Tout cet été, l’artiste peintre Peter Saul nous invite à le rencontrer à travers ses oeuvres et à réfléchir sur leur sens cachés. Le père du Bad Painting va vous secouer, vous provoquer et vous confronter à l’absurdité de notre mode vie.
C’est avec joie et une certaine anxiété (mon anglais est plus que rouillé) que j’ai pu participer à une conférence sur et avec Peter Saule. Artiste atypique, il brille par la subversion qui imprègne ses oeuvres. Résumé de ce qu’il nous a raconté.
Né en 1934, Peter passe sa scolarité dans une école élitiste où les châtiments corporels sont monnaie courante. Il est également molesté par ces camarades de classe qui le pensent juif. Dès lors, Peter Saul se replie sur lui-même et se détache de l' »humanité ». Il devient asocial et reste énervé sur tout le monde. En 1950, les USA traversent une crise économique. L’état devient policier et les libertés individuelles sont bafouées. Les fouilles et les arrestations sont récurrentes. C’est a cette époque que Peter entend à la radio que Picasso et Matisse gagnent beaucoup d’argent en travaillant de chez eux. Il décide alors de devenir peintre et intègre une école d’art. Mais ce qu’il apprend ne lui correspond pas, les cours sont dirigés vers de l’art commerciale. Il n’y a pas assez de place pour l’art conceptuel. Il s’enfuit en Europe avec sa compagne de l’époque et, après avoir sillonné l’Italie, finit par s’installer en Paris.
Il va alors se faire remarquer par des artistes et par des galeristes sans pour autant s’en rendre compte. Il reste toujours à l’écart des gens et du monde de l’art. En 1960, influencé par son enfance, il développe son propre univers artistique. Incluant dans ses oeuvres des marques américaines, des personnages de comics ou d’hommes politiques qu’il tourne en dérision. Sans savoir qu’à New York d’autres peintres font la même chose que lui: le pop art vient de naître. Peter continue encore maintenant en étant toujours influencé par la politique où l’actualité. Le président Trump a sa propre représentation. Peter se différencie encore en devenant encore plus caustique et crée le Bad Painting.
Peter Saul est aujourd’hui l’un des peintres de référence du XXe et XXIe siècles. Sa subversion ne sont plus à démontrer. Par l’entremise de son art, il choque, dénonce ou avertit ses contemporains. Il permet d’avoir une démarche plus introspective de notre environnement politique, éthique ou écologique. Il ne laisse personne indifférent. Mais ce qui m’a le plus touché dans son oeuvre, ou dans sa personnalité, c’est sa simplicité. Il nous confesse qu’il vit simplement et que si l’on sonne chez lui, ce sera probablement lui ou sa femme qui viendra ouvrir. Il peint avant tout pour lui-même. Il ne se prend absolument pas au sérieux. Si sa peinture plait, c’est bien. Mais si elle ne plait pas, ce n’est pas grave. Sous ses airs désinvoltes, se cache une personne sensible et attachée à certaines valeurs. Il peint encore tous les jours, c’est ce qui lui permet d’être aussi en phase avec actualité.
L’exposition se tient au Delta de Namur et est prolongée jusqu’au 23 août 2020. Je vous invite vivement à aller à la rencontre de cet artiste hors norme.