Chef d’orchestre de tout un Pataquès qui voit défiler les talents pour le meilleur et pour le rire, James n’a pas pour autant lâché le crayon et profite de sa collection pour épancher ses délires. Prenant pour cibles les humains qui ne sont jamais aussi drôles que quand ils sont métamorphosés en animaux, le trublion dépeint sa vérité nue, au poil.

Résumé de l’éditeur: Le livre propose 100 moments où la vérité finit par surgir. Pourquoi les éléphants détestent-ils la tradition de la galette des rois ? Que savons-nous du virus très virulent de la connerie ? Pourquoi nous spoile-t-on nos voyages en avion avant le décollage ? Pourquoi porter des chaussures sans chaussettes ? Autant de questions universelles qui trouvent enfin une réponse définitive dans ce livre.

C’est une sacrée ménagerie qu’a rassemblée James pour son dernier livre. Oh pas de barreau ni de laisse, c’est en liberté que se balade ce petit monde, il faut dire domestiqué et, même plus, humanisé. Ils ont des costards (mais ça ne les empêche pas de craquer leur slip) ou des vêtements de sport, sont banquiers ou caissiers et, surtout, ils trahissent tous nos petits défauts, nos réflexes et réflexions, tout en y ajoutant une bonne dose de non-sens qui s’exprime dans la concision.

Une case ou quatre, c’est le temps et l’espace que James se donne pour amener le lecteur à rire à gorge déployée, se dire que c’est quand même bien trouvé et campé. Se saisissant d’aventures banales et routinières (si ce n’est que des animaux d’ici ou d’ailleurs la squattent), l’auteur renverse le comique de situation pour en imposer un autre, tellement premier degré qu’il est insensé et inattendu.

Bien sûr, on pourrait croire que l’on va s’y faire, que la méthode va fonctionner quelques fois avant de se casser les dents sur la distance (100 pages) mais il n’en est rien et James applique sa formule magique et corrosive tout en parvenant toujours à nous prendre au jeu. Un régal pour peu qu’on goûte à ce genre de digressions.

Avocat du diable et de pire encore

Résumé de l’éditeur : Qui de mieux que l’avocat du diable pour défendre tous les meurtriers issus de l’Histoire et de la culture populaire ? Ces chers accusés mettent donc leur avenir entre ses mains. Et si notre personnage emprunte ses traits à Jacques Vergès, ce n’est bien entendu que pure coïncidence. Comme personne n’est fait de marbre, ces cas impossibles à défendre pourront avoir une influence sur sa vie intime.

Dans le festival que propose la collection Pataquès, comme nous le disions, le niveau est souvent de compétition mais, de temps à autre, il y a un pétard mouillé. Le dernier en date, et le seul dans la dizaine d’albums que j’ai dû lire, c’est Avocat du diable de Téhem. Le pitch est simple et est prétexte à l’humour outrancier, à se moquer de tout et notamment des infréquentables. Dans ce cas, les pires criminels que le monde (réel ou fictif) ait connus.

Téhem n’est pas le premier à s’engouffrer dans cette voie et il faut dire que le puits de la médiocrité assassine et ravageuse est sans fonds. De King Kong à Hitler en passant par Dark Vador ou Poutine, Téhem a réuni un casting XXL pour se faire plaisir sans arriver à nous communiquer son bonheur de défendre tous ces génies du crime. Si son héros, sans peur ni reproche, se montre expressif et enjoué dans cette BD de prétoire, dans laquelle les plaidoiries se font en quatre cases, je suis complètement resté de glace face à ces tentatives de blagues plutôt nébuleuses et pas toujours franchement rigolotes. Oh, ça fait bien mouche l’une ou l’autre fois mais, pour le reste, le pire côtoie le pire. Sans appel.

Titre : La vérité nue
Recueil de gags
Scénario, dessin et couleurs : James
Genre : Absurde, Anthropomorphe, Humour, Société
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
Nbre de pages : 104
Prix : 14,95€
Date de sortie : le 16/09/2020
Extraits :