Espèce(s) de Michel Durand : une performance artistique jusqu’au-boutiste pour sauver l’animal du félon humain

Une espèce de crétin versus plein d’espèces de martyrs. En choisissant un titre à mettre au singulier ou au pluriel en fonction de l’envie et de l’humeur du lecteur, Michel Durand interroge, s’il ne choque en vitrine de son nouvel album. Espèce(s), c’est une oeuvre synthèse autant que de décomposition, une forme d’essai jusqu’au-boutiste reliant différents sujets a priori éloignés et pourtant unis sous le chapiteau de la consommation. Après avoir embarqué pour nous conter Ambre Gris, Michel Durand continue sa croisade, avec l’art et la manière.

© Durand chez Glénat

Résumé de l’éditeur : Le plus sauvage des animaux, c’est l’homme. Jérôme, artiste plasticien et performeur, intervient hors de son atelier, aussi bien dans des abattoirs, des laboratoires scientifiques que dans des galeries d’art où l’animal est le sujet de l’exposition. Ses faits d’armes, des œuvres « parasites » sans signature et montées de façon totalement illégale, ont pour objectif de provoquer le grand public et le sensibiliser sur la souffrance animale. Mais le jour où une enquête est lancée pour démasquer l’auteur de ces piratages, l’activité de Jérôme est compromise, en même temps que son avenir. D’autant qu’il se met à aller de plus en plus loin dans son engagement, n’hésitant pas à se transformer physiquement… Ses collaborateurs et amis commencent à s’inquiéter : vont-ils pouvoir continuer à exercer leur art s’ils sont traqués par la police ? Et jusqu’où Jérôme est-il prêt à aller ?

© Durand chez Glénat

Qu’on soit pour leur massacre (implicitement pour la plupart) ou pour leur protection, une chose est sûre, les animaux n’ont pas droit au chapitre. Contraints et forcés par l’impossibilité de communiquer avec le genre humain, les animaux remettent leur destin et leur survie (qu’ils soient tués pour être mangés, menacés par des incendies ou par le réchauffement climatique, par la déforestation) dans les mains de bonnes volontés.

© Durand chez Glénat

Et l’art est la manière, forte ou douce, qui a peut-être le plus de chance d’aboutir, tant il requiert l’engagement de ceux qui l’érigent et de ceux qui en sont les témoins. Tous le vivent, pour peu que la formule magique soit correctement réalisée. Ce que livre ici Michel Durand, c’est un don de soi, il participe à quelque chose qui le dépasse, à une oeuvre forte, totale, à la puissance inouïe, mêlant la performance artistique et le fantastique, les incubant dans la vraie vie.

© Durand chez Glénat

Immuablement, l’auteur complet régule son album tel un métronome, à raison de quatre strips par planche. Des strips qui se suivent et forment une histoire complète au bout de cent pages. Si l’ensemble est principalement noir et blanc, l’auteur a sensiblement et intelligemment intégré la couleur, par petites touches, par petits chocs, pour habiller et les « happenings » que son héros sème dans les no animal’s lands, et les phénomènes qu’il incrimine.

© Durand chez Glénat

Interrogeant l’art et jusqu’où celui-ci peut aller, à quelles limites il peut se frotter; Michel Durand dénonce en filigrane un Homme qui est allé loin, beaucoup trop loin. Filant droit au carnage, Espèce(s) fait preuve d’une étrange liberté, magnétique et dérangeante, sans doute insoutenable dans certains passages sans pourtant s’adonner au gore. Le malaise est tangible. Ce n’est pas la politique ni l’économie qui nous sauveront. L’art, par contre, si on l’écoute à temps…

Titre : Espèce(s)

Sous-titre : La souffrance animale est insupportable

Récit complet

Scénario, dessin et couleurs : Michel Durand

Genre : Anticipation, Drame, Science-fiction

Éditeur : Glénat

Nbre de pages : 104

Prix : 25,50€

Date de sortie : le 16/10/2019

Extraits : 

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