Quand le cinéma français tourne mal ça donne un livre vachement bien tourné !

Ça y est, nous y sommes, les fêtes approchent, et même si la mode est aux films de Noël (que l’on nous propose déjà dès le mois de novembre). Il y a fort à parier qu’au moins une chaîne de télévision va ressortir de ses étagères « La Grande Vadrouille » ou autres « Gendarmes en balade ». Mais derrière ces films cultes pour certains (cul-cul pour d’autres) se cachent parfois des anecdotes à peine croyable. Ce sont ces histoires se déroulant parfois loin des caméras que Philippe Lombard, cinéphile depuis l’enfance, a tenu à nous raconter dans un ouvrage richement illustré.

Et c’est peu dire qu’on en apprend des choses dans ce bouquin divisé en 6 chapitres dont les intitulés sont déjà tout un programme. Ainsi dans le chapitre « Les films que vous ne verrez jamais  » on apprend que suite au succès des « Gendarmes et les Extraterrestres » (6 millions d’entrées, tout de même), Richard Balducci, le créateur de la saga se penche dès l’année suivante sur l’écriture d’un scénario dans lequel le célèbre Cruchot et ses collègues de la maréchaussée deviennent ni plus ni moins cosmonautes. Des cosmonautes auxquels il arrive une fameuse tuile (sinon ce ne serait pas drôle) puisque percutés par une autre fusée que la leur. Ils se retrouvent ainsi à errer dans l’espace dans le sens contraire de la rotation terrestre. Ce qui les fait voyager dans le temps (carrément) et rencontrer (tenez-vous bien) Napoléon ! Le film ne se fera finalement pas. On ne saura donc jamais si le producteur est passé à côté du jackpot ou de la défaite (de Waterloo).

Les célèbres Gendarmes de Saint-Tropez

Certains films ne voient donc jamais le jour, d’autres sont enfantés dans la douleur. Leos Carax en sait quelque chose. En 1991, le réalisateur de « Mauvais sang » avec Juliette Binoche décide de filmer une magnifique histoire d’amour entre un SDF et une jeune femme qui devient peu à peu aveugle. Le réalisateur a l’autorisation durant 3 mois de tourner sur le vrai Pont-Neuf à Paris où se déroulera la quasi-totalité de l’action. Seulement voilà, l’acteur Denis Lavant se blesse lors du tournage. Celui-ci prenant du retard, le Pont-Neuf devient dès lors une zone inaccessible. Le producteur a pourtant une idée folle pour résoudre ce problème de taille, il décide ni plus ni moins de faire construire à l’identique un autre Pont-Neuf près de Montpellier. Mais comme ça coûte un pont d’en construire un, la production passe tout près de la banqueroute. Le film sortira quand même dans les salles mais sera un échec commercial (le film est pourtant très joli).

Même si Denis Lavant n’est en rien responsable de sa blessure lors du tournage des Amants du Pont Neuf, cela prouve en tout cas que les acteurs et les actrices peuvent involontairement, ou même volontairement, perturber la réalisation d’un film et pas seulement parce qu’ils se sont cassés une jambe lors d’une cascade. Prenez Ugo Tognazzi par exemple. Le célèbre compagnon de Zaza Napoli dans la Cage aux folles. L’italien refusait catégoriquement de jouer en français rendant fou le réalisateur Edouard Molinaro (et folle Michel Serrault). Et que dire de Pierre Brasseur qui, de par son amour immodéré pour la boisson (il portait bien son nom), a mis en péril quelques tournages.

Oui, il faut oser le dire, les acteurs peuvent parfois être exécrables.

Michel Serrault et Ugo Tognazi dans La cage aux folles

Cela dit pour leur défense, être acteur n’est pas un métier de tout repos. Mettez-vous un peu à la place de ceux ou de celles qui devaient recevoir une gifle ou un bourre-pif de de Monsieur Jean Gabin. Car oui l’homme ne susurrait pas que des « T’as de beau yeux tu sais  » dans ses films.

Les réalisateurs, eux aussi, sont parfois d’une rare excentricité, à la limite de la tyrannie pour certains. Ceux qui ont tourné sous la direction de Jean-Pierre Mocky vous le diront. Outre ses idées de films farfelues (il voulait tourner un western avec Johnny Hallyday et Eddy Mitchell), l’homme pouvait se montrer odieux sur les plateaux de tournage. Hurlant et traitant de cons ses acteurs fétiches et son équipe. Mais ceux-ci n’étaient pas dupes, ils savaient que Jean Pierre Mocky n’était pas un mauvais bougre, c’était juste un original parfois malpoli.

Si vous aimez le cinéma sans pour autant être un cinéphile pur et dur. Si sans rougir, vous osez avouer avoir vu au moins sept fois la Septième Compagnie et ses suites, vous apprécierez sans nul doute la lecture de ce bouquin auquel on ne peut que reprocher sa brièveté. L’occasion de lancer un appel à son auteur. Mr Philippe Lombard, écrivez un tome 2 s’il vous plaît !

Titre : Ça tourne mal !

Sous-titre : L’histoire méconnue et tumultueuse du cinéma français

Auteur : Philippe Lombard

Genre : Humour

Éditeur : La Tengo Editions

Nbr de pages : 168

Date de sortie : 13/11/2019

Prix : 22€