Rune Ryberg a encore frappé. Auteur-mascotte des Aventuriers de l’étrange, le Danois amène un peu de son pays dans l’universel mélange des genres. Avec Benni Bodker au scénario et Lærke Enemark aux couleurs, Rune Ryberg nous met sur la piste de phénomènes étranges, de créatures spéciales et de mondes parallèles qui font plus cauchemarder que rêver. Mais qui nous scotchent à nos sièges. Hue dada.

Résumé de l’éditeur : Madame Kowalski est morte. C’était écrit dans le journal de ce matin. Des milliers de gens sont venus assister aux funérailles car elle était une femme unique. Tellement unique qu’elle avait prédit sa propre mort à l’exacte minute près. Et depuis, des failles dans notre réalité sont apparues. Des monstres rampants et gluants pullulent désormais. Pourtant la vie continue car personne ne perçoit la menace, personne ne voit rien. Je suis le Dr. Harryhausen et j’entends bien mettre fin à tout cette chienlit.

Non, ne vous méprenez pas, ce n’est pas un pilleur de tombe mais peut-être bien le sauveur de l’humanité, aveuglée: le Dr. Harryhausen. Pris la main dans le cercueil, le barbu à l’oeil averti doit rentrer bredouille pour ne pas aller en prison, mais le mal était bien là, tentaculaire. C’est ce qu’on voit dès les prémisses de cette saga.

L’éther n’a pas d’odeur, elle nous en veut mais reste invisible. À l’exception près d’Harryhausen et son mini-homme à tout faire (y compris porter les flingues) affublé d’une tête de « cochon de l’espace » sous sa cagoule. Alors que le monde vaque à ses occupations, insouciamment, le duo sait qu’il est temps de se préparer, sur terre ou dans les airs, au grand combat contre des forces surnaturelles et surpuissantes qui pourrait gober la terre, si pas l’univers.

Préparés, les deux magiciens ne le sont pas, et il y a un air de panique désorganisée dans leur aventure. L’armée immonde en face d’eux est féroce, se servant de la naïveté d’apprentis sorciers (spiritisme etcetera) pour s’immiscer un peu plus dans nos vies damnées. Sur des couleurs de Laerke Enemark très tranchées (comme pouvait les aimer Morris) et faisant tache d’encre pour imbiber les ambiances et le rythme de l’action, Benni Bodker et Rune Ryberg livrent une aventure aussi surréaliste qu’expressionniste, faisant de grands bonds entre les univers de romanciers comme Lovecraft ou de cinéastes fantastiques comme Polanski et des auteurs de BD comme Trondheim, Sapin ou Sfar. On ne sait pas vers où on va, mais on y va, et les auteurs n’ont pas usurpé leur « kaboom! » retentissant, voilà une première partie explosive et malsaine, mais aussi très excitante.

En attendant le deuxième acte, libre comme l’air, Rune Ryberg s’est livré, toujours dans son style aventureux et iconoclaste, à un récit de kaïjus: Les dinosaures de l’Apocalypse. En voici le résumé donné par l’éditeur: « dans un monde postapocalyptique, une bande de chats défie des dinosaures. Le nouvel album de Rune Ryberg ! Toujours aussi fou, toujours aussi débridé, toujours aussi référencé à la pop-culture des année 80/90 avec une fois encore en toile de fond, le questionnement sur l’acceptation de soi et l’appartenance. » L’album sortira le 16 avril et proposera une copie retravaillée et augmentée d’une quinzaine de pages de l’album Turbo Fang paru au Danemark il y a quelques années.
Ah oui, et, au fond, on ne serait pas contre une aventure de Spirou sous ses traits :
Série : Homunculus
Tome : 1 – Le serpent de feu
Scénario : Benni Bodker
Dessin : Rune Ryberg
Couleurs :Lærke Enemark
Genre : Fantastique, Horreur, Paranormal
Éditeur : Les aventuriers de l’étrange
Nbre de pages : 76
Prix : 16€
Date de sortie : le 25/09/2020
Extraits :