Moi Tarzan, toi Jane ? Non, Toajêne: l’antivirus humoristique dont on avait bien besoin

Après nous avoir mis entre les mains l’irrésistible Minivip et Supervip, le vétéran de l’animation italienne Bruno Bozzetto et le Chronosquadman aux multiples talents Grégory Panaccione récidivent. Cette fois, c’est dans une jungle microscopique qu’ils ont trouvé le chaînon manquant entre Tarzan et Tarzoon.

© Bozzetto/Panaccione chez Delcourt

Résumé de l’éditeur : Quand un microbe amoureux d’une icône du cinéma redonne espoir à l’humanité accablée… Drames et passions constituent aussi le quotidien de l’univers microscopique et même s’ils ne mesurent qu’un micromètre, les héros n’y sont pas moins remarquables…

© Bozzetto/Panaccione chez Delcourt

Sous une couverture qui joue de la balançoire au-dessus de l’abîme des civilisations et sous de drôles d’êtres primitifs, Bozzetto et Panaccione nous entraînent, de manière fracassante, dans la jungle de notre petit microbe. Une jungle haute en couleur et pourtant noir et blanc, une grandeur nature minuscule, dans lequel notre p’tit être fait de l’exercice aussi physique que mental, ébranlant lianes et racines de son questionnement permanent.

© Bozzetto/Panaccione chez Delcourt

« Qui suis-je? », « Où vais-je? », il y a de ça dans les colles mathématiques qu’il pose à cette jungle d’animaux étranges, insectes et créatures abyssales. Ils sont sympathiques, obéissants, mais ils n’ont rien dans la caboche. Notre microbe semble être le seul de son espèce, abandonné là à une histoire sans fin et horriblement désespérante. Quelle sensation étrange de s’avouer seul au monde.

© Bozzetto/Panaccione chez Delcourt

Heureusement, tel un visiteur venu d’ailleurs, il y a cet écran lumineux qui fait son drive-in dans la jungle endormie et projette les aventures d’un héros bien plus grand et plus costaud que lui : Tarzan. Son idole, son modèle, une raison d’être pour notre petit hôte qui fait résonner son tout aussi petit monde des borborygmes qu’il croit avoir pigé. Oooooiiieeiiioooo crie-t-il tout en se gargarisant des mots « Tchita », « Moatarzan » et « Toajêne ». Il a retrouvé un sens à sa vie. Jusqu’à ce que le grappin l’enlève. Il est temps pour le microbe, dans un monde humain et défiguré, d’accomplir son destin de super-héros miniature.

© Bozzetto/Panaccione chez Delcourt

Microbe, c’est une insulte, ça ne le sera plus ! Souvent considérés comme des vilains, les microbes peuvent aussi être des bienfaiteurs. Dans cette divagation burlesque en trois chapitres, Bozzetto et Panaccione retrouvent toute l’aura et l’inventivité de sa précédente réalisation. Ainsi se déplacent-ils, de liane en liane, de case en case, à vitesse grand V, dans l’expressivité et la narrativité, sur cette espèce de storyboard qui aurait été poussé. Tout est fait pour que le dynamisme soit maître, aux côtés du grand n’importe quoi jouissif. Détonnant, le duo livre un album inattendu, galvanisé par sa singularité et son esprit cartoon (même le lion rugissant de la MGM est de la partie) qui fonce droit vers une fin complètement dingue quoiqu’un peu inaboutie (peut-être parce que ce bon moment passe beaucoup trop vite, en fait). Mais quel plaisir de lecture. Même pour quelqu’un qui nourrit peu d’appétit pour le noir et blanc comme moi. Voilà une pépite trépidante dont on attend, pourquoi pas, une suite pour parachever son insaisissable esprit fantasque et sans limite.

© Bozzetto/Panaccione chez Delcourt

Titre: Toajêne

Récit complet

Scénario: Bruno Bozzetto

Dessin: Grégory Panaccione

Noir et blanc

Genre: Aventure, Humour, Romance

Éditeur: Delcourt

Nombre de pages: 104

Prix: 19,99€

Date de sortie: 17/06/2020

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