Fin de cycle et apparemment fin de série. La fureur des dieux, mais aussi de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, continue dans ce cycle italien conçu entre chasse à l’homme et captivité. Avec des volte-face, des retournements de situation qu’on n’attendait plus et la preuve que des sentiments bien humains peuvent trancher le sort d’une guerre, qu’elle soit politique ou religieuse.

Résumé de l’éditeur : Pour Tancrède, c’est l’heure de tous les dangers. Capturé par Hugues, le voilà entre les mains de Guillaume de Hauteville, le chef des troupes normandes. Celui-ci voit en lui un redoutable soldat dont il aimerait se faire un allié. Afin d’inciter Tancrède à réveiller son âme guerrière, depuis longtemps en sommeil, Guillaume l’oppose en combat singulier à plusieurs prisonniers, auxquels il promet la liberté en cas de victoire. « Tu t’apprêtes à faire sortir le diable », lui glisse Étienne, le représentant du pape. Aucun homme ne saura vaincre Tancrède.


Ça commence comme un western, les chacals armés jusqu’aux dents ont vite fait de retrouver ce diable de Normand, Robert ou Tancrède. Entre les deux, son coeur d’acier trempé, ensanglanté balançait mais Robert a perdu et Tancrède fait voeux pieux de résilience, de résistance à son appétit de violence. Après avoir tranché, il veut se retrancher. Accompagné de deux femmes, pas n’importe qui, dans sa fuite, le chevalier jusque-là invincible va pourtant se sacrifier pour garantir la fuite des deux belles.


Si certains le veulent mort, le désormais seigneur en cette région a d’autres destinées pour lui. Le passé de Robert parle pour lui, il peut être un atout, le fer de lance vers la victoire s’il recouvre ses esprits, sa démentielle bestialité. Comme un lion en cage, Tancrède lâchera-t-il du leste au diable qui l’habite, comprimé, refréné?

Après le déluge de sang et d’épées, le duo terrible continue à jouer avec les émotions sur le fil de la lame, avec quelques scènes (ou fresques) dantesques, mais leur trouve un autre sens que la conquête et le pouvoir. Alors que la lutte continue, les auteurs ont été vaincus par la force de caractère d’un Tancrède qui ne veut plus qu’on l’emmerde, qui veut vivre sa vie de retraité des champs de bataille. Pieds et poings liés, les deux auteurs, plus que le maître de ce château assiégé où il est retenu prisonnier, laisse le choix à leur héros de passer plus par le dialogue que par le combat. Bon, ça ne tient pas qu’à lui, il devra faire des entorses à ses principes d’aujourd’hui, mais le guerrier badass et balafré affirme son nouveau nom et trouve une fin qui pourrait être banale dans bien des histoires mais qui devient très surprenante ici. Brugeas et Toulhoat ne nous ont pas habitués à ça mais réussissent leur coup et bouclent une tétralogie remuante jusqu’aux tripes, souvent éviscérées d’ailleurs, dont la fureur du titre ne laissait pas à ce point imaginer le déluge majestueux qui allait s’installer dans ces pages, entre peplum et guerre médiévale.

Pour fêter cette cavale en terres barbares et historiques rondement menée, les deux auteurs s’invitent dans les murs et aux cimaises de la galerie bruxelloise d’Huberty Breyne, de ce 11 février au 27 février. Une expo-vente et l’occasion de vivre en « version originale » ce baroud d’honneur et d’admirer quelques planches spectaculaires issues des albums précédents de la série, ainsi que de nombreuses illustrations pour certaines inédites.

Série : Ira Dei
Tome : 4 – Mon nom est Tancrède
Scénario : Vincent Brugeas
Dessin et couleurs : Ronan Toulhoat
Aplats de couleurs : Rémy Pennarun
Genre : Guerre, Médiéval, Aventure
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 56
Prix : 14,50€
Date de sortie : le 12/02/2021
Extraits :