La philatélie particulière de Bernard Boigelot pour redonner la saveur des lettres timbrées, postées et reçues

Exploitant la correspondance dans son ensemble, notre artiste transcende la « Lettre » et devient passeur d’histoire. Retraçant son enfance, Bernard Boigelot nous invite au voyage entre les époques mais aussi entre les émotions.

 

Ce samedi, profitant d’une après-midi calme et ensoleillée, je me suis rendu à Jambes à la Galerie Détour. Une exposition de Bernard Boigelot y a pris ses quartiers. Nous sonnons à la porte, Corona oblige, l’artiste nous demande de patienter quelques minutes le temps qu’il termine la visite précédente. Nous attendons bien volontiers tant l’atmosphère estivale régnant sur Jambes est agréable. Lorsque nous entrons, une autre ambiance nous assaille!

Bernard Boigelot est un professeur de peinture à la retraite de l’Académie des Beaux Arts de Namur. Il est un des représentants du  « Mail Art » ou de « l’art postal » belge. Son oeuvre se base sur plusieurs décennies, dans différents espaces: il transforme ainsi un arbre coupé par le gel en boite aux lettres ou il réexpédie du courrier datant de plusieurs années.

Pour ce faire, plusieurs « Facteurs » interviennent au sens propre comme au figuré. Alliant la précision du collage ou de la découpe, de la sérigraphie ou du choix des couleurs et un patrimoine philatélique commencé par son père; notre « passeur d’histoire » nous fait voyager à travers des boites à lettre et des époques.

Grâce à une scénographie et aux couleurs, l’artiste transcende la simple condition de la lettre ou du timbre-poste pour l’amener vers une structure ou un événement qui, par son existence, trouble le fil du temps. Il démonte et remonte certaines enveloppes oblitérées dans le passé et les réexpédie dans notre époque. Il démontre l’intemporalité de cette correspondance et du message qu’elle contient. J’avoue que beaucoup de facteurs doivent être devenu « Timbrés ».

Bernard travaille sur le temps mais aussi sur l’espace. Il donne du relief ou du volume à certaines oeuvres. Cette technique lui permet de faire vivre le timbre, l’oblitération ou la lettre dans un environnement en trois dimensions. En restant dans le monde de la philatélie, il parvient à créer un vêtement ou une sculpture.

 

Non seulement il travaille la « lettre » dans son ensemble, mais il y ajoute un patrimoine, son patrimoine. Il nous montre les vestiges de la communication. Oui, j’ai bien dit vestige car à l’heure des sms et emails, il est bon de se rappeler que l’on pouvait, antan, reconnaître une personne par son écriture. Et que des simples mots couchés sur du papier pouvaient contenir tout l’amour ou la détresse du monde. Le numérique remplace l’émotion pour l’uniformisation, la beauté de l’écriture par une vulgaire standardisation.

 

Vous ne resterez pas indifférent face au travail de cet artiste. Il a su par sa sincérité et son travail me rappeler les joies d’aller relever son courrier, d’écrire et l’impatience qui nous gagnait de recevoir une lettre de notre chère et tendre. J’ai la quarantaine et beaucoup ont connu comme moi la joie de recevoir une lettre de son amour de vacances (moi, c’était les colonies) ou de la part de la petite amie de l’école qui n’osait pas se dévoiler devant les autres. On dit toujours « les mots s’envolent et les écrits restent »: je pense que l’adage était destiné à l’exposition de Bernard Boigelot. Merci pour cet échange et votre gentillesse.

N’hésitez pas à lui rendre visite, il partagera avec vous son univers.

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