Sans contrefaçon… Jérôme est un garçon mais aussi un détective haut en couleur. Pour sa 27e aventure, le fabuleux limier élimé d’Alain Dodier met les bouchées doubles et s’offre son plus long album. 70 planches autour d’un chantage sur fond de copies de montres et d’une grosse rançon. Empain dans le mille.

Résumé de l’éditeur : Alors que la voiture de sport du Père Arthur slalome à tombeau ouvert sur l’autoroute de l’ouest, Jérôme n’est pas loin de regretter d’être monté avec ce fou du volant. Arthur lui apprend que son copain de petit séminaire, le Père Étienne, l’a recommandé à une certaine baronne : Madame Barbier de Conches. À peine arrivés au château de celle-ci que la propriétaire leur montre la vidéo qu’elle a reçue la veille, montrant son fils Gaëtan ligoté aux mains d’un individu exigeant une rançon… Mais cette septuagénaire autoritaire est convaincue que c’est un coup monté et demande donc à Jérôme d’enquêter sur ce pseudo-enlèvement.

Avec ce 27e album en trente-sept ans, Alain Dodier plante le décor d’une histoire a priori ultra-simple, dont on pense avoir la solution en quelques planches. Pas de chance pour notre intuition, l’histoire qu’on pensait courte va s’étaler sur 70 planches et un mystère qui s’épaissit de planche en planche, sans rien perdre de son apparente décontraction.

Hé ho, il y a quand même la vie d’un homme, bâillon sur la bouche et filmé par ses agresseurs, en jeu, ne riez pas ! C’est vrai, peut-être que l’otage qu’on peut penser tirer les ficelles est un vrai otage aux mains de très vilains personnages. Désolé, mais face à la générosité, ces bonds graphiques entre sérieux et second degré, de Dodier, on ne peut pas s’en empêcher. L’auteur est passé maître dans l’art de nous concerner avec des intrigues qui n’ont l’air de rien. Risible et trouvant pourtant la bonne dose d’adrénaline pour attiser l’attention, sans la relâcher jusqu’au bout.

Si à cinquante ans, t’as pas une rolex (même si elle est fausse comme celles, entre autres marques de luxe, qui peuplent le meuble de Madame Barbier de Conches), vous connaissez la chanson. À bientôt quarante ans, JKJB délaisse un peu son Solex pour la conduite un peu plus sportive du Père Arthur. Et malgré quelques excès de vitesse, on continue de donner le bon dieu sans concession à ce personnage à côté de ses pompes, qui va même se trouver dans le collimateur de la police durant cet épisode.

Non, il n’y a pas que les klaxons des camions qui rythment cet album, bien plus millimétrés que les breloques qui vont aiguiller en erreur notre héros. Outre les séquences filmées, les doigts coupés (baron Empain, es-tu là), la filature de drôles de cocos et les tergiversations autour de la remise de rançon… Dodier explore les relations de familles tendues et distendues, encore plus quand il y a du fric, beaucoup de fric, en jeu. Ce plus gros format que d’habitude permet à l’auteur de ne pas jouer la montre et d’approfondir les personnages, parfois absurdes, malsains ou juste déphasés avec lesquels il nous met en présence. Et ça sonne on ne peut plus juste. Sans temps mort, non plus. Ça a du bon de prendre le temps pour résoudre une enquête. Du bon temps.

Série : Jérôme K. Jérôme Bloche
Tome : 27 – Contrefaçons
Scénario et dessin : Alain Dodier
Couleurs : Cerise
Genre : Polar
Éditeur : Dupuis
Nbre de pages : 72
Prix : 13,95€
Date de sortie : le 18/10/2019
Extraits :