Au coin de la rue ou dans le métro, Bob, il s’appelle Bob! Enfin, vu sa propension à dégueuler aussi vite qu’il ingurgite, Jason Little a tôt fait de l’appeler Borb. Après tout, vaut mieux ça que de ne pas être appelé, déjà que ça fait belle lurette qu’il n’a plus d’abri et que la ville est sa nuit, Borb. Fruit d’une société majoritairement individualiste, qui regarde toujours devant elle au risque de trébucher dans les plus démunis qui jonchent ses trottoirs.

Résumé de l’éditeur : Borb est un clochard, un clodo, une épave, un SDF, un mendiant, un crève-la-faim… bref, un déchet de la société. Borb, c’est aussi notre fils, notre cousin, notre frère en humanité. Borb, c’est cette réalité qu’on ne veut pas voir et que Jason Little nous envoie en pleine face. À travers une succession de strips mordants, l’auteur nous dépeint le quotidien de ce sans-abri dans une comédie douce-amère, à la fois touchante et hilarante. Le comique de situation, parfois quasi-muet, y est bienveillant et fait toute la force du livre : ce portrait poignant offre une représentation de la misère dotée d’un savant mélange d’humour grinçant et de gravité. New York en est le décorum, la misère répond à certains standards américains, mais l’universalité de ce conte tragique la rend transposable n’importe où en occident.

Sorte de Charlot gore et crash, Borb à des airs de Tondu (sans Tif), une chevelure hirsute qui ne va pas s’arranger. Car Jason Little emmène son personnage qui schlingue plus qu’il ne swingue dans un inénarrable et morbide quotidien, démissionné et absurde, qui se révèle être le pire du prie de ce qui pourrait lui arriver.

Grotesque et outrancier mais en même temps raccord à son personnage qui ne veut pas s’aider parce que personne ne veut l’aider, Little le pousse toujours plus dans les embûches. En préface, on comprend que sous le couvert de l’humour, l’auteur à voulu sensibiliser à la cause des gens de la rue…

En réalité, il le fait avec ce qui peut s’apparenter à un je-m-en-foutisme moqueur qui est en réalité une provocation enragée et jusqu’au-boutiste face à l’indifférence du peuple face à ce genre d’individus déchus. Pour autant, Little n’évite pas certaines maladresses et ne propose pas de solutions. On a souri quelques fois et rougi de honte beaucoup plus souvent. L’auteur affirme par le trash l’existence de ces gens qui restent humains avant tout et ont droit eux aussi à un peu de reconnaissance.

Récit complet
Scénario et dessin : Jason Little
Noir et blanc
Genre : Chronique Sociale, Humour noir
Éditeur : Glénat
Collection : Glénaarg!
Nbre de pages : 80
Prix : 12,75€
Date de sortie : le 11/09/2019