Les étoiles nous regardent, le ciel nous filme, témoins de nos extravagances. Mais l’intimité peut-elle entrer en collision avec le grand tout? Avec Constellation(s), Serge Annequin, toujours aussi habile et précis, lie deux jeunes gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer, dont les mondes sont tellement différents, tout en n’empêchant pas la colère et les révoltes. Et un cheminement qui pourrait être commun. Un album dans l’heure bleue.

Résumé de l’éditeur : Depuis le décès de sa mère, Gian vit son adolescence en foyer d’accueil, attendant patiemment le jour de sa majorité pour voler de ses propres ailes. À 17 ans, le jeune homme profite des vacances d’été pour rendre visite à son oncle Bruno, producteur d’huile d’olive à Forcalquier. Passionné de photographie, il parcourt à vélo les sentiers du pays à la recherche de décors insolites. En visionnant ses images, Gian découvre trois clichés troublants dont il n’a pas souvenir. Ces photos sont-elles liées à la disparition de Luna, une jeune femme de 22 ans ?


Gian est incomplet, il lui manque un « t » pour être un géant. Il a perdu sa mère trop tôt, il s’en réveille encore en sursaut et en sueurs, la nuit. Ça marque une vie. Mais, d’ailleurs, quelles sont ces étranges cicatrices qu’il se découvre sur le bras gauche à l’heure où la police enquête sur la disparition de Luna, fille d’un riche entrepreneur ? Le trouble s’installe, y compris sur la pellicule des photos de sa dernière escapade. La drogue lui a-t-elle joué un tour ? Il y a là des scènes, gravées, qu’il ne se souvient plus d’avoir vécues et qui pourraient bien le mouiller dans cette affaire qui secoue la région.


Dans le décor pittoresque de cet été dans les Alpes de Haute-Provence, il y a quelque chose d’un Stranger Luberon parcouru à vélo dans l’air sec et vivifiant. Et si Serge Annequin provoque un phénomène paranormal et ésotérique qui hante tout son livre, c’est surtout l’intériorité et l’intimité qu’il explore. Quand sous les projets immobiliers, le naturel est chassé, il revient au galop un peu plus loin. Entre milles choses (et il y a pourtant moins de cases que ça dans cet album éloquent), l’auteur fait de Gian et Luna des explorateurs, des archéologues autant que des architectes du monde de demain. Des pionniers qui ont besoin de retrouver leurs racines, bien humaines, pour mieux appréhender le monde qui les entoure (jusqu’aux étoiles) et sortir de la grotte.


Choisissant la voie de la douceur, Annequin ne résout pas tout et laisse un lot de questions en suspens. Il serait tellement bête que ces jeunes héros, et le lecteur avec, aient réponse à tout. Ils ont la vie pour continuer à avoir la tête dans les étoiles. Parce que c’est bien mieux que d’enfoncer sa tête dans le sable, de faire l’autruche. Prenant des chemins audacieux, Serge Annequin fait un livre d’éveil, incomplet (pour que chacun y engouffre son ressenti?) mais brillant et touchant.
Titre : Constellation(s)
Scénario, dessin et couleurs : Serge Annequin
Genre : Drame, Enquête, Fantastique
Éditeur : Paquet
Nbre de pages : 96
Prix : 20€
Date de sortie : le 05/08/2020
Extraits :