Eden et Time Lost: Denver n’est plus le dernier dinosaure, mais les autres font très peur et plantent leurs crocs dans le 9e Art!

Le Neuvième Art aime prendre des allures de Jurassic Park, ces derniers temps. On vous a déjà parlé de l’excellent The Kong Crew d’Éric Herenguel. Mais, comme si quelqu’un avait ouvert la porte diabolique un temps gardée par E.P. Jacobs, les lézards géants voire monstrueux sont de retour. Et ils ne font pas dans le détail. Même si la perfidie de l’Homme restera toujours plus dangereuse que les plus dangereux des prédateurs terrestres. Entre nazis et hippies, parcours du combattant.

© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Time lost, Jurrasic Art !

Résumé de l’éditeur : Une variation autour du temps perdu… et cette fois, ce n’est pas du Proust ! Et si à de nombreuses reprises depuis les travaux d’Einstein, des essais de voyages avaient déjà été tentés, sans retour possible, piégeant dans une zone hors du temps ses infortunés cobayes ? C’est là, où se poursuit une guerre  mondiale, que trois jeunes gens vont devoir survivre aux côtés de troupes d’élite de Patton, de dinosaures, nazis, robots géants et autres pom-pom Girls !

© Sala/Khaled aux Éditions Soleil

Il n’y a pas que les dinosaures qui ont le vent en poupe, les nazis sont toujours tapis dans l’ombre, nourrissant des grands méchants depuis Indiana Jones. Dans Time Lost, s’ils ne sont a priori (pas encore?) les antagonistes des quelques héros malgré eux que nous présentent les auteurs, c’est dans leurs esprits diaboliques, leurs rêves mégalos de conquête mondiale suppléés par de viles inventions, qu’a été accompli le rouage de cette histoire. Non sans mettre à genoux quelques scientifiques de la « race faible » obligés de collaborer pour espérer sauver leurs familles. Ça, c’est l’Histoire la plus stricte, malheureusement partagée par des milliers de martyrs.

© Sala/Khaled aux Éditions Soleil
© Sala/Khaled aux Éditions Soleil

La fiction naît quelques années plus tard quand, dans une machine à voyager dans le temps  insoupçonnée, c’est un pan entier de notre monde qui se dissout dans le temps et dans un rayon intense pour être intégré, tel une pièce de puzzle mal assortie, un chaînon manquant, à un vaste paysage de jungle, sauvage et plein de surprises. Il n’est même pas encore question de retourner au temps présent pour les personnages entraîné dans les affres temporels, un casting hirsute composé de figures militaires emblématiques, d’un dragueur, d’un concierge qui cache bien son jeu, d’espèces de Transformers et autres dinos (qui sont bien moins sympathiques et esseulés) que Denver.

© Sala/Khaled aux Éditions Soleil

Après avoir collaboré sur un tome des futuristes Divisions de fer, Jean-Luc Sala et Afif Khaled retournent (dans) le temps et laissent entrevoir un univers complètement what the fuck. Soyons clairs, les éléments sont déjà vus mais mis ensemble et avec le ton décérébré (et pourtant documenté) des auteurs, ils donnent naissance à quelque chose d’à la fois foutraque et original. C’est foutraque et badass mais aussi agréablement féminin. Quand aux bêtes, ces dinosaures attirés par le sang et la chair fraîche, ils font froid dans le dos. Khaled possède des pieds à la tête, des gouttes de sueurs aux dents acérés, son théâtre sauvage dans lequel l’Humain se retrouve mini, mini, mini. Et comme dans un blockbuster à des millions de dollars, les effets spéciaux, les effets de vitesse et ce décor à la fois superbe et terrifiant, fonctionnent à fond. Quelle étonnante et tripante surprise que ce premier volet de ce qui est annoncé comme une trilogie.

© Sala/Khaled aux Éditions Soleil
© Sala/Khaled

Eden, c’est le nom de l’enfer, d’hippies en pire

© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Résumé de l’éditeur : 1970. Kathy Malone, la petite-fille du journaliste Edward Malone qui avait accompagné le professeur Challenger à la découverte du « monde perdu », se met en tête de retrouver ce fameux « monde ». Elle a mis la main sur les carnets de son grand-père décrivant tout ce qu’il avait vécu. Elle part avec une bande de hippies fêtards à la recherche de l’Eden sur terre, bien décidée à y installer une communauté, loin des tumultes de la société de consommation. Mais Kathy, fraîchement diplômée en paléontologie, se garde bien de parler des monstres préhistoriques, dinosaures, allosaures et autres ptérosaures décrits dans les carnets de son grand-père, la découverte de tels animaux constituant le Graal pour tout paléontologue qui se respecte !

© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Autre figure emblématique de Sir Arthur Conan Doyle, le Professeur Challenger a survécu à son créateur et aux cinq romans et nouvelles dans lesquels il est apparu pour devenir un personnage de fiction prisé dès qu’il s’agit de voyager dans le temps. Si le Monde perdu a maintes fois été adapté, au cinéma bien sûr mais également en BD, la digression que propose André Taymans est étonnante puisqu’il imagine la poursuite de l’oeuvre de Challenger par son arrière-petite fille, et petite-fille d’Edward Malone, Kathy. Les temps ont changé, et l’heure est au flower power, aux hippies. Des doux rêveurs (et fumeurs) qui espèrent trouver la plus profonde et intense des libertés et de s’établir, pourquoi pas, dans un nouveau monde, vierge de toute activité humaine.

© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Ça tombe bien, toque sur la tête et toge sur le corps (ce qui est loin de ses habitudes vestimentaires… ou non-vestimentaires), Kathy a son diplôme en poche et le droit de mettre la main sur un carnet secret de ses aïeux. Avec, qui sait, le chemin suivi, il y a plus d’un demi-siècle, par Challenger. Et de quoi exciter la scientifique autant que la hippie qui l’habitent. Les Combi VW sont chargés jusqu’à plus faim d’affaires et l’aventure peut commencer. Mais en avant comme en arrière, les dangers guettent.

© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Avec cette suite, André Taymans, au scénario comme au dessin (tout de même aidé par un certain petit Henry Taymans pour des interprétations enfantines mais déjà très talentueuses des Lézards Terribles auxquels nos héros seront bien assez tôt confrontés), prend judicieusement la plus « sauvage » et libertaire des époques de notre bon vieux XXe siècle comme point de départ. Une nouvelle fois, et comme souvent dans les histoires d’André, les femmes ont le lead, et l’égalité face à l’éprouvante Nature est de mise.

© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Avec six protagonistes bientôt rejoints par un septième, voyageur énigmatique et possédant manifestement un passé plutôt trouble, et quelques bandits notoires, André Taymans réussit avec audace son début d’aventure en terres hostiles. Tout d’abord en contrebalançant les certitudes des héros, et du lecteur, qui se pensaient nouveaux pionniers dans un décor déjà visité par d’énigmatiques prédécesseurs. Aussi, à sept aventuriers et deux combis chargés à bloc, il est bien difficile de voyager léger. L’auteur ne se dispense donc pas d’élaborer la psychologie de ses personnages pour les faire s’écharper et se diviser avant même d’arriver dans le monde perdu (sublimement matérialisé).

© Taymans
© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Oeuvre de tension, parfois contemplative (pour preuve, quelques planches dans la veine de ce que peut faire Loustal), ce premier tome a tout d’un voyage tranquille – à peine contrarié par quelques Harvey Weinstein locaux -, topless et sensuel, jusqu’aux dix dernières planches dans lesquelles Taymans montre de quel bois il se chauffe. Un climax important et rudement bien négocié pour basculer d’Eden en enfer et provoqué les premiers regrets de Kathy. D’hippies en pire. Mais pour notre bonheur.

© Taymans/Studio Caroline aux Éditions du Tiroir

Notons que, véritable locomotive des toutes jeunes et pourtant si longtemps évoquées Éditions du Tiroir (pour lesquelles il signe aussi The Splashdown avec Pierre-Emmanuel Paulis et Sophia Stromboli avec François Walthéry, séries publiées dans l’Aventure), André Taymans a également proposé un Carnet de l’Aventure consacré à Eden, à ses étapes préparatoires, à ses inédits, documents de recherche… Un vrai making-of fourni par celui qui prépare activement le retour de Caroline Baldwin dans son 19e album. En attendant, les Éditions du tiroir, dont nous sommes tombés sous le charme, proposent d’autres projets tout aussi prometteurs. Jetez-y un oeil.

© Taymans

Série: Time Lost

Tome: 1 – Opération Rainbow 2

Scénario: Jean-Luc Sala

Dessin et couleurs : Afif Khaled

Genre: Aventure, Guerre, Science-fiction

Éditions: Soleil

Nbre de pages: 48

Prix: 14,50€

Date de sortie : le 28/08/2019

Extraits :

Série : Eden

Sous-titre : Retour au monde perdu

Tome: 1

Scénario et dessin : André Taymans (avec la participation d’Henry Taymans)

Couleurs : Studio Caroline

Genre: Aventure, Science-fiction

Éditions: Éditions du tiroir

Nbre de pages: 48

Prix: 14,50€

Date de sortie : le 28/11/2019

Extraits :

3 commentaires

  1. Pas aussi hypé que toi sur time Lost mais je m’y suis bien amusé tout de même. Et merci pour la découverte des éditions du tiroir. Bien sympa ces chroniques thématiques. .. il faut que je trouve le temps d’en refaire moi aussi😊

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