Dans les histoires de mafia, le lecteur-spectateur est souvent mis face à un héros candide, pas encore trop irrécupérable, qui fait ses premiers pas dans un monde gangrené d’argent, de violence et de pouvoir. De là viennent l’ascension et parfois la déchéance. Cette fois, sans que le procédé soit inédit, Jonathan Lang et Andrea Mutti (sous une couverture de Shawn Martinbrough, avec un revolver en guise de moustache) ont voulu fantasmer les dernières années du mafieux Meyer Lansky, contemporain de Lucky Luciano (dont Olivier Berlion s’est d’ailleurs emparé dans la série Agata). Ses derniers pas dans la mafia.
Résumé de l’éditeur : Le vieux Meyer laisse croire qu’il perd la boule dans une maison de retraite. Ainsi, il peut tranquillement régler quelques affaires en cours. Mais quand un jeune aide-soignant se retrouve involontairement impliqué, les deux compères s’embarquent dans une aventure endiablée… dont aucun des deux ne connaît la destination.

Dans le feu de l’action, ou plutôt son eau, c’est ainsi que commence le dernier baroud d’honneur de Meyer, à quelques noeuds d’une épave de bateau. Comme Tom Cruise ou Daniel Craig le ferait, notre bandit se détache de la chaise où il était amarré, sans qu’on lui demande ses dernières volontés, et regagne la surface. Comme dans la dernière aventure de Blake et Mortimer selon Gunzig, Van Dormael et Schuiten, Lansky approche les 80 ans mais peut compter sur la force des jeunes premiers. Le parti pris est assumé de bout en bout, Lansky est un super-papi, qui n’a pas peur de se jeter dans la mare aux crocodiles.

Sorti de sa maison de repos, Meyer n’a pas risqué sa vie à chaque instant où il frayait avec les requins du milieu pour mourir comme Monsieur tout le monde. D’autant plus qu’il y a encore un casse, un trésor qui l’obsède. Et une équipe à reconstituer, quitte à faire appel à un jeune paumé qui a un besoin criant d’argent et à former avec lui un vrai duo, duel parfois, de bras cassés, qu’il faudra pourtant serrer face à une horde de truands lancés à leurs trousses et une sanguinaire daronne.

Ne s’encombrant ni de la véracité des faits (pas de bannière « inspiré de faits réels », ici, Meyer est incarné comme un vrai héros de BD), ni de leur rationalité; les deux auteurs offrent à leur héros sa dernière chance, une prolongation pour gagner son billet vers Israël, le pays de ses origines. Andre Szymanowicz accomplit les couleurs jouant de contrastes (pour vous faire péter les phares d’un bateau de contrebande dans les yeux) et d’explosifs. Entre Miami et Floride, porté par le scénario de son acolyte, parfois un peu confus, Andrea Mutti fait dans le grand spectacle, le thriller d’action décérébré, quitte à laisser un peu de cervelle sur les coins (peut-être ce pourquoi il vaut peut-être mieux laisser son cerveau à l’entrée de cette lecture?). Si la vieillesse est un naufrage, elle peut aussi être un parc d’attractions. Sans prétention, un bon divertissement.

Titre : Meyer
Sous-titre : Derniers pas dans la mafia
Récit complet
Scénario : Jonathan Lang
Dessin : Andrea Mutti
Couleurs : Andre Szymanowicz
Traduction : Alex Nikolavitch
Genre : Polar, Thriller
Éditeur´VF : Les Humanoïdes Associés
Collection : H1 – Ignition
Éditeur VO : Humanoids
Nbre de pages : 120
Prix : 17,99€
Date de sortie : le 23/10/2019
Extraits :