On l’avait connu complètement barge et délirant, Gérald Genty surprend son monde avec un album au registre toujours original mais aussi terriblement touchant. Là-haut et tellement bas sur terre comme le souligne une pochette parmi les plus belles de ces derniers mois. Menée par l’hypothèse de la fuite, de l’envol et de se retrouver tout seul. Mais jamais très loin du sourire tendre qui lui va si bien.
« Tout doux, je te balance », c’est sur le bruit des balançoires que s’ouvre cet album, feutré, jardinier. « Accroche-toi si tu as mal au coeur… » Peut-être une blessure a-t-elle chamboulé ce grand rigolo qu’est Gérald Genty. Ça arrive à tout le monde. Si bien qu’il a fait un disque différent de ce pourquoi on le connaissait. Là-Haut évoque autant les petites peines que les grands bonheurs ou les grandes peines et les petits bonheurs. C’est sur la possibilité de s’en aller, de s’envoler de cette vie, comme un planeur, que le Français a voulu commencer ce nouvel album studio, le huitième.
Mélancolique et léger, comme une parfaite BO de confinement avec un grand jardin et pas loin de la mer (si vous n’y êtes pas au moins vous le ressentez par les oreilles), Là-haut refuse le désespoir, mais insuffle l’espoir, le sourire, l’émotion positive dès ses premières mélodies. On dit qu’il est souvent plus facile d’émouvoir que de faire rire, Gérald nous a souvent fait rire, c’est avec une facilité déboussolante qu’il appelle à d’autres sentiments, avec la précision d’une écriture qui garde le principe d’aligner les jeux de mots poétiques, jamais facile. Le sommet en est Sauter des fa dièses, parfait travestissement d’une réalité beaucoup plus austères.
Même si on lui souhaite une très longue carrière, pleine de trouvailles et de plus en plus fidèles (cet artiste multi-facettes prouve tout l’intérêt de l’écouter plutôt deux fois qu’une), sur une musique à la Souchon, Gérald Genty imagine son dernier show, un jeu de contraste qui voit la fin de carrière d’une méga-star du Parc des Princes la précipiter au parc à huîtres, entre autres yin et yang, bas et hauts. Autre star, Federer se voit dédicacer une chanson avec Fais des rêves dans laquelle notre « tennisophile », apparemment interroge, la longévité de ce grand champion de la petite balle jaune et voyage toujours plus. Lobbant les clichés de ce genre d’exercices, Genty utilise tous ses coups, la guitare comme raquette, pour emporter l’adhésion, y compris des fans de Nadal parie-t-on.
Cet album, c’est aussi l’occasion de retrouver la puissance simple de la voix du chanteur trublion. On craque sur La station ou MH370, qui imagine, après crash, les destins des passagers du Boeing de la Malaysia Airlines. « Je ne veux pas qu’on me dise la fin de l’histoire ». Plutôt que de remuer la douleur, si on se laissait rêver d’un épilogue moins contrarié?
En tout, pour finir sur Rien, alors que cet album est tellement tout, c’est onze chansons que Gérald aligne sur son roadbook, comme des perles à un collier, aucune n’étant de trop, toutes renforçant la cohésion de cet album bien dans sa peau et dans ses sons. Onze chansons à la légèreté ascensionnelle qui ne font pas l’économie de la gravité. C’est la vie, entre les nuages, avec le plein de soleil. De délicatesse.
Gérald Genty
Là-Haut
11 titres
42 min
30 Février
Pias
Sorti le 30/08/2019
Excellent article qui décrit parfaitement ce très bel album, de cet artiste génial.