On a tous eu, comme Melvina, l’envie d' »être grand ». Mais quelles pourraient être les conséquences d’un vieillissement instantané? Et qu’est-ce qui définit un adulte ? Est-ce seulement l’âge ? Cette BD jeunesse de Rachele Aragno va plus loin que le monde de la magie: il interpelle par sa thématique et se rapproche très fort d’une fable contemporaine.
Résumé: Ceci n’est pas un conte de fées! Une petite fille, promise à un grand destin, plonge dans un univers fantastique, semé de pièges. Elle retrouvera des êtres chers qu’elle croyait perdus à jamais et découvrira ce qu’on risque de perdre quand on veut grandir trop vite…
Il était une fois une fille au long cheveux…heu non… pardon… ici, nous rencontrons Melvina, jeune fille rousse à lunette. Il n’y a en elle rien du stéréotype de la princesse de Disney. Elle n’échappe pas non plus de justesse à une marâtre psychopathe, ni ne s’éveille au bras d’un Prince charmant. Elle ne demande qu’une seule chose: qu’on l’écoute. Mais pour être écoutée, « il faut être grand car on n’écoute pas les enfants ». Partant en quête de son chat, elle fait une rencontre qui va changer le cours de son existence. Elle va aussi prendre conscience qu’il faut faire attention à ce que l’on souhaite car tous les vœux n’en valent pas la peine et que le prix à payer peut être élevé.
On doit ce roman graphique à la plume de Rachele Aragno. Cette artiste Italienne est née en Toscane en 1982. Diplômée de l’Ecole Internationale de la BD de Rome, elle travaille sur des illustrations de certains ouvrages de l’OMS. Elle réalise en 2017 les planches de « L »oiseau de Paradis » et publie une version courte de Melvina. Elle collabore avec BAO Publishing et travaille sur son roman graphique Melvina, une version plus longue.
Le scénario ne manque pas de piquant et regorge de rebondissements. On découvre un univers chatoyant. Chaque rencontres amène un nouveau piège ou une nouvelle énigme pour jalonner et rythmer assez bien l’aventure. La moral de l’histoire prend tout son sens lors de la dernière planche. L’aspect enfantin de ces rocambolesques mésaventures prend une tournure beaucoup plus psychologique et détermine pour l’auteure ce qu’est un « adulte ». On dépasse le monde de la féerie pour rentrer dans l’univers des « grands » et des responsabilités.
Sur le plan graphique, on se retrouve sur quelques choses de très moderne. Le dessin est nerveux (un peu trop parfois), les cases de formes et de tailles différentes permettent un découpage dynamique des planches. Les couleurs sont plutôt bien choisies et amènent de la rondeur (comme dans les contes de fées) au roman graphique.
Bref, j’ai aimé le rythme donné par l’autrice dans cette BD même si le dessin est parfois trop brouillon. Il y a énormément de détails dans une case et je pense que cela risque de perdre un peu les plus jeunes lecteurs. Le fond du scénario, bien que super-intéressant, risque de ne pas être compris une nouvelle fois par les plus jeunes. Ce pourquoi, je trouve ce roman parfait pour une lecture accompagnée, une lecture conjointe avant d’aller dormir ou pour combler une après-midi pluvieuse. Cet album est capable d’ouvrir un dialogue entre l’adulte et l’enfant. La boucle est ainsi bouclée, l’enfant se rapproche de l’adulte et celui-ci redevient enfant en partageant l’histoire. C’est ce qui le différencie de la concurrence et qui en fait un album très sympathique. La qualité d’impression et le choix du papier sont remarquables, ce qui permettra une longue vie à l’ouvrage. Merci aux Editions Dargaud pour ce choix.
Titre: Melvina
Scénario et dessin : Rachele Aragno
Traduction: Claudia Migliaccio
Genre: Bd jeunesse/roman graphique
Éditeur: Dargaud
Nombre de page: 192
Prix: 19,99€
Date de sortie: 21 août 2020
Un commentaire