Spirite: la magie animée au bout des doigts, Mara nous fait croire fort et en beauté aux fantômes

Il y a des albums, comme ça, qui traînent dans la pile à lire (PÀL pour les intimes), semblant attendre le bon moment pour être dégustés. C’est le cas du premier tome (d’une tétralogie annoncée) de Spirite, nouvelle histoire de la Suissesse Mara. Je ne sais pourquoi, alors que je l’attendais impatiemment, instinctivement je ne m’en suis pas saisi tout de suite. Puis, sont venus ce dimanche de tempête, sombre, nocturne, et cette bonne idée de dévorer cette BD à la lumière d’une lampe-torche, presque à la chaleur d’une chandelle. Ambiance idéale pour se propulser quelque part entre la véridique et fantasmée déflagration par une onde sonore à Tunguska en Sibérie et le New York des années 30. De tous les possibles même ectoplasmiques.

© Mara chez Drakoo

Résumé de l’éditeur : Dans le New York des années 1930, Ian Davenport, timide jeune chercheur en spiritologie qui traque mais surtout étudie les fantômes, voit son mentor et ami Boris Voynich se faire assassiner sous ses yeux dans des circonstances étranges. Il se retrouve alors propulsé dans une sombre histoire de meurtres inexpliqués qui semblent ne cibler que ses confrères spiritologues. Seul, désespéré, rejeté par la police qui ne le prend pas au sérieux de par son métier peu crédible, il décide de chercher de l’aide auprès des journalistes d’une rubrique paranormal d’un grand journal New York. Là, il y rencontre Nell Lovelace, une jeune femme sceptique au caractère bien trempé, qui accepte à contrecœur de l’aider. Ensemble, ils vont tenter de percer le secret de cette affaire de meurtres, qui semble liée à la terrible explosion d’origine mystérieuse de Tunguska en 1908, contrée perdue de la Sibérie profonde.

© Mara chez Drakoo

Retour vers le futur et le passé. Enfant des années 80 et des années 90, qui voyaient voler les DeLorean autant que le lasso d’Indiana Jones, sans parler des Men In Black, qui voyaient la métamorphose de l’animation Disneyienne (le Bossu de Notre-Dame; Atlantide, l’empire perdu dont on sent à quel point l’inspiration graphique a profondément marqué l’auteure), Mara est partie par la grâce envoûtante de son dessin dans les folles années 30. Avec les progrès technologiques galopant et la passion qui met le surnaturel à portée de main, Ian et son mentor Boris Voynich sont parfois vus comme de drôles de zigotos mais ils ont l’assurance qu’ils pourront bientôt prouver à la face du monde que les fantômes, sur une échelle de 1 à 10 (du plus transparent au plus visible), existent bel et bien. Dans leur labo, secrètement, ils sont même arrivés à convoquer le spectre d’un petit bonhomme. Mais, en attendant l’heure de vérité, ce sont plutôt les mascarades que le duo cherche à dénoncer.

© Mara
© Mara

Mais, un soir, tout bascule, une escouade de soldats semblant plus morts que vivants essaie de soutirer des infos à Boris, pour retrouver certains de ses collègues. Celui-ci n’ayant aucune réponse satisfaisante à apporter, Boris est achevé et Ian doit fuir, sans refuge mais avec volonté de faire éclater au grand jour cette sordide affaire. Malgré la résistance de la journaliste qu’il trouve, une Nell Lovelace pas rompue aux preuves simplistes d’une vie avec la mort, il y a des signes qui ne trompent pas. Commence alors une grande aventure.

© Mara
© Mara

C’est peu dire qu’on aime gâter le lecteur aux jeunes Éditions Drakoo, avec 54 planches de récit et huit pages de carnet de croquis relaté par le héros lui-même, l’équipe de Christophe Arleston donne tout le loisir à Mara de déployer son univers. Je dois avouer que je suis honteux de ne pas avoir découvert cette auteure auparavant tant elle fait une oeuvre de liaison parfaite entre son amour du dessin animé et celui de l’art séquentiel. Spirite, dans cette première partie, se lit et se vit comme un film d’animation, avec des fonds de couleurs bien tranchées et une virtuosité à faire bouger les personnages.

© Mara
© Mara chez Drakoo

Mara est impressionnante dans sa manière de digérer toutes les références pour en tirer le meilleur et donner à son histoire une existence profondément autonome. Ici, ce n’est pas du lèche-vitrines, du fan service, du prétexte, l’auteure complète n’a pas son pareil pour donner un surplus de vivacité à chacun de ses acteurs, au premier plan comme parmi les figurants. Tous ont la même authenticité, une vie pas négligée.

© Mara

D’une journaliste et d’un apprenti sorcier (on sent un peu d’Animaux fantastiques, aussi) chasseur de fantômes, d’une actrice à un guide de ballons dirigeables sur les toits des buildings, Mara réunit du beau monde qui n’aurait jamais du se rencontrer. Pour le reste, l’histoire, dans son cheminement, est un peu attendue, avec peut-être trop d’éléments déjà donnés dans le flashback d’introduction. Mais si le mystère n’est pas totalement au rendez-vous, Mara brille surtout à jeter les jalons d’une équipe, à resserrer les liens entre ces inconnus pour les amener dans une aventure qui promet d’être palpitante et d’une grande générosité. Parce que l’univers que bâtit la trentenaire est impérial. Qu’est-ce qu’on voyage. En voyant ça, la question ne se pose pas, on croit aux fantômes ! Tout beaux, tout intrigants.

© Mara

Le second tome s’intitulera Eisenstern, le personnage recherché par la menaçante armada. Et Mara l’a déjà bien entamé:

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Ah oui, quelques bribes de making-of par l’auteure.

Série : Spirite

Tome : 1 – Tunguska

Scénario, dessin et couleurs : Mara

Assistantes couleurs : Carole Bride et Sûria Barbier

Genre : Fantastique

Éditeur : Drakoo

Nbre de pages : 64

Prix : 15,90€

Date de sortie : le 30/09/2020

Extraits : 

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