Cela fait un bout de temps que je voulais mettre un peu plus en avant les livres jeunesse qui sont, je trouve, de vrais trésors, souvent porteurs de valeurs universelles et d’apprentissages. « Apprendre, c’est ouvrir de grandes fenêtres sur le monde », comme le disent Ghislaine Dulier et Bérengère Delaporte, les deux auteurs de Tous à l’école. On ne peut pas leur donner tort, et au tournant de chaque page des deux livres illustrés que je vous présente aujourd’hui, il y a de quoi porter l’imaginaire et l’esprit, dans les mots comme les images, enfantins sans trahir le bonheur qu’auront les grands à lire ces petites histoires généreuses.

Le soleil est en retard

Résumé de l’éditeur : Ce matin-là, le Soleil était siii fatigué qu’il voulut dormir un peu plus longtemps que d’habitude. Oh la la ! Le voilà très en retard ! Comment fera-t-il pour monter au zénith et illuminer la Terre à temps ?

Qu’il est facétieux ce soleil. Un jour, il joue à cache-cache avec les nuages; l’autre jour, il brûle la peau et, parfois, ses rayons ne suffisent pas à réchauffer l’atmosphère. Puis, il y a ces jours où il traînasse, repoussant le réveil à pas d’heure, bien trop confortablement lové auprès de son ours en peluche. Oui, le soleil aime avoir sa petite vie tranquille, sans rien demander à personne, quitte à bouleverser le cours du monde.

Que ferait-on sans le soleil ? Selon les lois de l’univers, l’astre n’a pas le droit, à l’inverse d’un lapin blanc bien connu, d’être en retard, en retard. Et s’il lui arrivait de l’être, ce serait le contre-la-montre pour pouvoir être, à la seconde près, à son zénith. C’est tout le sel de l’histoire que propose le duo espagnol Susana Peix et Anna Llenas. Entre récup et DIY, collage et coloriage, jouant avec la taille et le gras du texte pour mieux faire vibrer ce petit récit tout mignon et attendrissant. car notre ami, soleil, ne pouvant pas se faire remplacer, va utiliser toutes les cordes à son arc pour arriver à sa fin et son éternel recommencement : monter dans le ciel puis en redescendre.

Partant de ce constat, avec vents et marées, nuages et pluie, les deux auteurs trouvent là une très belle manière de passer sous contrôle de nos têtes blondes les éléments du ciel et leur champ lexical. Paru aux éditions Quatre Fleuve, Le soleil est en retard a en plus l’avantage de parler la langue des enfants. L’éditeur est en effet spécialisé dans les albums pop-up, qui jaillissent des pages dès qu’on les tourne. Ici, tout reste plane mais est le fruit d’un assemblage multicolore de formes donnant corps et théâtre aux décors et aux acteurs de cette histoire. Anna Llenas donne l’impression d’improviser, de manière frénétique, de se laisser aller à déborder l’histoire de ses couleurs éclatantes. C’est là la langue des enfants à l’état pur.

Tous à l’école

Résumé de l’éditeur: Sam part à l’école et, ce jour-là, Watson a décidé de le suivre pour voir ce qui se passe dans une classe… Ni vu ni connu, il se faufile et parvient à entrer dans la classe de Sam. Il va découvrir tout ce qu’on y apprend et pourquoi c’est si important.

Sous la bannière des Petites histoires pour la vie, Ghislaine Dulie et Bérengère Delaporte donnent vie à un seizième épisode de Sam & Watson. Et, pour tout dire, le premier que je découvre. Watson, c’est le chat gris aux joues tout aussi roses que celles de son jeune maître et qui a plus d’un tour dans son sac. Sam, c’est donc ce petit garçon qui l’entraîne, de son plein gré ou pas, dans les aventures du quotidien, celles qui font la différence et enrichissent.

À chaque album de cette série, des mots-clés identifient les thématiques abordées. Cette fois, place à « école », « philosophie », « apprentissage », « classe » et « grandir ». En effet, cette fois, c’est à l’école que Sam nous entraîne, laissant Watson à ses vies de chat. Mais c’est bien mal connaître ce mistigri qui a toutes les astuces pour vivre, comme une petite souris, la journée de classe de Sam. Si Zoé, sa petite soeur est en effervescence à l’idée d’aller à l’école; Sam, lui, fait grise mine. En plus, aujourd’hui, ce sera philosophie, rien que ce nom de cours ça a l’air barbant. Et, nous, lecteur, c’est vrai qu’aborder la philosophie avec des enfants de trois ans et plus, ça nous paraît un peu aventureux.

Il n’en est rien, là encore l’universalité et la créativité sont de rigueur, approfondissant les raisons, terre à terre ou ciel à ciel, qui font qu’on grandit. La soupe, bien sûr mais aussi, plus loin, la lecture, les voyages, le sport… Les idées, surtout, et le crayon qui s’applique sur le papier. Non, il n’y a plus aucune raison de craindre l’école. Bérengère Delaporte se dégage des limites physiques de la classe pour matérialiser les visions et les rêves d’enfants, à tout moment, sur un coin de banc ou par la fenêtre. C’est tendre et complètement attachant, chaud avec en plus la bonne idée de faire intervenir les dessins de vrais enfants.

Titre : Le soleil est en retard
Récit complet
Texte : Susana Peix
Illustrations : Anna Llenas
Traduction : Lucile Galliot
Genre: Jeunesse
Éditeur: Quatre Fleuves
Éditeur VO : Carambuco
Nbre de pages: 26
Prix: 11,90€
Date de sortie: le 17/06/2020
Série : Sam & Watson
Tome : Tous à l’école
Texte : Ghislaine Dulier
Illustrations : Bérengère Delaporte
Genre: Initiatique, Jeunesse
Éditeur: Glénat
Collection : Jeunesse
Nbre de pages: 32
Prix: 12€
Date de sortie: le 17/06/2020
Bonjour Alexis, je suis Ghislaine Dulier, la scénariste de la série Sam & Watson. Merci infiniment pour cette jolie présentation ! Je suis heureuse que la série vous plaise, nous y mettons tout notre coeur. La philosophie dont il est question dans ce dernier album est un clin d’oeil à l’auteure Brigitte Labbé, que je salue, et aux enfants que je rencontre lors de mes ateliers philo à l’école primaire : ils m’épatent toujours, j’apprends d’eux autant que je leur transmets !