Du manga au comics ou du comics au manga, il n’y a qu’un jet de Batarang: Kana s’engouffre dans l’univers de Batman

Téléporté dans le Japon féodal ou venant en aide à un jeune Japonais pour le sortir des griffes des ses ennemis jurés, Bruce Wayne fait peau neuve (réellement) grâce à la plume de Shiori Teshirogi et celle de Masato Hisa.

Batman Ninja

Résumé: En voulant arrêter Grodd le Gorille, Batman se retrouve projeté dans le Japon féodal ! Là-bas, les pires méchants de Gotham se sont partagés le pays en devenant des seigneurs féodaux et se livrent une guerre sans merci. Le Joker compte bien en profiter pour devenir le nouveau Shogun et contrôler le Japon. Batman doit absolument trouver le moyen de ramener tout le monde dans le présent ! Tout le monde ? Autre temps, autres moeurs. Ne serait-ce pas l’occasion pour Batman de se débarrasser définitivement du Joker ?

On doit cet opus à la plume de Masato Hisa. Il se fait connaitre en 2003 en gagnant le prix du meilleur mangaka débutant avec son manga Grateful Dead. Son style, qui a fort évolué, colle parfaitement à l’univers comics. Sa technique lui permet de développer ses personnages de manière classique et propre au manga. Les expressions du visage, les décors ou encore les costumes sont bien détaillés. Il y a beaucoup de rythme dans les cases et un découpage des planches plutôt intéressant. On passe du gros plan en double page avec une facilité déconcertante sans perte de qualité.

Mais ce qui fait ici la différence est sa manière de représenter les héros. On a l’impression qu’il peint à l’encre blanche sur des fonds noirs. Il contrôle parfaitement la technique du clair obscur. Ce qui donne l’impression de voir évoluer des ombres et procure beaucoup de contraste. Il offre un éclairage nouveau sur ce type d’oeuvre.

Malgré son style débridé, on sent que le mangaka a pris beaucoup de plaisir sur cette licence, cette mini-série de deux tomes plaira aux adeptes du manga mais peut-être pas aux amateurs de comics. On ne retrouve pas la noirceur des autres oeuvres.  L’histoire est trop basée sur des stéréotypes nippons (samouraïs, ninjas, …) et pas assez sur les caractères des personnages qui mériteraient d’être un peu plus léchés. Il n’y a pas de réelle plus value sur les personnages, cela reste très superficiel. On aurait aimé voir réellement l’impact d’un Japon féodal sur leur personnalité.

Un plus grand nombre de volume aurait peut-être permis à l’intrigue de prendre une autre dimension et de développer la psychologie des personnages grâce à l’époque, l’environnement ou le code du bushido.

Batman & the Justice League

Résumé: Gotham City est la ville avec le plus haut taux de criminalité du pays. Cela n’empêche pas Rui, un jeune japonais, de s’y rendre dans l’espoir de retrouver ses parents disparus. Mais à peine arrivé, il est attaqué par un policier devenu complètement fou. Malgré son talent pour le combat, Rui ne s’en serait pas sorti sans l’intervention de Batman. Le Chevalier Noir le met en garde… La ville est trop dangereuse pour lui… Sans compter que celui qui tire les ficelles n’est autre que le Joker! Barman devra se faire aider pour faire revenir la paix sur Gotham City…

L’oeuvre est issue de l’imagination et du crayon de Shiori Teshirogi. Cette jeune mangaka est connue pour son travail sur Saint Seiya: Lost Canvas et Lost Canvas Chronicles (Les Chevaliers du Zodiaque: Lost Canvas). On reconnait vite son esthétique et sa manière de développer l’action tout au long des pages. Les visages, les expressions, les mouvements des vêtements, tout est fin et souligne l’application de son auteure.

Mais il y a un problème posé par cette approche graphique. Les personnages semblent beaucoup plus jeunes et pas assez marqué par le temps ou leurs combats.  Le scénario aurait mérité quelques tomes de plus (il y en a 4 au total). Les Super Vilains s’enchaînent rapidement et son quasi toujours battu par leur pendant positif. Ce dont on a perdu un peu l’habitude avec les dernières relectures en date où Batman, par exemple, frôle souvent la mort.

J’aurais aimé un peu plus de profondeur dans leurs relations et dans leurs apparitions. Les caractères de chacun ne sont pas assez affirmés et on se lasse vite. L’histoire des Leys lines aurait mérité d’être plus exploitée, en fait. On a l’impression que Batman et Rui sont un peu perdu dans cet enchevêtrement de combats. Et on perd le fil principal de l’histoire.

Bref, pour une approche du comics par le biais du manga, ces deux albums peuvent être intéressants. Tant par l’univers bien différent qu’ils proposent que par les qualités techniques/graphiques de leurs mangakas. Mais hélas, les adeptes du comics risquent d’être déçus. Les personnages ne sont pas assez exploités, l’histoire avance trop vite… J’ai plus l’impression d’être sur du fan service plutôt que sur une aventure de la League et c’est dommage quand on connait le travail  des auteurs. Ont-ils été bridés? Ou tenus par un nombre limité de volume qui a forcé le rythme? Toujours est-il que l’ambiance des comics n’est pas présente. Un univers un peu plus dark et des caractères plus prononcés auraient permis une meilleure immersion dans les histoires. Les Editions Kana ont réalisé une belle mise en valeur de travail graphique de Shiori Teshirogi et de Masato Hisa.

Titre: Batman & the Justice League T1

Scénario et Dessin: Shiori Teshirogi

Genre: Manga/Comics/Super Héros

Éditeur: Kana

Nbre de pages: 188

Prix: 7,45€

Date de sortie: 4 novembre 2017

 

Titre: Batman Ninja T1

Scénario et Dessin: Masato Hisa

Genre: Manga/Comics/Super Héros

Éditeur: Kana

Nbre de pages: 200

Prix: 7,45€

Date de sortie: 20 septembre 2019

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