Grâce à une belle initiative de deux passionnés, le Delta Manga Club a vu le jour. Entre atelier dessin et partage autour de la bande dessinée asiatique, Philippe et Amélie font découvrir cette culture aux adolescents.
J’ai rencontré au Delta (ancienne maison de la culture de Namur) deux passionnés de mangas. Philippe a le rôle d’animateur et spécialiste du manga tandis qu’Amélie coordonne et encadre l’atelier dessin. Leur binôme fonctionne à merveille et les ados (où les adultes comme moi) se sentent à l’aise et sont très bien conseillés.
Le Club se réunit pour l’instant, une fois par mois, et est entièrement gratuit. Si le concept plaît et que le nombre de participants se maintient, il devrait passer à une fois semaine. Le principe de « l’atelier » est à la fois simple et ambitieux. Tous les mois, un thème différent est abordé. Ce qui permet d’ouvrir le dialogue sur des phénomènes de société, les discriminations ou sur les relations humaines. Lors de ma visite, le mercredi 23 octobre étant proche d’Halloween, les albums étaient basés sur les récits horrifiques. Morts-vivants, esprits malins et autres revenants avaient la cote.
L’atelier accueillant des ados jusqu’à 18 ans, il leur faut des albums abordables pour tous les âges et, pour ce faire, notre duo pioche dans la bibliothèque centrale de Namur, à Naninne. En effet, le réseau namurois possède une grande collection de mangas. Les participants sont accueillis par les animateurs et chaque enfants s’installe comme il le souhaite (presque comme à la maison); soit à une table pour les dessins ou dans un des transats pour lire (oui, des transats, et je peux dire qu’on y est bien installé pour lire nos mangas préférés, je les ai testés). Le choix est fait en amont, lors de la préparation du thème abordé lors de la séance, mais n’est pas figé. Si un ado a envie de lire telle ou telle référence, pour le mois suivant, elle sera mise à sa disposition.
Le dessin, c’est Amélie qui s’en charge. Ayant suivi un cursus en art, elle a toutes les bases requises pour apprendre le dessin bien spécifique de la bande dessinée asiatique. Il y a des manuels, des crayons, des marqueurs à disposition des enfants. Amélie distille ses connaissance de manière très naturelle. Pour ce qui est des échanges et des retours face à une lecture, Philippe, qui dispose d’une belle connaissance dans le genre, prends le relais. Parlant avec aisance et avec beaucoup de termes propres à ce genre de littérature, il s’impose comme « la référence » auprès des jeunes. Il parvient par son approche à faire découvrir d’autres oeuvres du même dessinateur ou une série proche de ce que les enfants lisent. Et c’est à ce moment que les échanges sont les plus riches. Les apprentis peuvent ainsi voir les différences de qualité graphique d’un manga à un autre ou voir comment le mangaka a évolué durant sa série.
Mais notre duo ne veut pas s’arrêter là. Parfois en avance sur la bande dessinée européenne, le manga permet d’exprimer certaines déviances comportementales plus facilement. Que ce soit sur la violence, le harcèlement ou sur l’homophobie, il y a toujours des mangas qui en parlent. Par ce biais, ils voudraient sensibiliser les jeunes à accepter les différences.
Par ce genre d’initiative, on se rend vite compte que ce genre de « club » peut promouvoir des valeurs universelles à nos charmantes petites têtes blondes mais aussi que le manga et la bande dessinée en générale ne sont pas uniquement réservés aux enfants mais peuvent aussi véhiculer des messages politiques ou faire changer les mentalités. Merci pour cette implication citoyenne et pour votre implication. Il y a trois règles à respecter pour faire partie du club: 1.On doit parler du club! 2. On doit parler du club et 3. on doit…non je plaisante. Longue vie au Delta Manga Club!
Je terminerai par les paroles de Philippe et d’Amélie : « …le manga permet une ouverture sur les choses de la vie… ».