Dans la famille des figures marquantes de la chrétienté, après saint Vincent de Paul, le duo Dufaux-Jamar a choisi un autre « petit de »: Charles de Foucauld. Une nouvelle fois, ni biographie, ni hagiographie mais quelques moments choisis d’une vie inspirante, et d’une mort qui le fut tout autant face aux hostilités d’un monde hargneux.

Résumé de l’éditeur : Âgé de vingt et un ans, Charles-Eugène de Foucauld de Pontbriand est un petit nobliau désabusé. Passant le plus clair de son temps à s’amuser, il a déjà dilapidé une bonne partie de l’héritage familial. Cependant, il ressent une profonde sensation de vide que même l’uniforme militaire n’a pas pu combler. L’Église serait-elle la solution ? De nombreuses années plus tard, Charles, alors vieillard, est retrouvé inconscient dans le désert par l’armée de Kaocen, chef des tribus touaregs. Bien que Français et Touaregs soient en guerre, Kaocen décide de sauver cet homme car, devenu homme de Dieu, il aide au mieux les gens de ces régions, quelles que soient leur religion ou leurs croyances. Mais cette décision remplit de haine Ghebelli, un autre chef touareg, qui, lui, est bien décidé à tuer ce vieillard en qui il ne voit qu’un infidèle.


Trois ans après avoir reçu le Prix de la BD chrétienne à Angoulême Pour Vincent, un saint au temps des mousquetaires, Jean Dufaux et Martin Jamar ont récidivé: il y a quelques jours, toujours à Angoulême, leur album Foucauld, une tentation dans le désert a été couronné de ce même prix. Les deux auteurs se spécialiseraient-ils dans les albums de niche catholique ?

Que nenni, en remontant les temps et quelques épisodes de Charles Foucauld, ils proposent bien plus qu’une oeuvre pour grenouilles de bénitier, avec un personnage sage et attachant dont la bure est ornée d’un coeur rougeoyant surmonté d’une croix. Le coeur bien plus gros que la croix.

En sept chapitres (le premier plongeant dans les jeunes années, les autres se partageant une période resserrée autour d’une traversée, sereine, du désert) et 57 planches, les deux auteurs relient un point à un autre, de la jeunesse à la fin (à 59 ans, on peut rêver plus grande longévité) pour prendre le pouls de l’engagement de ce grand monsieur, ce fou dans ce désert où il avait moins d’alliés que d’ennemis. En Algérie, où certains cherchent des prétextes, notamment en la religion, pour s’affronter et donner la mort, Foucauld donne la vie et véhicule l’apaisement. Ceux qui vont plus loin que la religion et ses préceptes.

Martin Jamar, dans le luxe d’un palais à Pont-à-Mousson ou le dénuement d’un désert assoiffant, donne de l’intensité à ce périple, traversé de femmes mais aussi de brebis égarée et abreuvée de sang. Le duo va plus loin que le B.A.-ba des béatitudes et livre au regard un destin d’aventurier de l’humanité qui réconcilie, le temps de quelques planches, avec une religion qui n’a cessé de décevoir depuis quelques années, de ne pas montrer l’exemple. Dans le désert, au moins il y a des éclaircies, chaleureuses, Charles de Foucauld en était une, fameuse.

Sous-titre: Une tentation dans le désert
Récit complet
Scénario : Jean Dufaux
Dessin et couleurs : Martin Jamar
Genre : Biographie, Drame, Guerre
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 64
Prix : 15€
Date de sortie : le 13/09/2019
Extraits :
The drawings of St Charles de Foucauld are amazing and very beautiful. Thank you for this wonderful work. Will you publish this in English?