la photographie à Charleroi.
Un parcours étonnant
La photographe américaine Debi Cornwall étudie la photographie à Rhode Island School of Design de 1992 à 1995, pour ensuite obtenir la distinction en culture moderne et médias (photographie) à l’université Brown. En 2000, elle est diplômée en droit de l’université d’Harvard. Pendant douze années, elle exerce en tant qu’avocate spécialisée dans les droits civils au barreau de New-York. Cette expérience se fait ressentir à travers une œuvre engagée.
Elle réalise en 2014 un retour tonitruant dans le monde de la photographie avec cette exposition « Welcome to Camp America ».
Une exposition pleine de contrastes
Son travail artistique prend place à Guantanamo – Gitmo, surnom donné par ses habitants, à la pointe Est de Cuba. Bien que souvent limité à l’image du tristement célèbre centre de détention, Guantanamo est également une base navale hébergeant les militaires, leurs familles et les travailleurs.
Afin d’illustrer ces deux réalités cohabitant à quelques kilomètres l’une de l’autre, Debi Cornwall va diviser son œuvre en trois parties.
La première, Gitmo at Home, Gitmo at Play oppose, d’une part, les conditions de vie des détenus (Petite cellule, tapis de prière en caoutchouc, pieds attachés au sol pour regarder un film,…) et, d’autre part, celles de la base navale, où s’est organisée une petite banlieue américaine à allure de cité balnéaire (transats en bord de mer, piscines, jeux,…).

La deuxième, Gitmo on sale, illustre le « magasin souvenir » se trouvant sur la base navale. On peut y trouver de tout, une figurine de Fidel Castro, des mugs, des peluches…
La troisième Beyond Gitmo, est étonnante. La photographe est partie à la recherche d’ex-détenus du camp à travers le monde. Ceux-ci ont été retrouvés dans leur pays d’origine, ou lorsqu’ils se voyaient refuser le droit d’entrée dans leur nouveau pays d’accueil.

Un travail sous conditions
Bien entendu, la photographe a été encadrée, durant ces trois séjours effectués entre mars 2014 et janvier 2015, à travers un règlement de 12 pages. Il lui était strictement interdit de photographier le visage des soldats, de même que les dispositifs de surveillance. Elle était escortée de manière permanente et les cartes SD étaient validées chaque jour.
Elle devra même développer les négatifs dans la baignoire de sa chambre d’hôtel, le tout sous bonne escorte, afin qu’ils puissent être inspectés.
Debi Cornwall réalise à travers ses photographies un examen d’une des réalités créées par l’Etat Américain : Gitmo.
Cette exposition est à découvrir jusqu’au 16 mai 2021 / Place des Essarts, 6032, Charleroi.
Réservation obligatoire via le site https://www.museephoto.be ou par téléphone 071/43.58.10.
Céline Lucas
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