Apprendre à tomber, c’est apprendre à mieux se relever, à continuer à avancer: Mikaël Ross nous fait visiter le village des « différences »

Entre témoignages et situations cocasses, Mikaël Ross nous fait vivre au milieu d’un village où des personnes avec ou sans handicap se côtoient au quotidien. À la fois tendre et touchant, cette Humanité avec un grand H nous prouve encore que la nature de l’homme n’est pas totalement noire et que l’individualisme à outrance ne mène nulle part sur le long terme. Bienvenue au village de Neuerkerode, en Allemagne.

Résumé: Parce que sa mère est victime d’un accident, Noël voit sa vie bien organisée voler en éclats. Il est bientôt envoyé dans un établissement spécial, pour « les gens comme lui ». C’est la première fois de sa vie que Noël vit seul. C’est aussi la première fois qu’il doit composer avec autant d’autres personnes. A qui peut-il faire confiance? Qui peut-il aimer? Et lui, qui va l’aimer?

Mikaël Ross est un auteur munichois de 36 ans. Il entame des études de stylisme puis il rejoint Bruxelles pour suivre des études en bandes dessinées à St Luc. Il y rencontre Nicolas Wouters avec qui il partagera plusieurs projets. On lui doit: Totem avec Wouters, Les Pieds dans le béton et Apprendre à tomber en 2019.

Le dessin de couverture n’est pas des plus attirant de prime abord. Le coup de crayon semble grossier et mal habile. Mais une fois passé le cap, on se retrouve plongé dans un roman graphique très attirant. Le graphisme « enfantin » prend tout son sens, et ses rondeurs adoucissent ce monde inadapté à accueillir la personnalité de notre héros. On a l’impression que c’est Noël qui dessine sa vie. Les choses sont décrites de manière simple et détaillée. Les couleurs sont très prononcées comme pour souligner un moment particulier. Peut-être aussi un moyen mnémotechnique de garder des souvenirs fuyants?

Des éléments issus de l’interprétation « farfelue » de Noël se conjuguent avec une réalité rude et parfois anxiogène. Ross nous fait comprendre par ce procédé certains mécanismes de défenses. En interprétant ou en transformant le réel, Noël s’approprie sa vie et la rend compréhensible pour lui, mais aussi supportable.

En se fondant pendant quelques semaines dans ce village si particulier (qui a réellement existé) et en côtoyant ces personnages hauts en couleur, Mikaël Ross est parvenu à comprendre toute la dynamique de ce microcosme. Il a pu vivre des expériences riches en chaleur humaine. Allant du rire aux larmes en passant par la violence des mots ou des gestes. Il aborde la problématique du handicap et de la personne handicapé avec beaucoup de justesse et de pudeur. Ces personnages fictifs sont d’une authenticité désarmante. L’humour, l’amour sont des valeurs qui se sentent, se ressentent dans chaque petites scènes de vie décrite. On rit, on pleure et on apprend.

L’histoire de Noël ou de ses camarades reflète le monde des institutions et les obstacles que les « personnes différentes » (le sont-elles vraiment?) peuvent traverser dans la vie de tous les jours. Grâce à son roman graphique, il met en avant le travail de trois pionniers qui ont essayé de réunir « les laissés pour compte » et de les laisser vivre pleinement leurs différences. Après 150 ans de combat contre la bêtise, le nazisme et les préjugés, ce village continue d’accueillir le plus grand nombre de différences. Une richesse.

Titre: Apprendre à tomber

Scénario et Dessin : Mikaël Ross

Traduction: Jean-Batiste Coursaud

Genre: Roman graphique

Éditeur: Sarbacane

Nombre de page: 123

Prix: 22,50€

Date de sortie: le 04/09/2019

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