C’est une lecture enrichissante, instructive et passionnante que nous propose Isabelle Duquesnoy avec La redoutable veuve Mozart. C’est un récit de vie tout à la fois historique, artistique, musical, amoureux, mais aussi féroce dans la description des rancœurs et des rapports humains. Ça se lit d’une traite, impossible de le laisser se reposer trop longtemps car une tension se crée. J’ignorais tout de la vie de Mozart, de l’existence même d’une famille. Je ne soupçonnais même pas ses contemporains. On croise donc Casanova, Ludwig van Beethoven, Joseph Haydn et tant d’autres. Mais c’est surtout l’histoire de Constanze, veuve de Wolfgang Amadeus Mozart, son Mozart, qui est relatée ici. Avec passion, avec colère, avec la vie pour prendre sa revanche.
« Wolfgang Amadeus Mozart était un génie. Mort ruiné, enterré sans grande pompe, il aurait pourtant pu sombrer dans l’oubli… Si Constanze Mozart ne l’avait pas adoré au point de sacrifier leurs propres enfants à la gloire de son défunt mari. Si elle ne lui avait pas survécu pendant cinquante-et-un ans, bataillant jour et nuit pour la postérité de son œuvre. Si elle n’avait pas gratté la terre à mains nues pour retrouver son squelette, ni rebaptisé son jeune fils « Wolfgang Mozart II » pour le produire dans toutes les cours d’Europe…
Le deuil de Constanze révéla une femme d’affaires intransigeante, un caractère hors norme : une veuve redoutable. Voici le destin extraordinaire et romanesque d’une femme d’une grande modernité. »
C’est dans un appartement dépouillé de tous ses meubles que Mozart meurt le 5 décembre 1791. Sa veuve et les deux enfants qui lui restent sont couverts de dettes. Le génie a disparu, le Requiem est inachevé, de nombreuses sonates et pièces sont en projets mais les commandes ne pourront être honorées.
Dans une Autriche où règne Joseph II, les enterrements en grande pompe sont interdits. Les cérémonies doivent se faire discrètes et Mozart, sans le sou, sera enterré dans une fosse commune. La ville ne daigne même pas, dans un premier temps, allouer une pension à sa veuve.
Commence alors le combat d’une vie pour cette femme qui a tant aimé le génie, qui lui a dévoué les onze années où ils ont été mariés et les cinquante qui ont suivi. Elle veut laver son honneur, celui de son mari, de ses enfants. Porter haut le nom des Mozart. Rembourser ses dettes rapidement et défendre les compositions de son mari. Elle, qui a été déconsidérée par la Vienne de l’époque, par la famille de Wolfgang, elle veut faire de lui une légende. Constanze Mozart montre toute l’ampleur de sa volonté. Et elle va y arriver.
Pour reprendre les mots attribués à son fils par Isabelle Duquesnoy :
Le monument dressé à la gloire de Mozart, c’est elle (Constanze)
Le Mozarteum, la fondation, c’était son idée.
La place Saint-Michel rebaptisée en Mozartplatz, c’est elle
La défense des droits des oeuvres de Mozart, c’est elle… »
Isabelle Duquesnoy montre une réelle culture de l’époque. Selon la préface rédigée par Geneviève Geffray – ex-conservateur en chef de la Fondation internationale Mozarteum de Salzbourg,
Il est possible d’affirmer que grâce à sa parfaite connaissance de la biographie de Mozart et de sa correspondance, Isabelle Dusquesnoy n' »invente » rien… Tout est restitué dans le contexte historique.
C’est ce qui rend cet ouvrage si passionnant, addictif, intéressant. On se cultive sans y prendre garde, on s’intéresse sans même un seul effort, on apprend par le divertissement. Et la force de cette femme nous inspire pour longtemps encore. Redoutable que cette veuve de Mozart
Titre : La redoutable veuve Mozart
Editions de la Martinière
Sorti le 5 septembre 2019
Nbre de pages : 293 pages
Prix : 20 €